MICI : parlons-en !

Publié par Jean Montelriny
le 12/11/2010
Maj le
5 minutes
Autre
Les Maladies Inflammatoires Chroniques Intestinales ou MICI, dont la plus fréquente est la maladie de Crohn, impactent profondément la qualité de vie des patients. Quand suspecter une MICI, quels en sont les conséquences et les traitements ? Côté Santé lève les tabous…

En France, près de 200 000 personnes souffrent de Maladies Inflammatoires Chroniques Intestinales ou MICI. Elles débutent souvent chez le jeune adulte, entre 20 et 30 ans. Les MICI évoluent par poussées (ou crises) plus ou moins longues. Elles se manifestent généralement par de la fièvre, des diarrhées chroniques, des crampes et douleurs abdominales, une perte de poids, un saignement rectal, des envies impérieuses… Pas facile face à ces symptômes intimes de parler de ses souffrances !

Les MICI : des maladies taboues

En effet, outre les douleurs physiques, les MICI sont souvent vécues dans le silence et la solitude. «Difficile d’imposer cette maladie à ses proches. Ce sont des moments où l’on a envie de ne voir personne et surtout pas de parler de soi ! Parler de quoi ? De la fatigue, des douleurs, de la fièvre, de mes diarrhées… pas glamour !», confie Julie, 23 ans, atteinte d’une MICI. «Lors des poussées, les patients se cloîtrent chez eux ou ne sortent que pour de très courtes durées. Pas de promenade, pas de courses, pas d’aire de jeux avec son enfant… La plupart vivent dans l’anticipation constante de leurs trajets pour ne pas être en panne de toilettes», décrit Yoram Bouhnik, chef du service gastro-entérologie et assistance nutritive de l’hôpital Beaujon (Paris).

Diarrhées chroniques : pas forcément synonymes de MICI

Pas de panique, si vous êtes fréquemment sujette aux diarrhées, vous n’êtes pas forcément atteinte d’une MICI. En effet, la plupart des diarrhées sont dites fonctionnelles, c'est-à-dire qu’elles sont causées par des troubles émotionnels, par l’alimentation… Les diarrhées peuvent aussi être infectieuses (gastro-entérites…). En revanche, les MICI sont des maladies inflammatoires. L’inflammation de la paroi d’une partie du tube digestif est liée à une hyperactivité du système immunitaire digestif. Les défenses de l’organisme se dirigent alors contre la flore bactérienne qui assure naturellement une partie de la digestion. La réaction inappropriée de l’immunité à leur encontre provoque des lésions destructrices du tube digestif.

Des signes évocateurs de MICI

Certains symptômes portent les stigmates d’une MICI. Des douleurs abdominales nocturnes, la présence de sang dans les selles et l’amaigrissement sans modification de l’appétit peuvent faire suspecter une MICI. De plus, l’apparition brutale de ces symptômes, sans passé digestif, doit mettre la puce à l’oreille. Les MICI s’accompagnent aussi souvent de douleurs articulaires, survenant même au repos. Parfois, des manifestations cutanées (lésions) et oculaires apparaissent aussi.

Les examens des MICI

Afin de diagnostiquer de façon sûre une MICI, le gastroentérologue prescrira tout d’abord une prise de sang pour rechercher des signes d'inflammation ou d'anémie (baisse du nombre de globules rouges). Ensuite, il procédera à une endoscopie du colon. Sous anesthésie générale, une caméra miniature est introduite par l’anus pour observer la paroi intestinale. Dans le même temps, des biopsies ou prélèvements de tissus sont réalisées. En cas de MICI, l’endoscopie détecte les ulcérations (plaies) éventuelles du tube digestif. L’analyse des tissus confirmera ou non le caractère inflammatoire de la maladie.

Deux grandes MICI différentes

Les deux principales MICI sont la maladie de Crohn et la rectocolite hémorragique. La maladie de Crohn atteint n’importe quel segment du tube digestif, de la bouche à l’anus. Elle peut toucher simplement la superficie de la paroi intestinale ou toute son épaisseur. Dans ce dernier cas, elle provoque alors un rétrécissement de l’intestin, des douleurs abdominales, des difficultés à l’évacuation des gaz, voire la dangereuse occlusion (interruption du transit). En revanche, la rectocolite hémorragique n’atteint que le rectum et le colon. De plus, seule la superficie de la paroi (la muqueuse) est touchée. Elle provoque des saignements dans les selles, des envies impérieuses et des douleurs abdominales.

MICI : causes multiples…

Les MICI ne sont ni héréditaires, ni contagieuses. On peut parler néanmoins d’un terrain génétique favorisant la survenue de ces pathologies. D’ailleurs, elles sont plus fréquentes quand un parent au premier degré est atteint. En revanche, d’autres facteurs interviennent. Par exemple, une crise d’appendicite pendant l’enfance réduit de deux tiers le risque d’avoir une rectocolite hémorragique, sans que l’on sache vraiment pourquoi… Inversement, le tabagisme est un facteur favorisant nettement la maladie de Crohn.

MICI : maladies des pays développés

La survenue des MICI est aussi associée au mode de vie des pays industrialisés, notamment à l’alimentation. Mais, il est difficile aujourd’hui de connaître précisément les éléments de notre environnement qui sont incriminés. De même, les MICI sont rares dans les pays où il y a de nombreuses infections parasitaires. Leur nombre baisse aussi quand l’enfance se déroule au contact d’animaux, dans un environnement moins aseptisé qu’au sein des villes. Il semblerait donc que la rencontre avec des agents infectieux durant l’enfance soit capitale pour une bonne maturation du système immunitaire. Si cette rencontre survient tardivement à l’âge adulte, la réponse immunitaire n’est plus adéquate, notamment dans le tube digestif.

Des traitements qui s’améliorent !

Jusqu’en l’an 2000, les gastroentérologues ne disposaient, pour traiter les MICI, que de trois types de traitements : les anti-inflammatoires intestinaux, les corticoïdes et des immunosuppresseurs, qui modifient le comportement de l’immunité pour mieux tolérer l’agression. Mais depuis 10 ans, les patients bénéficient des anti-TNF, à savoir l’Infliximab® et l’Adalimumab®. Ces deux médicaments sont efficaces pour contrôler les épisodes de poussées des MICI et pour éviter les récidives. Et surtout, ils permettent de cicatriser les lésions. D’autres molécules spécifiques de l’inflammation du tube digestif sont à l’étude et seront disponibles dans les prochaines années. La recherche doit continuer ! En attendant, il faut briser le silence sur les MICI, parce qu'en parler, c'est déjà les combattre.

Sources

Côté Santé.

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