Mesdames, dorlotez votre coeur pour diminuer votre risque cardiovasculaire

Publié par Laura Houeix
le 24/11/2011
Maj le
8 minutes
médecin examinant une femme avec un stéthoscope
getty
Aujourd’hui, les maladies cardiovasculaires sont aussi fréquentes chez les femmes que chez les hommes. Sédentarité, contraception orale, tabagisme, mauvaise alimentation, le cœur et les artères des femmes sont mis à rude épreuve. Pourtant, quelques changements de mode de vie peuvent permettre de diminuer ces risques. Un an après le sevrage tabagique, le risque cardiovasculaire diminue de moitié.

Les maladies cardiovasculaires, premières causes de mortalité féminine

Jusque-là considérées comme des pathologies essentiellement masculines, les maladies cardiovasculaires sont à l’origine du décès de 8,5 millions de femmes chaque année. Elles sont la première cause de mortalité féminine, comptant pour un tiers de tous les décès.

Dans les pays en voie de développement, la moitié des femmes de plus de 50 ans meurent de maladies cardiaques ou d’accidents vasculaires cérébraux. Pourtant les femmes craignent d’avantage le cancer, notamment le cancer du sein, alors même que les maladies cardiovasculaires et le risque de mortalité sont plus importants.

Après la ménopause, les femmes perdent la protection naturelle qu’offrent leurs hormones, elles sont donc touchées plus tardivement que les hommes mais aussi, bien souvent, plus durement. Et c’est sans compter sur les changements de mode de vie, qui agissent aussi comme des facteurs de risques sur le cœur des femmes.

Le tabagisme : un risque majeur pour les maladies cardiovasculaires

En première ligne, le tabagisme constitue le risque majeur pour les maladies cardiovasculaires et les accidents vasculaires cérébraux.

Pour les femmes, le risque d’infarctus est multiplié par 1,7 en cas de consommation tabagique modérée et par quatre pour les grandes fumeuses. Les AVC sont également plus susceptibles de survenir chez les fumeuses que chez les non-fumeuses. L’oxyde de carbone remplace l’oxygène transporté dans le sang et favorise les dépôts de cholestérol sur la paroi des artères. La nicotine augmente la tension artérielle, fait baisser le bon cholestérol et favorise la formation de caillots.

Si ce facteur de risque est partagé entre hommes et femmes, l’association pilule-cigarette devient un véritable danger, qui entraîne une multiplication par dix du risque de thrombose. Si les pilules et les contraceptifs de troisième génération ont permis de réduire ce risque, la contraception oestroprogestative combinée à la cigarette forme toujours un couple explosif ! «Depuis une trentaine d’années, le nombre de fumeuses a augmenté et les femmes commencent généralement à fumer plus jeunes que les hommes, explique le professeur Geneviève Derumeaux, cardiologue et présidente de la Société française de cardiologie. Vécu comme un facteur d’émancipation, le tabagisme répond aussi à des modes de vie favorisant le stress, où les femmes doivent mener de front vie professionnelle et vie familiale.»

Autre facteur de risque pour le coeur

Le diabète, la ménopause, l'obésité, la sédenrarité, l'alimentation, l'hypertension...

Les femmes diabétiques ont un risque cardiovasculaire multiplié par huit par rapport à une femme non-diabétique, alors qu’il est multiplié par trois chez les hommes.

Les recherches ont également mis en évidence le rôle majeur du manque d’estrogènes qui survient après la ménopause. Ainsi, les femmes victimes d’une ménopause précoce ont davantage de risques que celles ayant une ménopause naturelle ou tardive.

La sédentarité, l’obésité et une alimentation déséquilibrée sont aussi en cause dans la plupart des maladies cardiovasculaires.

L’hypertension est en effet plus importante chez les personnes obèses. La graisse se dépose plus facilement sur les parois des artères, augmentant ainsi le risque d’infarctus, d’angine de poitrine et de thrombose. «Le manque d’exercices physique est avéré, chez les hommes comme chez les femmes, commente le professeur Geneviève Derumeaux. Pour exemple, le résultat d’une étude réalisée dans un village en Bretagne où l’on constate que, là où les habitants avaient pour habitude, il y a 20 ans, de parcourir près de 9 kilomètres à pied par jour, aujourd’hui, ils ne parcourent plus que 300 mètres à pied en moyenne sur une journée.»

Des symptômes de maladies cardiovasculaires différents

Les symptômes classiques (douleur thoracique et pesanteur qui serrent derrière le sternum et se propagent dans le bras gauche ou dans la mâchoire…) sont moins souvent présents chez la femme. Les manifestations étant plus atypiques, les victimes minimisent souvent l’urgence de la situation. «On note fréquemment un retard dans la prise en charge des symptômes de maladies cardiovasculaires chez les femmes, constate le professeur Geneviève Derumeaux. Cela peut s’expliquer par l’expression de ces symptômes qui est différente de celle des hommes. Les femmes ressentiront d’avantage des douleurs épigastriques ou des angoisses qui peuvent confondre le diagnostic.»

Il arrive également que la femme atteinte d’une maladie du cœur ne soit pas prise au sérieux. Dans ce cas, elle ne reçoit donc pas les examens et les soins appropriés, la prise en charge tardive augmente alors le risque de conséquences sévères.

De plus, certains des examens et des soins pratiqués pour une crise cardiaque peuvent ne pas être aussi efficaces chez la femme que chez l’homme.

Même si les symptômes restent plus difficiles à identifier chez les femmes, certains sont récurrents. Les femmes touchées par une crise cardiaque peuvent ainsi ressentir un serrement et une douleur au niveau de la poitrine qui peut s’étendre jusque dans le cou, les mâchoires et les épaules ; des brûlures d’estomac, des nausées, de la difficulté à respirer, une pâleur et des angoisses. Ces différents symptômes peuvent apparaître puis disparaître spontanément. Une femme victime d’une crise cardiaque peut présenter quelques-uns de ces symptômes alors qu’une autre peut tous les ressentir en même temps.

Risques cardiovasculaires : une prise de conscience nécessaire

La Fédération française de cardiologie a mené une enquête sur les connaissances des troubles cardiovasculaires des Françaises. La moitié des femmes interrogées cite l’infarctus et la crise cardiaque, mais une sur dix seulement évoque l’accident vasculaire cérébral, pourtant plus mortel chez la femme que chez l’homme et entraînant de lourds handicaps.

L’étude révèle également que peu de femmes sont conscientes des risques cardiovasculaires qui leur sont propres. Alors qu’une Française sur cinq présente au moins trois facteurs de risque (parmi lesquels le surpoids, un excès de cholestérol, une hypertension, un tabagisme ou une trop grande sédentarité), seuls 9 % estiment présenter un risque élevé.

Près d’une femme sur deux n’ont jamais parlé de ce sujet avec leur médecin. «La première étape est évidemment la prise de conscience, ajoute le Professeur Derumeaux. Il s’agit alors de lister les facteurs de risques qui exposent la patiente. La deuxième étape, si les facteurs de risques sont avérés, est d’encourager la patiente à devenir actrice de l’amélioration de son mode de vie. La correction des f acteurs de risques est une étape indispensable, voire vitale, pour prévenir un accident. Après un accident cardiovasculaire, la correction des facteurs de risque est incontournable aux côtés des traitements médicamenteux.»

Mieux vaut prévenir les risques de maladies cardiovasculaires

Au delà de l’hérédité, les principaux facteurs de risques des maladies cardiovasculaires peuvent être modifiés et la prévention reste sans aucun doute la clé de la lutte contre ces accidents. Le cholestérol, l’hypertension artérielle, le tabac, le surpoids et la sédentarité sont autant de facteurs sur lesquels il est possible d’agir. «Beaucoup de campagnes de prévention existent actuellement pour sensibiliser aux risques de maladies cardiovasculaire : lutte contre le tabagisme, ne pas manger trop gras, trop sucré, trop salé..., note le Professeur Derumeaux.

Mais ces recommandations n’ont pas encore la même visibilité que celles liées au cancer par exemple. Il s’agit là d’une sensibilisation sur les modes de vie qui demande une remise en question et un choix de la part de la population à risque.» S’abstenir de fumer est de loin la mesure la plus efficace pour diminuer les risques de crises cardiaques. Dès l’arrêt du tabac, le risque cardiovasculaire est considérablement réduit dans les deux années qui suivent. Selon l’Organisation Mondiale de la santé (OMS), un an après le sevrage, le risque cardiovasculaire diminue de moitié et après 15 ans, il approche celui d’un non-fumeur.

Bouger un peu suffit

La sédentarité, mise en cause dans la survenue de problèmes cardiovasculaires, est aussi modifiable. «Trente à soixante minutes d’exercice par jour sont recommandées pour garder le cœur en forme, poursuit la cardiologue. Sans forcément s’inscrire dans un club de gym, il suffit parfois de laisser la voiture de côté et de marcher plus.»

Atteindre un «poids santé» est tout aussi recommandé. Le risque de crises cardiaques est trois fois plus élevé chez les femmes qui ont un surplus de poids que chez celles qui ont un «poids santé». Une consultation chez un médecin généraliste peut aider à trouver cet équilibre qui pourra également indiquer les aliments sains qui permettent de réduire le taux de cholestérol.

Enfin, et sans doute plus facile à dire qu’à faire, il est important de pouvoir réduire son stress et prendre le temps de se relaxer, malgré les contraintes professionnelles, familiales... que les femmes connaissent avec plus d’acuité encore aujourd’hui. Chez certaines personnes, le stress risque de faire augmenter le taux de cholestérol et la tension artérielle, deux facteurs qui sont associés aux maladies du cœur.

Une idée parmi d’autres, non coûteuse : le rire, qui s’accompagne d’une vasodilatation de l’artère brachiale, tandis qu’inversement, le stress provoque un rétrécissement des artères. L’humour ne dispensant pas d’adopter une hygiène de vie plus «saine» et plus sereine !

Les Journées européennes de la cardiologie

Le rendez-vous est lancé par la Société française de cardiologie du 11 au 14 janvier 2012 pour quatre jours de débats et de sensibilisation, autour du Village de la prévention et de la Maison du Patient (en entrée libre le samedi pour le grand public) autour du thème des maladies cardiovasculaires et des modes de vie.

Du 11 au 14 janvier 2012 au Palais des Congrès de Paris, www.sfcardio.fr

Je surfe sur…

www.fedecardio.com

www.e-cardiologie.com

www.prevention-cardio.com

Sources

Côté Santé

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