Ménopause : les cheveux et la salive, des indices de votre santé mentale

Publié par Emilie Cailleau
le 23/10/2023
Maj le
4 minutes
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Les cheveux et la salive peuvent en dire long sur votre santé. Pendant la période de la ménopause, ces deux éléments pourraient former des signes prédictifs de dépression et de déclin cognitif, selon une étude de l’Université du Colorado, présentée au Congrès 2023 de la Menopause Society.

Le stress est un mécanisme physiologique que le corps met en face pour s’adapter en réaction à ce qu’il considère comme une situation ou un contexte stressant (perte, menace, défi). Cette réponse physiologique est décomposable en trois phases : la phase d’alarme, où l’organisme se prépare à riposter ou à fuir, la phase de résistance (quand la situation stressante persiste) et la phase d’épuisement, si l’exposition au stress se prolonge.

Il est prouvé que le stress rejaillit sur le corps. Par exemple, pendant la phase d’alarme, la fréquence cardiaque et la tension artérielle s’élèvent, ainsi que les niveaux de vigilance et la température corporelle, sous l’effet de la libération des hormones du stress, que sont l’adrénaline et le cortisol.

L’influence exercée par la libération du cortisol (cette hormone qui intervient dans la gestion du stress) sur l’organisme constitue un vaste champ d’exploration scientifique qui n’a pas révélé tous ses secrets.

Stress : les effets du cortisol encore peu connus

Une récente étude de l’Inserm, parue en mai 2023, a notamment montré que le cortisol agissait sur le système nerveux entérique (système digestif), en augmentant la plasticité intestinale. Cette relation complexe entre cette hormone et les fonctions gastro-intestinales serait à même d’expliquer les troubles digestifs observés chez certaines personnes, sous l’effet du stress.

L’élévation du cortisol dans le système endocrinien se répercute sous d’autres aspects dans le corps, qui font l’objet d’investigations de la part des chercheurs. Une équipe de l’Université du Colorado aux Etats-Unis nous en apporte une nouvelle illustration pour le moins étonnante. Ils ont découvert que les niveaux de cortisol dans les cheveux et la salive pourraient être corrélés avec la gravité des symptômes de la dépression et la performance des fonctions cognitives.

Les résultats de leur étude ont été exposés lors de la réunion annuelle de la Menopause Society qui s’est tenue à Philadelphie du 27 au 30 septembre 2023 à Philadelphie (Etats-Unis).

Stress : le cortisol capillaire et salivaire associé à différents troubles mentaux

Les effets délétères à moyen terme d’une exposition à un stress prolongé, continu et aigu (stress chronique) ont été bien documentés :  l’organisme en état d’épuisement devient plus vulnérable et s’expose au risque de développer différents troubles : maux de tête, douleurs musculaires, coliques, angoisse, sensibilité accrue, difficulté à se concentrer et à être attentif, mal-être voire dépression, tristesse, avec ses effets domino sur la santé cardiaque notamment…

Mais jusqu’ici, ces ravages sur la santé mentale et physique n’ont pas été observés à travers le prisme du cortisol… contenu dans les cheveux et la salive. C’est désormais chose faite.

Pour évaluer l’impact du stress sous cette approche originale, les chercheurs américains ont entrepris une étude menée sur un petit panel de 43 participantes en périménopause tardive ou en postménopause précoce.

Une élévation du cortisol dans les cheveux, signe d’une moins bonne mémoire

Les scientifiques ont déterminé le degré de corrélation entre les niveaux de cortisol capillaire et salivaire et la gravité des symptômes de la dépression ainsi que les performances cognitives. Ils ont invité les participantes (toutes en bonne santé) à réaliser des tests de mémoire verbale, d'apprentissage verbal, d'attention et de mémoire de travail.

Les résultats permettent de dresser deux principaux enseignements : d’abord, des niveaux plus élevés de cortisol dans les cheveux étaient significativement associés à de moins bonnes performances cognitives, spécifiquement en matière d'attention et de mémoire de travail.

De surcroît, les tests ont montré qu’un taux de cortisol plus élevé dans la salive était corrélé de manière significative à des symptômes dépressifs plus sévères.

Des travaux utiles pour identifier les femmes à risque de dépression et de déclin cognitif

Ces travaux suggèrent que les marqueurs de l'activation de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien qui mesurent la sécrétion totale de cortisol sur plusieurs mois, c'est-à-dire le cortisol capillaire, sont intimement liés aux performances cognitives dans les tests d’attention et de mémoire de travail.

Les mesures de cortisol plus aigus, à travers le cortisol salivaire, seraient quant à elles, reliées à la gravité des symptômes dépressifs. "Ce travail fournit des preuves initiales reliant l'activation de [cet axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien] à plus long terme à une attention et à une mémoire plus faibles pendant la périménopause, observe le Dr Christina Metcalf, auteur principal de l’étude et professeur adjoint au département de psychiatrie de l'Université du Colorado. La chercheuse envisage de poursuivre ces travaux pour déterminer si la diminution de cet axe peut améliorer les fonctions cognitives comme l’attention et la mémoire.

De son côté, le Dr Stephanie Faubion, directrice médicale de la Menopause Society, estime, dans un communiqué, que cette étude pourra se réveler "utile à l'avenir pour identifier les patients qui présentent un risque plus élevé de dépression et de déclin cognitif".

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