Publié par Dr Philippe Presles
le 6/09/2001
le
7 minutes

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femme avec mal de tête
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On distingue deux sous-groupes de maux de tête : les maux de tête primaires (céphalées primaires) et maux de tête secondaires (céphalées secondaires).Les maux de tête primaires sont le résultat de problèmes biologiques du cerveau, tandis que les maux de tête secondaires accompagnent une maladie sous-jacente, comme une tumeur cérébrale, un anévrisme, une méningite et autres.

Migraine : Comprendre

Parmi les maux de tête primaires, on distingue le mal de tête "ordinaire" (médicalement appelé céphalée de tension) et la migraine.

Femmes migraineuses

Plus de femmes que d’hommes expérimentent la migraine. Cette dernière touche quelque 18 % de la population et trois fois plus de femmes que d'hommes (à cause des fluctuations d'hormones oestrogéniques et des prostaglandines).

Migraine chronique

Dans plus de 90 % des cas, la migraine est chronique. Elle débute à l'adolescence et tend à disparaître naturellement après la cinquantaine, bien qu'on puisse encore en souffrir à 80 ans. Il faut aussi savoir que la migraine peut parfois toucher les enfants.

Crises de migraine

Même si la fréquence de survenue d'une migraine est variable selon les individus et que les périodes de rémission peuvent être très longues, la plupart des migraineux ont de une à six crises par mois. C'est beaucoup, d'autant que la migraine est le type de céphalée le plus douloureux. En effet, une migraine peut rendre malade au point d'empêcher la personne atteinte de poursuivre ses activités normales.

La migraine se manifeste en quatre étapes (qui ne sont pas toujours toutes ressenties par les migraineux) :

1) La phase prémonitoire de la migraine (ou prodrome, vécue par 60 % des migraineux)

  • fringales sucrées ;
  • bâillements répétitifs ;
  • fébrilité ;
  • très grande fatigue ou, au contraire, insomnie ;
  • débute 24 heures avant l'apparition de la douleur.

2) La phase avec aura (touche environ 15 % des gens)

  • troubles visuels (halos de couleur, taches brillantes ou noires, diminution de la vision) ;
  • picotements sur la joue, la langue, les lèvres et/ou la main ;
  • difficulté d'expression de la pensée ou d'articulation ;
  • manque de force dans les bras ou les jambes ;
  • apparaît cinq minutes à une heure avant la douleur.

3) La phase douloureuse

  • douleur de la tête (partout ou en un point bien précis), de modérée à très intense ;
  • douleur parfois intolérable au point d'obliger à s'isoler et à ne pas bouger ;
  • pulsations (impression d'entendre battre son cœur dans sa tête) ou martèlement (impression de coups dans le crâne) lors d'efforts ou de changement de position ;
  • nausées, parfois accompagnées de vomissements ;
  • intolérance au bruit, à la lumière ou aux odeurs ;
  • en l’absence de traitement, peut durer deux heures chez les enfants et adolescents, et de quatre heures à trois jours chez les adultes.

4) La phase "post-ictale" (phase du lendemain, vécue par tous les migraineux, mais à divers degrés d'intensité)

  • fatigue ;
  • ou, au contraire, impression d'aller beaucoup mieux, de "ressusciter" (très rare).

Migraine : Causes

Grâce aux techniques d’imagerie modernes (scanner cérébral notamment), on sait que la migraine résulte d'un désordre chimique, électrique et vasculaire cérébral, qui entraîne une hyperexcitabilité du cerveau et une hyperperception des sens (yeux, nez, peau, oreilles, émotions).

Le cerveau migraineux est donc un cerveau qui est trop excité par certains stimuli, ce qui déclenche une crise. La douleur de la migraine implique des médiateurs chimiques.

Il existe une composante génétique dans la migraine.

De nombreux facteurs peuvent déclencher la survenue d’une crise de migraine :

  • facteurs psycho-émotionnels (stress quotidien ou lié à un événement, anxiété),
  • habitudes de vie (sommeil irrégulier, emploi du temps surchargé, etc.),
  • facteurs environnementaux (humidité, chaleur, changements brusques de température),
  • efforts physiques ou intellectuels,
  • certains aliments.

Les fluctuations hormonales

Chez la femme, les fluctuations hormonales sont susceptibles de déclencher une crise de migraine : puberté, ovulation, menstruations, grossesse, accouchement, problèmes post-partum, préménopause, endométriose.

Des migraines peuvent aussi se manifester au cours des premières semaines qui suivent une prise de contraceptifs oraux ou d'hormones de substitution (hormonothérapie de la ménopause).

Migraine : Conseils pratiques

Se reposer

Dès les premières douleurs, reposez-vous. Si possible, étendez-vous dans le noir, dans un endroit sans bruit où vous ne serez pas dérangé, jusqu'à ce que les médicaments fassent effet.

Appliquer de la glace

De la glace enveloppée dans un linge et appliquée sur la zone douloureuse apporte un certain soulagement.

Ne pas abuser des analgésiques

Il est tout à fait indiqué de prendre de l'aspirine ou du paracétamol pour soulager un mal de tête occasionnel. Il est donc naturel d'être tenté de le faire pour la migraine. Cependant, il faut savoir que le recours fréquent à ces médicaments ne soulage la douleur migraineuse qu'en partie et pendant une courte période. Chez les migraineux, ces substances risquent de modifier le fonctionnement de certains réseaux du cerveau, et de provoquer des "céphalées médicamenteuses". Si vous souffrez de migraine, consultez votre médecin pour bénéficier de médicaments spécifiques.

Identifier les facteurs déclenchants

Tenez un agenda sur lequel vous notez les dates et les horaires de vos crises de migraine, les circonstances d’apparition et tous les autres facteurs qui auraient pu les provoquer : alimentation, activités, stress, facteurs environnementaux (température, bruit…), etc. Cela vous permettra de trouver des moyens de prévenir vos crises.

Mener une vie équilibrée

Adoptez une alimentation saine, faites des exercices quotidiens non violents (comme la marche) et apprenez à gérer le stress quotidien (techniques de relaxation, activités de loisir, etc.).

Essayer les médecines douces

L'acupuncture, l’hypnose, la relaxation, les massages sont des techniques qui peuvent soulager les migraineux.

Apprendre à connaître la maladie

Renseignez-vous sur la migraine. Plus vous connaîtrez cette maladie chronique, mieux vous pourrez la surmonter.

Attention aux médicaments hormonaux

Certaines femmes qui commencent à prendre la pilule contraceptive ou à suivre une hormonothérapie risquent de souffrir de migraines pour la première fois de leur vie (surtout en cas de migraine dans l'histoire familiale) ou de voir leur migraine habituelle s'accentuer. Parlez-en à votre médecin.

Migraine : Quand consulter ?

  • Le mal de tête est si douloureux qu'il nuit à votre qualité de vie et à vos activités quotidiennes.
  • Vous avez des céphalées à répétition.
  • Vous êtes enceinte et souffrez de migraine.
  • Vous songez à prendre la pilule contraceptive ou à suivre une hormonothérapie. De plus, des antécédents de migraine sont connus dans votre famille.
  • Vous êtes traitée pour la migraine et vous planifiez une grossesse.
  • Les médicaments qu'on vous a prescrits n'apportent guère d'amélioration.
  • Les effets secondaires de ces médicaments vous empêchent de fonctionner (somnolence, nausée, etc.).

Migraine : Examens

Le médecin vous interroge minutieusement sur vos maux de tête, vos antécédents familiaux, vos habitudes de vie et les médicaments utilisés. Un examen complet est aussi requis afin, notamment, d'éliminer toute possibilité de maladie sous-jacente. Pour cela, il est parfois nécessaire de recourir à un scanner du cerveau ou à des radiographies du cou et des sinus par exemple. Parfois aussi un bilan ophtalmologique est utile.

Le diagnostic de la migraine

Face à des crises de céphalées qui durent de 4 à 72 heures sans traitement, le diagnostic de migraine est porté si au moins deux des caractéristiques suivantes sont présentes :

  • Douleur unilatérale ;
  • pulsatile ;
  • modérée ou sévère ;
  • aggravée par les activités physiques de routine, telles que montée ou descente d’escaliers.

Par ailleurs, elle s’accompagne souvent de nausées ou vomissements, d’intolérance au bruit (phonophobie) et à la lumière (photophobie).

Enfin, l’examen clinique doit être normal entre les crises.

Migraine : Traitement

Pour soulager la douleur et diminuer le nombre et l'intensité des crises, le médecin peut recourir à différents types de médicaments.

Les maux de tête peuvent être soulagés par des médicaments non spécifiques : antalgiques et/ou anti-inflammatoires. En cas d’inefficacité ou de crises de migraine, il faut rapidement recourir à des médicaments spécifiques (ergot de seigle et dérivés et triptans) pour éviter les migraines dites médicamenteuses.

Les triptans

Ces médicaments de la crise ont révolutionné le traitement des migraines par leur efficacité. Ils agissent directement sur la cause de la migraine et peuvent éliminer entre 75 % et 100 % de la douleur en moins de deux heures, ce qui permet au migraineux de retrouver toutes ses capacités pour le restant de la journée.

Les triptans sont spécifiques à la migraine, c'est-à-dire qu'ils n'agissent pas sur d'autres types de douleur (mal de dent, otite, fracture, etc.). Ils réduisent la dilatation des vaisseaux sanguins du cerveau, ce qui diminue la douleur.

Attention : le traitement de la migraine demande plus de précautions chez les personnes de plus de 40 ans qui souffrent de troubles vasculaires, d'hypertension, de diabète ou d'hypercholestérolémie. Chez ces patients, qui ont souvent des artères malades, certains médicaments spécifiques (comme les triptans) peuvent parfois avoir un effet vasoconstricteur contre-indiqué (contractions des vaisseaux sanguins). Un examen médical minutieux s'impose pour prescrire la bonne catégorie de médicaments.

Le traitement de fond

Selon l’intensité, la fréquence des crises de migraine et le handicap, le médecin prescrit un traitement de fond préventif. Parmi les médicaments proposés, citons notamment les bêtabloquants et les antagonistes de la sérotonine. L'utilisation des triptans ou des anti-inflammatoires demeure indiquée pour les périodes de crise.

En cas de migraines liées aux menstruations, un traitement hormonal peut se révéler efficace.

Chez l’enfant, le traitement de fond n’est proposé qu’après l’échec des traitements de crises et pour limiter les effets indésirables liés aux médicaments de crises.

Sources

Guide familial des maladies publié sous la direction du Dr André H. Dandavino - Copyright Rogers Média, 2001. Ameli-sante.fr, http://www.ameli-sante.fr/migraines/les-soins-en-cas-de-migraine.html.
Prise en charge diagnostique et thérapeutique de la migraine chez l’adulte et chez l’enfant : aspects cliniques et économiques, Synthèse des recommandations, HAS.