Maladie d'Alzheimer : le point sur les médicaments actuels

Publié par Dr Stéphanie Lehmann
le 12/02/2003
Maj le
4 minutes
Autre
La maladie d'Alzheimer est une affection neurologique chronique altérant irrémédiablement les fonctions intellectuelles. Reconnue comme étant la 4e cause de mortalité dans les pays occidentaux, il n'existe pas à ce jour de traitement permettant la guérison et les enjeux thérapeutiques sont proportionnels à la gravité de ce problème de santé publique.

Pour bien soigner une maladie, il faut d'abord la connaître un peu

La maladie d'Alzheimer a été décrite pour la première fois en 1901 par un médecin allemand qui lui a donné son nom. Ce n'est pourtant que depuis une quinzaine d'années que la connaissance de cette affection et de ses mécanismes, tant biochimiques que génétiques, s'est approfondie. De plus, l'approche clinique s'est uniformisée et a favorisé les échanges entre les médecins du monde entier.

La prévention : un vrai défit thérapeutique

Aujourd'hui, on peut dire que les principaux facteurs de risques sont difficiles à maîtriser (l'âge, la trisomie 21 et des facteurs génétiques). Pourtant, le courant de pensée scientifique laisse supposer que le mode de vie pourrait les modifier positivement. La lutte contre les autres facteurs de risques est donc lancée :

  • l'hypertension artérielle ou le diabète, favorisent la formation de plaques cérébrales dites « plaques amyloïdes », dont l'accumulation accompagne le déclenchement de la maladie ;
  • par ailleurs, un déficit en vitamines (folates, B6 et B12) ou une augmentation de l'homocystéine (qui favorise l'excès de radicaux libres) sont souvent mis en cause.

Aujourd'hui, on peut dire que les principaux facteurs de risques sont difficiles à maîtriser (l'âge, la trisomie 21 et des facteurs génétiques). Pourtant, le courant de pensée scientifique laisse supposer que le mode de vie pourrait les modifier positivement.La lutte contre les autres facteurs de risques est donc lancée :

Le traitement spécifique : une course contre la montre

On ne comprend pas suffisamment les causes de la maladie. Par contre, on commence à mieux en connaître les conséquences biochimiques. Nous disposons de deux classes de médicaments spécifiques représentées par les inhibiteurs de la cholinestérase (I-AchE), qui permettent une action efficace sur le plan cérébral. Il est important de les prescrire suffisamment tôt pour obtenir la meilleure réponse possible. On sait malheureusement que beaucoup de diagnostics de maladie d'Alzheimer sont posés trop tardivement. Ce traitement permet d'obtenir une amélioration transitoire des déficits, mais parfois seule une période de stabilisation est obtenue. Dans l'ensemble bien toléré, il peut entraîner des troubles digestifs. Le problème, vient de l'épuisement de son effet thérapeutique au bout d'un à deux ans. Néanmoins, les praticiens s'accordent de plus en plus pour ne pas interrompre le traitement, même en phase très avancée de la maladie. La mémantine (antiglutamate), une molécule dont le mode d'action est différent de celui des I-AChE, est également utilisée pour ralentir l'évolution de la maladie, notamment aux stades les plus sévères.

Troubles du comportement : l'intérêt d'une prise en charge sur mesure

Les troubles du comportement font partie intégrante des signes de la maladie d'Alzheimer. Ils peuvent être à eux seuls des facteurs d'entrée en institution et leur impact sur l'entourage (familial ou professionnel) peut être dévastateur.

En cas d'agitation

Avant de traiter, il faut avoir éliminé une cause curable d'installation ou de majoration de ces troubles (intolérance à certains médicaments, autre pathologie). De même certaines mesures très simples, comme la prise en charge psychologique, l'adaptation de l'environnement (endroit calme, lumière douce, entourage bienveillant), peuvent parfois éviter certaines prescriptions lourdes. Quand un traitement est nécessaire, beaucoup de classes thérapeutiques sont à la disposition du médecin. Néanmoins, celui-ci ne peut rien faire sans l'aide de l'entourage du patient, qui rendra compte au fur et à mesure de l'évolution, des bénéfices et des effets secondaires de chaque médication. Il n'est pas rare de devoir s'adapter continuellement à chaque malade. De principe, il ne sera prescrit qu'un médicament à la fois et à la plus faible dose possible. La plupart des patients sont, rappelons-le, des personnes âgées, souvent fragiles.Les médicaments utilisés sont les benzodiazépines, certains antidépresseurs et éventuellement les neuroleptiques. Les I-AchE ont des effets préventifs sur ce type de problèmes.

En cas de dépression ou d'anxiété

C'est très prudemment que certains anxiolytiques seront proposés. Parmi les antidépresseurs, les IRS (Inhibiteurs de la Recapture de la Sérotonine) sont choisis en priorité.

Les traitements du futur

Les progrès dans le domaine de la génétique ouvrent de nouvelles voies d'exploration. Mais la plupart des travaux en sont encore au stade des recherches fondamentales ou de l'expérimentation animale. Tout à fait récemment, les médias ont rapporté de grands espoirs thérapeutiques. De façon extrêmement schématique, une substance a été administrée pour éviter la formation de plaques anormales dans le cerveau. Mais en 2001, les essais sur l'homme ont dû être interrompus en raison d'effets secondaires très graves. Il est donc encore prématuré de savoir si un « vaccin » sera possible un jour.

En conclusion

La maladie d'Alzheimer découle d'une accumulation de facteurs de dysfonctionnement associée à une dégradation au niveau des cellules cérébrales. On connaît aujourd'hui beaucoup plus les conséquences de ces anomalies que leurs causes. C'est pourquoi il n'y a pas de réponse médicamenteuse unique possible, ce qui laisse de multiples pistes à explorer encore. Les progrès en médecine sont pourtant incontestables. Ils justifient l'urgence du dépistage, du diagnostic et de la prise en charge des symptômes.

Sources

Bakchine S., Doe de Mandreville A., Les médicaments de la maladie d'Alzheimer. Santé Mentale, 67 : 23-30, 2002.

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