Maladie d'Alzheimer : la mémoire qui flanche

Publié par Dr Renaud Guichard
le 2/07/2001
Maj le
3 minutes
Autre
Monsieur Jean a 72 ans. Tout à l'heure vous étiez en pleine discussion avec lui sur l'évolution des partis politiques en France ces 20 dernières années. Il rentre dans un appartement mais il ne reconnaît pas cet appartement. Où se trouvent la cuisine, les toilettes ? Monsieur Jean est bien chez lui, mais il a la maladie d'Alzheimer.

Il y a un siècle déjà

Lorsqu'au début du XXème siècle Aloysius Alzheimer décrit une maladie neurologique qui altère les fonctions cognitives et la mémoire, il n'a aucun succès. On est alors à Vienne en pleine gloire de la psychanalyse naissante. Près d'un siècle plus tard, avec le vieillissement de la population on prend conscience du prix de cette maladie qui touche en France 250.000 nouvelles personnes chaque année.

De quoi s'agit-il exactement ?

Il s'agit de ce qu'on appelle une maladie neuro-dégénérative, au même titre que la maladie de Parkinson ou la sclérose en plaques, qui détruit progressivement certains neurones. Dans la maladie d'Alzheimer, cette dégénérescence neuronale est due à des dépôts de substances protéiques sur la surface et à l'intérieur des neurones. Les zones de la mémoire (hippocampe) sont touchées en premier, puis le cortex et les zones du savoir. On n'en connaît mal le mécanisme. L'hérédité intervient dans environ 5% des cas. Certains facteurs favorisant comme l'hypertension artérielle ou les problèmes vasculaires ont été identifiés.

Problèmes de mémoire mais pas seulement

« Quel était le Prénom d'Alzheimer ?? C'est comme cela que ça commence ! » Cette blague en forme de devinette exprime assez bien l'image que l'on a de la maladie. On sait en revanche assez peu qu'il existe une altération globale des fonctions cognitives, c'est-à-dire de la mémoire, récente, mais aussi des gestes, de la parole, du jugement, de la volonté d'exécution. Cette altération est progressive et conduit en une quinzaine d'années à la grabatisation et à la mort.

Comment peut-on faire le diagnostic ?

Si on voulait un diagnostic de certitude, il faudrait faire une biopsie du cerveau, ce qui est bien sûr inenvisageable pour des raisons éthiques. On a donc mis au point des tests psycho-moteurs permettant de dépister la maladie et d'établir son degré de gravité. Ces tests permettent également de suivre l'évolution de la maladie. Il n'y a pas d'examens complémentaires en dehors de la recherche d'une autre cause à la détérioration intellectuelle.

Peut-on envisager un traitement ?

Il n'y a pas actuellement de traitement permettant de guérir de la maladie d'Alzheimer mais, certains médicaments comme l'Aricept, l'Excelon et les statines permettent d'en améliorer les symptômes. Le dépistage est également important puisqu'il permet une prise en charge plus précoce et de meilleure qualité par des programmes de rééducation. Les familles ne sont pas oubliées puisque d'une part elles bénéficient d'un soutien psychologique et d'autre part elles sont partie intégrante de la rééducation. Lorsque l'on connaîtra mieux les mécanismes de la maladie, on pourra proposer des traitements permettant d'agir sur les causes de la maladie.

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