Maladie de Crohn : 30 malades pour 100.000 habitants

Il y a actuellement chaque année deux nouveaux cas de maladie de Crohn pour 100 000 habitants, et il existe donc en permanence 20 à 40 personnes malades pour une population de 100 000 habitants. La fréquence de la maladie semble augmenter depuis 20 ans, sans qu'on sache bien l'expliquer. La cause de cette maladie est aujourd'hui encore mystérieuse. Elle a probablement un caractère génétique, et elle est surtout fréquente dans les populations blanches originaires d'Europe ou d'Amérique du Nord.
Une inflammation chronique de l'intestin
Le gros intestin est seul touché dans un petit tiers des cas, le petit intestin dans un autre petit tiers. Dans un gros tiers des cas la maladie touche l'ensemble de l'intestin. Les symptômes sont des maux de ventre (douleurs abdominales), des crampes plus ou moins localisées, des pertes de sang rouge dans les selles (rectorragies) et des diarrhées. Les aliments sont souvent mal absorbés, et les symptômes réduisent l'appétit, si bien que la maladie provoque souvent un amaigrissement important. Les poussées de la maladie peuvent aussi provoquer des symptômes généraux : fièvre, sueurs nocturnes, sensation de malaise ou de fatigue, douleurs des articulations. L'atteinte de l'estomac et du duodénum (première partie de l'intestin) est assez rare (10 % des cas), et peut provoquer des nausées, des vomissements et des douleurs au creux de l'estomac (épigastralgies).
Une diététique adaptée
En fait, la paroi de l'intestin est atteinte par endroits seulement, et les portions de muqueuses forment des taches séparées par de la muqueuse saine, comme une peau de léopard. La muqueuse malade est atteinte dans toute son épaisseur, elle se fissure et s'ulcère, ce qui provoque les saignements. La maladie évolue par poussées, plus ou moins sévères, entrecoupées d'épisodes de calme relatif. Les zones qui ont été malades cicatrisent en devenant fibreuses, ce qui réduit leur capacité à absorber les aliments et provoque parfois un rétrécissement. Une diététique appropriée est essentielle : alimentation pauvre en fibres (légumes et fruits fibreux), notamment en cas de diarrhée, et surveillance des apports en vitamines (souvent diminuées du fait de la malabsorption).
Des traitements par voie locale
Au fil du temps de nombreuses complications émaillent l'évolution de ces malades. Les plus fréquentes sont les occlusions intestinales (dues aux rétrécissements) et les cancers digestifs (notamment du colon), ce qui justifie des examens par endoscopie (colonoscopie) relativement fréquents. Le traitement permet souvent de calmer les symptômes (douleurs, saignements, etc.) mais pas de guérir radicalement la maladie. Ils utilisent essentiellement de la mésalazine en suppositoires ou en lavements et de dérivés de la cortisone, sous forme de lavements ou de mousse rectale, ou si besoin par voie générale (par la bouche ou en injections). Dans certains cas, le traitement par la cortisone doit être permanent. Un patient sur deux est finalement opéré un jour ou l'autre, et une portion plus ou moins importante de l'intestin malade est enlevée en raison de poussées très fréquentes et mal contrôlées par les médicaments, de saignements trop abondants, d'une occlusion intestinale ou d'une menace d'occlusion, d'une suspicion de cancer, etc.) On estime que 50 % des patients opérés doivent subir un jour une seconde opération, et ainsi de suite. Mais au bout du compte, il semble que l'efficacité des traitements locaux (mésalazine et cortisone) et les progrès de la chirurgie ont permis d'augmenter l'espérance de vie des malades atteints de maladie de Crohn qui est à présent peu différente de celle de la population générale.
Sources
Prescrire Rédaction "Budésonide par voie orale. Rien de nouveau pour la maladie de Crohn" Prescrire 2000; 20 (205): 248-251. Hanauer S. B. " Maladies inflammatoires de l'intestin ". In Nennett J.-C. et coll. " Cecil - Traité de médecine interne " - 1ère éd. fra. Flammarion Médecine-Sciences, Paris 1997 : 707-715. " Traitement des maladies inflammatoires de l'intestin ". In " GNP - Encyclopédie pratique du médicament 2000 " Éditions du Vidal°, Paris 1999 616-620.