Mal de dos, ce qui marche vraiment !

Publié par Jean Montelriny
le 15/04/2011
Maj le
11 minutes
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Sciatiques, lombalgies, lumbagos, torticolis, dorsalgies…, les maux de dos ont de multiples causes. En fonction de la douleur et de sa localisation, certaines thérapies sont plus efficaces que d’autres. Comment s’y retrouver ? Suivez le guide…

Sciatique : le nerf à vif…

La sciatique est une douleur qui part de la fesse et descend dans la cuisse, la jambe, voire le pied. La principale cause de sciatique est la hernie discale. Quésako ? Une petite explication anatomique s’impose…

- Qu’est ce qu’une hernie discale ?

Les vertèbres sont séparées les unes des autres par un disque intervertébral, qui joue en fait le rôle d’amortisseur. Chaque disque est constitué d’un anneau fibreux appelé annulus, encerclant un gel riche en eau, baptisé nucléus. Pour diverses raisons (surcharge pondérale, port de charges lourdes, simple vieillissement…), l’annulus peut se déformer, voire se rompre et laisser alors échapper une partie du nucléus : c’est la hernie discale ! Mais d’où provient la douleur ? «La hernie discale libère des substances qui provoquent l’inflammation des racines nerveuses sortant de la moelle épinière. Une vive douleur se ressent alors dans les zones innervées par la racine touchée (jambe, pied..). On parle dans ce cas de sciatique», explique Jean-Yves Maigne, chef du service Médecine Physique à l’Hôtel-Dieu (Paris).

- Comment traite-on la sciatique ?

Pas de panique, dans la très grande majorité des cas, la hernie et la sciatique disparaissent spontanément ! En revanche, cela prend en moyenne… trois mois. Heureusement, pendant ce temps, les traitements vont limiter les conséquences de la hernie. Ils comprennent «des antidouleurs pouvant aller jusqu’à la morphine, des anti-inflammatoires et assez rarement des infiltrations», commente Jean-Yves Maigne. L’ostéopathie intervient seulement quand la douleur a déjà diminué. Elle permet alors d’accélérer la récupération. «Attention à la reprise trop précoce des activités physiques : ne cherchez pas à rattraper le temps perdu et à trop en faire chez vous. Après une hernie discale, bannissez aussi le port de charges lourdes», conseille Jean-Yves Maigne. À l’inverse, un repos trop prolongé au lit retarde la guérison…

- Et l’opération ?

Si une sciatique très douloureuse perdure, il faudra recourir à l’intervention chirurgicale. C’est le cas pour 5 % des sciatiques ! L’opération s’impose aussi en urgence quand la hernie provoque une perte de sensibilité au niveau du périnée, accompagnée d’incontinence et d’impuissance. L’opération consiste à enlever la hernie et à gratter le nucleus du disque intervertébral abîmé, au moyen d’une petite incision pratiquée dans le dos du patient. Les premiers jours suivant l’opération, la sciatique disparaît dans 99 % des cas. Cependant, «au bout d’un an, elle réapparaît chez environ 30 % des patients, accompagnée parfois d’une lombalgie. Ces douleurs sont dues essentiellement au tassement du disque intervertébral, lésé par la hernie et l’opération», explique Pierre Boccara, chirurgien dans une clinique parisienne. Voilà pourquoi les opérations restent peu pratiquées…

J’ai mal au cou…

Les douleurs cervicales, touchant surtout les femmes, peuvent survenir à la suite d’un traumatisme, d’une mauvaise posture ou du vieillissement. Les articulations du cou peuvent être dégradées par l’arthrose dès 30 ans ! La douleur survient surtout lors des mouvements du cou et peut, avec le temps, se propager vers le bras, entre les omoplates ou dans la nuque. Certaines douleurs cervicales proviennent aussi des disques intervertébraux. «Ces petits coussins d’eau et de collagène amortissent les chocs entre chaque vertèbre. Leur lésion (traumatisme, vieillissement…) peut entraîner une compression ou une inflammation douloureuse des nerfs sortant de la moelle épinière», décrit Jean-Yves Maigne. De même, les nombreux ligaments reliant les vertèbres cervicales entre elles peuvent subir des élongations, voire des déchirures très douloureuses. C’est le cas notamment lors d’accidents de voiture provoquant le «coup du lapin». Enfin, en réaction à ces divers problèmes cervicaux, certains muscles vont se contracter et devenir douloureux, comme dans le cas du torticolis.

- Quand consulter ?

La plupart des cervicalgies disparaissent spontanément au bout de deux semaines. Cependant, si la douleur est très forte, si son intensité augmente chaque jour ou si elle irradie vers d’autres régions que le cou, mieux vaut consulter ! Le médecin interroge le patient sur les circonstances d’apparition de la douleur, sur sa localisation exacte, puis il procèdera à une palpation du cou. En général, une radiographie ou une IRM est prescrite uniquement si la douleur irradie vers d’autres membres, après un traumatisme (accident, chute…) ou encore si la douleur persiste malgré les traitements.

- Quels sont les traitements ?

La plupart du temps, le médecin prescrit un antalgique, comme le paracétamol. «En présence d’arthrose, il y associera des anti-inflammatoires. Si la douleur irradie vers le bras, un traitement à base de cortisone pendant 10 à 15 jours s’avère efficace», complète Jean-Yves Maigne. Pour les cervicalgies récentes, le médecin pourra prescrire des exercices musculaires du cou à pratiquer seul et régulièrement. En effet, «les cervicalgies désorganisent vite la bonne coordination des muscles du cou, ce qui prolonge voire accentue la douleur. Des exercices physiques modérés permettent de recoordonner les mouvements des muscles du cou, accélérant ainsi la guérison», ajoute Jean-Yves Maigne. Les thérapies manuelles (chiropraxie, ostéopathie…) s’avèrent aussi efficaces, surtout pour les cervicalgies exemptes d’inflammation. Enfin, des cures régulières d’harpagophytum et de feuilles de cassis protégeront aussi les articulations de votre cou…

Une cure thermale contre l’arthrose

Médecine reconnue, la médecine thermale fait l’unanimité auprès des curistes qui ont eu la chance de bénéficier d’une cure. Encore fallait-il valider scientifiquement les bénéfices des soins thermaux. Ce fut chose faite avec l’étude Thermarthrose dont les résultats probants ont été publiés en juillet 2009. L’établissement thermal de Balaruc-les-Bains, dont les eaux figurent parmi les plus chaudes et les plus minéralisées du Languedoc, a fait partie de l’étude aux côtés de trois autres stations thermales, confirmant ainsi son indication en rhumatologie.

La lombalgie : le plus fréquent des maux de dos…

Les lombalgies désignent les maux du bas du dos. Elles représentent à elles seules plus de 60 % des maux de dos. La posture assise est la plus néfaste pour le bas du dos, car elle comprime la partie avant des disques lombaires. La scoliose (déformation en S de la colonne vertébrale) peut aussi provoquer une lombalgie, du fait de l’étirement ligamentaire et de la fatigue musculaire. Bien sûr, le port de charges lourdes, les sports violents, etc., peuvent aussi déclencher les lombalgies. En revanche, «la persistance des lombalgies semble étroitement liée à des facteurs psychologiques, notamment un état dépressif. De même, des facteurs sociaux comme le repli sur soi, la mauvaise entente au travail ou en famille, une vie professionnelle peu gratifiante… participent au maintien de la douleur», estime Jean-Yves Maigne.

- Lombalgies récentes et chroniques

La plupart des lombalgies sont dues à des lésions des disques ou des ligaments intervertébraux. «Ces lésions guérissent en quelques semaines à l’aide d’anti-inflammatoires. Parfois, des infiltrations sont nécessaires et s’avèrent très efficaces. De même, des séances régulières de massages lents et profonds des lombaires et des hanches apportent un soulagement», explique Jean-Yves Maigne. Cependant, certaines lombalgies persistent et deviennent chroniques (au-delà de deux mois). Dans ce cas, «en plus du traitement anti-inflammatoire, il faudra ajouter de la kinésithérapie pour renforcer la musculation et favoriser la décontraction», précise Jean-Yves Maigne.

Lombalgie : l’aromathérapie à la rescousse !

Des massages réguliers avec des H.E. (Huiles Essentielles) ciblées soulagent lumbagos et lombalgies. Il suffit de diluer cinq gouttes des quatre essences suivantes dans de l'huile d'olive ou de noisette, puis d’oindre et masser les endroits douloureux le long de la colonne vertébrale, au moins deux fois par jour ! Il faut bien sûr trouver une âme charitable pour réaliser les massages… :

- Gaulthérie odorante : vasodilatatrice, cette H.E. détend les muscles et diminue l'inflammation des articulations et des tendons.

- Marjolaine à coquilles : H.E très indiquée contre les crampes et contractures musculaires !

- Immortelle : cette H.E. agit contre les ecchymoses, les hématomes, les varicosités et les œdèmes.

- Eucalyptus citronné : une H.E. anti-inflammatoire, antalgique et antispasmodique.

Le terrible lumbago

Le lumbago survient très brutalement (en quelques minutes), en général suite à un effort mal préparé, notamment le soulèvement de charges lourdes. Le lumbago est une sorte d’entorse d’un disque intervertébral lombaire. La douleur est très intense surtout dans les premières 24 heures. Elle interdit souvent tout mouvement ! «La caractéristique du lumbago est la posture adoptée pour limiter la douleur : le sujet est penché en avant et sur le côté, avec impossibilité de se redresser», décrit Jean-Yves Maigne. Rassurez-vous, le lumbago évolue rapidement de façon favorable. Comment ? «Il faut s’allonger, prendre des antidouleurs, appliquer du froid et… attendre ! La guérison survient en général au bout de 15 jours», résume Jean-Yves Maigne.

Dorsalgies en mauvaises postures !

On parle de dorsalgie lorsque la douleur est localisée au milieu du dos, très souvent entre les omoplates. Les causes posturales sont au premier plan, notamment le dos rond et la tête en avant. Ainsi, les dorsalgies sont très fréquentes en cas de travail sur ordinateur, surtout chez les femmes…

La dorsalgie, très féminine !

En effet, la dorsalgie touche deux fois plus de femmes que d’hommes. D’où provient cette inégalité ? Les douleurs entre les omoplates sont très souvent issues de la nuque ! Or, les dames ont une musculature du cou moins développée que celle des messieurs. Ainsi, «lorsque survient le moindre problème de colonne cervicale, la douleur diffuse rapidement le long des muscles et sera ressentie entre les omoplates», explique Jean-Yves Maigne.

Soigner la dorsalgie

Pour soulager les dorsalgies, il faut éviter de garder trop longtemps la même position avec le dos arrondi. Pour ce faire, «n’hésitez pas à faire des pauses régulières, même au bureau. Des pauses fréquentes et courtes sont plus efficaces que des pauses rares et longues, surtout si elles sont prises avant l'installation de la fatigue. Faites des moulinets avec les bras et les mains. Bougez le cou en petits cercles et étirez le dos, mains vers le plafond», conseille Jean-Yves Maigne. Côté médicaments, les antidouleurs et les décontracturants sont efficaces, mais pas les anti-inflammatoires. Des séances de kinésithérapie permettront le renforcement et la détente musculaire, mais aussi l’amélioration de la posture.

Dorsalgie et tension mentale…

Le surcroît d’activité et le stress augmentent les douleurs dorsales. «Le stress peut même dérégler les voies nerveuses de la douleur, instituant alors des dorsalgies chroniques. Dans ce cas, des petites doses d’antidépresseurs s’avèrent alors beaucoup plus efficaces que les antidouleurs classiques», souligne Jean-Yves Maigne. De même, «une dorsalgie chronique peut aussi être le signe d’une dépression débutante. En effet, la dépression affecte entre autre la sérotonine, impliquée dans la modulation des influx nerveux de la douleur», ajoute Jean-Yves Maigne. Enfin, les tempéraments pessimistes s’accompagnent souvent d’une faiblesse musculaire, pourvoyeuse de dorsalgies. C’est ce que le langage populaire décrit par l’expression «en avoir plein le dos». Dans ce cas, la pratique régulière d’un sport associée à des séances de relaxation atténuera la dorsalgie et peut-être le pessimisme…

Fauteuil de bureau bien réglé : dorsalgie évitée !

Pour éviter les dorsalgies et autres troubles musculo-squelettiques au bureau, il faut veiller à sa position de travail : «Le dossier du fauteuil doit supporter le creux des reins. Les pieds doivent reposer sur le sol ou sur un repose-pied. Le bas du dos doit rester en contact avec le dossier. Le siège doit basculer légèrement vers l’avant afin que les hanches soient un peu plus hautes que les genoux. Les coudes sont près du corps et les avant-bras à l’horizontal, parallèles à la surface du bureau. Quant aux poignets, ils reposent sur le bureau ou mieux, sur un support de clavier», préconise Françoise Vonie, médecin-conseil auprès d’Axa Santé.

Une bonne hygiène de vie pour un dos en pleine forme !

C’est bien connu, mieux vaut prévenir que guérir ! Voici donc quelques conseils pour protéger votre dos de l’usure…

Le renfort musculaire

Beaucoup de maux de dos seraient évités grâce à la pratique régulière d’un sport assurant la musculation des abdominaux et du dos. «La marche à pied est recommandée à ceux qui ont mal en bas du dos. La natation, notamment le dos crawlé, convient à tous, et plus particulièrement en cas de cervicalgies. En gymnastique quotidienne, les traditionnels pédalages et ciseaux sont parfaits si l’on pense à bien lever les jambes pour ne pas accentuer la cambrure lombaire», détaille Jean-Yves Maigne.

Une literie adaptée…

Pour choisir un matelas qui protège le dos, il faut tenir compte du poids du dormeur. «Une personne mince pourra prendre un matelas assez souple. Mais, plus le poids du dormeur est important, plus le matelas devra être ferme, voir dur au delà de 100 kg, afin d’assurer un bon maintien de la colonne vertébrale», conseille Jean-Yves Maigne. Le choix de l’oreiller dépend cette fois de la position favorite du dormeur. Si la position de côté est privilégiée, l’oreiller devra être plutôt épais, pour que le cou reste à l’horizontal. Sur le dos, mieux vaut un oreiller mince. Enfin, dormir sur le ventre n’est pas conseillé, puisque cela impose au cou une torsion prolongée.

Talons hauts ou pas ?

Les talons hauts (plus de 5 cm) augmentent la cambrure lombaire et celle de la nuque. Mieux vaut donc éviter de les porter de façon régulière et prolongée et limiter les talons hauts à des occasions exceptionnelles ! En revanche, des talons de 3 à 5 cm sont bien tolérés au quotidien. Par contre, si le pied est particulièrement creux, les talons hauts pourront améliorer la statique vertébrale et même réduire les douleurs de dos.

Bien porter pour mieux se porter…

Pour ramasser un objet lourd au sol, il faut maintenir au maximum le dos droit. «Placez-vous au-dessus de l’objet à saisir, approchez les deux pieds écartés aussi près que possible et fléchissez les genoux, pas le dos. Au moment de soulever, pensez à contracter les muscles du ventre. Enfin, plaquez l’objet soulevé contre le corps et redressez les genoux», décrit Jean-Yves Maigne. Attention, la plupart des lumbagos surviennent le matin. Laissez donc à votre corps le temps de s’échauffer et de se préparer avant de fournir des efforts importants !

Protégez le dos des enfants !

Contrairement à ce que l’on pense, ce ne sont pas tant les lourds cartables qui favorisent les maux de dos des enfants. «Ce qui est plus dangereux, c’est l’absence de pratique sportive à un âge où le corps a besoin de s’exercer et de travailler les muscles et le squelette», affirme Jean-Yves Maigne.

L’autre facteur de risque est la télévision ! En effet, «les enfants passent trop de temps à la regarder dans une mauvaise position», estime Jean-Yves Maigne. Encore, une fois la télévision a bon dos !

Sources

Côté santé

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