Mâchoire qui craque : comment ne plus être gêné ?

Publié par Audrey Vaugrente
le 30/04/2018
Maj le
5 minutes
dental care and toothache young woman achy girl suffering from terrible tooth pain, touching pressing her cheek by hand palm
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Des claquements, parfois suivis de douleurs, dans les moments les plus inattendus. Avoir une mâchoire qui craque n'est pas inhabituel et se traite plutôt bien. Mais pour cela, il faut se diriger rapidement vers un professionnel de santé. On vous explique.

Votre mâchoire claque au moindre bâillement, à la moindre bouchée trop généreuse ? Vous n'êtes pas seul.e. Ces craquements intempestifs touchent une part non négligeable de la population. "C'est une pathologie qui représente 20 % de mon activité en consultation", chiffre le Dr Pierre-Emmanuel Huguet, chirurgien maxillo-facial à Montpellier (Hérault).

Et les victimes ont un profil varié, à en croire ce spécialiste. "Cela touche à peu près tout le monde, de l'adolescent.e à la personne d'un âge avancé", estime-t-il. Mais ces bruits, parfois accompagnés de douleur, ne sont pas un mal inéluctable. Bien au contraire.

Une mâchoire qui craque peut avoir plusieurs causes. Et à chaque fois, des solutions sont disponibles. Faisons le point.

Consulter un spécialiste au plus vite

La première étape, face à une mâchoire qui craque, est de consulter au plus vite un.e professionnel.le de santé. "Il ne faut pas laisser s'installer un problème de mâchoire, recommande Simon Plinet, ostéopathe à Lyon (Rhône). Plus on laisse traîner, plus on risque de s'habituer au trouble et de voir apparaître des symptômes associés", souligne le directeur général du site REFLEX OSTEO.

A la longue, une pathologie lourde peut se développer : la dysfonction de l'appareil manducateur (DAM, autrefois appelé syndrome de Sadam). "Ce terme regroupe l'ensemble des symptômes en rapport avec la mâchoire : le bruxisme, des maux de tête, des tensions au niveau des cervicales, des acouphènes", liste l'ostéopathe.

Mais pour se traiter avant d'en arriver là, encore faut-il se rendre dans le bon cabinet. La porte du chirurgien maxillo-facial est la première à pousser face à un tel trouble. "Nous faisons la synthèse entre tous les acteurs qui vont intervenir dans sa prise en charge, explique le Dr Huguet. Notre spécialité se situe au carrefour des différentes causes." Et à chacune correspond une prise en charge spécifique.

Plusieurs traitements selon les causes

Le premier objectif de la consultation médicale est d'identifier la cause des craquements et/ou des douleurs : mâchoire mal positionnée, problèmes dentaires, infection…

La chirurgie orthognathique

Trop en avant, trop en arrière, parfois décalée sur le côté… Il arrive que la mâchoire ne soit pas bien placée dans la bouche. En particulier la mandibule. Cela peut occasionner des craquements. "On propose alors une chirurgie orthognathique, qui consiste à remettre l'articulation en position", souligne Pierre-Emmanuel Huguet. Cette opération est souvent réalisée en lien avec un.e orthodontiste, qui peut préparer l'intervention par le port d'un appareil dentaire. Les soins sont donc lourds mais ne laissent pas de cicatrice, et améliorent considérablement la qualité de vie.Les soins dentaires.

Autre cause structurelle possible : des problèmes dentaires. Lorsque des dents sont tombées et n'ont pas été remplacées, cela peut affecter la position de notre mâchoire. La solution est alors très simple."S'il n'y a pas d'anomalie des mâchoires, on travaille avec le chirurgien-dentiste qui remplace les dents tombées", précise le Dr Huguet.

Une solution nécessaire, mais coûteuse : les prothèses représentent une dépense considérable qui n'est pas toujours bien remboursée par l'Assurance maladie et les complémentaires santé. Lutter contre le stress, un facteur important. Mais des craquements de mâchoire ne sont pas forcément dus à des causes mécaniques. Dans certains cas, les troubles articulaires sont la conséquence d'un stress important. Le meilleur exemple : le fameux bruxisme, quand les gens serrent fort les mâchoires ou grincent des dents. "On retrouve souvent ces troubles chez des gens qui sont très stressés, d'un tempérament anxieux avec une hygiène de vie moyenne à mauvaise", reconnaît le Dr Pierre-Emmanuel Huguet.

La kinésithérapie de rééducation

Lorsque les mâchoires sont contractées à l'extrême, au point d'en affecter la santé de l'articulation, des séances de kinésithérapie peuvent être indiquées. "Plusieurs kinésithérapeutes se sont formés à ce trouble spécifique, explique le chirurgien maxillo-facial. Les séances stabilisent les choses tout en soulageant les patients."Si cette prise en charge ne suffit pas, des injections de toxine botulique peuvent être pratiquées en complément. "Elles sont réalisées dans les muscles qui servent à mastiquer. Ils sont en partie paralysés, développe le chirurgien maxillo-facial. Cela ne se voit pas, mais par contre les tensions articulaires sont soulagées."

L'intérêt des médecines douces

Outre les améliorations classiques de l'hygiène de vie (sommeil, alimentation, activité physique), les spécialistes n'hésitent pas à rediriger leurs patient.e.s vers des médecines douces qui les aideront à gérer leurs angoisses.

En la matière, le Dr Huguet se montre plutôt ouvert d'esprit. "L'important, c'est de se montrer proactif dans sa gestion du stress, car cela se répercute directement sur les symptômes et l'évolution de la maladie", souligne-t-il.

L'ostéopathie : un soutien de taille

Dans le domaine paramédical, il n'est d'ailleurs pas rare que les chirurgiens maxillo-faciaux échangent avec des ostéopathes. "J'y suis tout à fait favorable, mais cela ne dispense pas d'un suivi par un.e kinésithérapeute, qui dispose de compétences propres", insiste toutefois Pierre-Emmanuel Huguet.

Simon Plinet confirme l'importance d'échanger avec des professionnels de santé. "La première des choses, c'est d'interroger le patient ou la patiente sur ses antécédents : est-ce qu'il a eu un appareillage orthodontique, un traumatisme… ensuite, l'ostéopathe réalise des tests palpatoires pour repérer les zones en tension et traiter la cause du problème", détaille-t-il.

La prise en charge varie ensuite en fonction des particularités de chacun. "Généralement, l'amélioration est significative à partir de 2 à 3 séances, mais cela dépend de chaque cas", chiffre l'ostéopathe lyonnais.

La chirurgie de remplacement

Il arrive, malheureusement, que la consultation arrive trop tardivement. Sans traitement, la mâchoire elle-même peut s'abîmer. "Lorsque la mâchoire craque, cela peut être dû aux structures internes de l'articulation, qui peuvent se déplacer", résume le Dr Huguet, président de l'Association Française des Jeunes Chirurgiens Maxillo-Faciaux (AFJCMF). A ce stade, un traitement est possible.

"Mais certains bruits peuvent être liés à une dégénérescence de l'articulation, qui se modifie au niveau anatomique lorsqu'elle est usée", avertit le spécialiste. Il est alors trop tard : l'articulation est trop abîmée.

Il n'existe alors qu'une solution : remplacer l'articulation. "Contrairement à la hanche ou au genou, la chirurgie de remplacement de l'articulation temporo-mandibulaire est limitée aux situations extrêmes, parce qu'elle est risquée et ses résultats ne sont pas forcément très bons." L'opération n'est donc proposée qu'une fois que le trouble affecte la capacité à s'alimenter.

Sources

Cette mâchoire qui craque ou qui claque.., REFLEX OSTEO, consulté le 30 avril 2018

J'ai la mâchoire qui craque, REFLEX OSTEO, consulté le 30 avril 2018

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