L'ulcère gastro-duodénal : une nouvelle maladie ?

Ce qu'est un ulcère gastro-duodénal
Un ulcère gastro-duodénal est une érosion de la muqueuse de l'estomac, ou du duodénum qui le prolonge, due à la conjonction de deux mécanismes. En temps normal, l'estomac sécrète de l'acide chlorhydrique afin de commencer la digestion des aliments. Comme chacun sait, il s'agit d'un acide très corrosif. Pour se protéger, la muqueuse qui tapisse la paroi interne de l'estomac sécrète du mucus qui forme un film protecteur. Lorsque l'acidité augmente ou que la muqueuse est fragilisée ou moins bien protégée, il se forme une érosion de cette dernière, soit sur un mode étendu et diffus, c'est ce qu'on appelle une gastrite, soit sur un mode localisé et creusant, c'est ce qu'on appelle un ulcère. Un saignement plus ou moins important est fréquent.
Ce que n'est pas un ulcère gastro-duodénal
L'ulcère gastro-duodénal est en fait assez proche de la gastrite. En revanche, il n'a rien à voir avec ce qu'on appelle le reflux gastro-oesophagien, qui correspond à une remontée de liquide gastrique acide dans l'oesophage et peut parfois donner des douleurs identiques. Il ne s'agit pas non plus de simples problèmes de digestion (éructations, lourdeurs, nausées après les repas), mais d'une vraie pathologie qui nécessite d'être traitée sérieusement.
Une maladie infectieuse
Dans les années 80, une équipe de médecins australiens a découvert que les patients porteurs d'ulcère gastro-duodénal avaient dans la muqueuse de l'estomac une bactérie appelée Hélicobacter Pylori. Ils se sont également rendus compte que si l'on traitait cette bactérie par des antibiotiques, on diminuait de 90% le risque de récidive de l'ulcère. Cela nous permet aujourd'hui de traiter les ulcères avec des antibiotiques.
Diagnostic et complications
Le symptôme le plus typique de la maladie ulcéreuse est la douleur épigastrique (c'est-à-dire au niveau de l'estomac entre la pointe du sternum et l'ombilic) survenant de façon régulière à distance des repas. Il existe également des ulcères "ponctuels" se manifestant par des douleurs épigastriques lors d'un stress important, ou après la prise d'aspirine ou d'anti-inflammatoires, pouvant provoquer gastrites et ulcères. Un ulcère ou une gastrite saignant de façon répétée et prolongée peut parfois aboutir à une anémie par perte de globules rouges. Dans les formes graves et aiguës, le saignement peut être important au point de donner des selles noires contenant du sang digéré, ou de provoquer un choc hémorragique. L'autre complication grave de l'ulcère est la perforation de l'estomac qui se manifeste par une douleur très intense et une évolution vers la péritonite. Le diagnostic d'un ulcère se fait en général assez facilement à l'aide d'une fibroscopie. Cet examen est primordial, car il permettra outre de faire le diagnostic d'ulcère, de dépister un éventuel cancer de l'estomac se présentant sous la forme d'un ulcère. En effet, dans les ulcères de l'estomac (les ulcères du duodénum ne sont jamais des cancers), des biopsies sont prélevées pour analyse tissulaire.
Toute douleur épigastrique n'est pas un ulcère
Il est important de savoir qu'une douleur épigastrique aiguë ne correspond pas toujours à un ulcère mais peut correspondre à une affection de la vésicule biliaire ou du pancréas, ou même à un infarctus du myocarde.
Les traitements
Ces dernières années les chirurgiens ont vu progressivement s'éloigner les ulcères. Auparavant, un moyen efficace de les traiter était de couper partiellement le nerf vague au niveau de l'estomac afin de diminuer la stimulation de sécrétion acide commandée par ce nerf. Cette chirurgie a été progressivement abandonnée dans la mesure où aujourd'hui les traitements médicamenteux sont très efficaces contre la sécrétion acide et que l'éradication de l'hélicobacter par les antibiotiques diminue grandement le risque de récidive. La chirurgie est actuellement réservée aux échecs des traitements médicamenteux et aux complications graves comme la perforation ou l'hémorragie.