Lubrification : comment ça marche ?

Publié par J.-M. Bohbot
le 12/05/2006
Maj le
4 minutes
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Pour que jamais ne tarisse la source...“L'amour est une mer dont la femme est la rive.” Même si le lyrisme de Victor Hugo est un peu éloigné des réalités gynécologiques, comment mieux décrire l'importance de l'élément liquide pour une sexualité réussie ? Dans le langage courant, les expressions associant plaisir et liquide sont légion : “Être emportée par une vague de désir, être submergée par le plaisir, nager dans un océan de plaisir…” Mais parfois la sécheresse s'installe et la femme reste au bord du plaisir…

Sécheresse vaginale : difficile à évaluer objectivement

Il est difficile d'évaluer l'exacte incidence du symptôme “sécheresse vaginale” au sein de la population générale. Les études se sont plutôt concentrées sur la femme ménopausée.Dans ce contexte, la sécheresse vaginale est retrouvée chez 27 à 55 % (1-2) des femmes ménopausées.En fait, la sécheresse vaginale (comme son contraire, la lubrification vaginale) est un symptôme difficile à définir objectivement. Bien entendu, la sécheresse est parfois si évidente qu'elle interdit tout rapport. Mais, plus souvent, la subjectivité prend le pas sur la réalité physique

Qu'est-ce que la lubrification ?

Pour beaucoup de femmes (et d'hommes), lubrification = désir. Ce n'est que partiellement vrai car la lubrification génitale est une manifestation de l'excitation sexuelle (physique) qui peut être dissociée du désir psychologique. Des études sur les réponses physiques vaginales à un stimulus érotique (visionnage de séquences pornographiques) ont montré une réponse physique très précoce (augmentation de la vascularisation locale et de la lubrification vaginale), bien avant que la notion de désir ou d'excitation psychologique n'apparaisse. D'ailleurs, dans certains cas, cette excitation psychologique n'est pas ressentie par le sujet alors qu'OBJECTIVEMENT, la femme est excitée.A contrario, l'absence de lubrification est associée à un manque de désir. Ce n'est que partiellement vrai puisque la lubrification vaginale nécessite une intégrité physique indépendante du degré de désir ou d'excitation psychologique.L'auto-évaluation exacte du degré de lubrification est parfois difficile pour la femme. Ainsi, une femme très excitée psychologiquement pourra ne pas souffrir d'une lubrification pourtant objectivement insuffisante, alors que telle femme au désir inexistant préférera mettre en avant le “symptôme” sécheresse. Il faudra alors débusquer au détour de cette sécheresse le mal-être sexuel de cette femme.

Rappel anatomo-physiologique sur la lubrification

La lubrification génitale féminine est assurée par, d'une part,

  • les glandes endocervicales et vulvaires (glandes de Bartholin et glandes de Skene) et, d'autre part par
  • la transsudation du plexus vasculaire antérieur. Lors de l'excitation sexuelle, on assiste à une augmentation de la vascularisation artérielle locale associée à un certain degré de blocage veineux (grande similitude avec les mécanismes de l'érection masculine). Ceci se traduit par une congestion vasculaire locale puis par une transsudation atteignant la paroi antérieure du vagin. Toutes ces sécrétions sont, en grande partie, sous dépendance hormonale et plus particulièrement estrogénique. C'est la raison pour laquelle la ménopause est une période particulièrement propice à l'apparition de tels désordres. Mais l'hormonologie n'explique pas tout…

Sources

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