L'obésité programmée dès la naissance ?

Publié par Nicolas Rousseau
le 20/03/2006
Maj le
3 minutes
little boy sleeping on soft white blanket
Istock
Pourra-t-on bientôt prédire si un enfant né aujourd'hui a de grandes probabilités d'être gros demain ? L'idée fait son chemin. Et il semble bien que l'alimentation infantile et l'allaitement maternel jouent un rôle décisif.

Alimentation infantile

Depuis longtemps, la question se pose de la responsabilité de l'alimentation infantile sur le développement futur de l'individu. Concrètement, il existerait une période critique (appelée fenêtre), un peu avant ou dans les semaines qui suivent la naissance, au cours de laquelle on pourrait avec un stimulus alimentaire quelconque « programmer » un effet à long terme sur la structure et les fonctions de l'organisme… Pour les plus grands spécialistes mondiaux du sujet, cette fenêtre critique au début de la vie déterminerait ni plus ni moins le risque de développer l'obésité, le diabète de type 2 ou encore les maladies cardio-vasculaires ! C'est dire l'enjeu de comprendre ces mécanismes ...

L'allaitement prolongé protège

Récemment, une large revue de la littérature scientifique a dressé un bilan des dernières découvertes. On observe ainsi une relation inverse entre l'allaitement au sein et l'obésité à l'âge adulte, comparativement aux enfants nourris au biberon. L'effet protecteur de l'allaitement maternel s'avère encore plus important s'il se prolonge au moins au-delà de deux mois.

Grandir moins vite, c'est mieux !

Plusieurs hypothèses étayent l'impact positif de l'allaitement sur le développement de l'obésité.

  • Les enfants nourris au sein mangent de moins grandes quantités (de calories, de protéines …) ce qui pourrait probablement avoir une influence plus tard sur la régulation de l'appétit et du poids corporel.
  • Ils grandissent également de ce fait plus lentement, ce qui semble plus favorable, contrairement à une idée fort répandue.

Un stockage moins efficace des graisses

Troisièmement, les enfants nourris au sein ont des taux sanguins d'insuline plus bas. Or, cette hormone est une hormone de stockage, c'est-à-dire qu'elle fait rentrer les sucres et les graisses dans les cellules. Une insuline en trop grandes quantités fait pénétrer plus de graisses dans les tissus gras. Enfin, il semble que les enfants allaités auraient des adipocytes (les cellules de graisse du tissu gras), de meilleure qualité. En clair, ils seraient moins nombreux et se gonfleraient moins facilement…

Gare au faible poids de naissance

À côté de l'allaitement maternel, un autre facteur pourrait décider lui aussi de l'avenir de nos chères têtes blondes : le poids de naissance. S'il est trop bas (bien en dessous des 3 kg, rassurez-vous !), il serait aussi un facteur favorisant de l'obésité. Pourquoi ? Car bébé se révélerait alors plus économe en adaptant son métabolisme in utero ! Et une fois exposé à une pléthore alimentaire (à la naissance et plus tard dans la vie), il stockerait plus d'énergie que la normale… Une autre hypothèse tiendrait au fait que ces enfants sont souvent nourris au biberon et donc ne bénéficieraient pas des avantages du lait maternel.Voilà donc peut-être une découverte qui pourrait amener de nouvelles solutions pour enrayer la progression d'une maladie qui paraît inéluctable. Futures mamans : allaitez !

Sources

Owen CG et al Pediatrics 2005 ; 115 :1367-77.

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