Les traitements du cancer sont en pleine révolution

Publié par Hopital.fr
le 10/03/2014
Maj le
3 minutes
portrait d'une infirmière avec un stéthoscope
getty
Président du groupe UNICANCER et directeur général de l’Institut Bergonié (Centre de lutte contre le cancer de Bordeaux), le Pr Josy Reiffers évoque la révolution en cours des traitements de cette maladie.

Hopital.fr : Dans quelle mesure la radiologie interventionnelle pourrait-elle se développer en substitution de la chirurgie ?

Pr J. Reiffers : La radiologie interventionnelle utilise les techniques d’imagerie (scanner, IRM) pour des actes moins invasifs pour les patients. Au lieu d’ouvrir l’abdomen ou le thorax, le médecin radiologue accède à la tumeur avec une aiguille et la détruit par un courant électrique (radiofréquence), produisant de la chaleur (thermoablation) ou par le froid (cryoablation). La radiologie interventionnelle se fait sous anesthésie générale, mais le plus souvent en ambulatoire (le patient peut repartir le soir même).

Il s’agit d’une véritable alternative à la chirurgie pour le traitement des métastases du poumon et du foie, pas trop volumineuses et accessibles.

Pour pratiquer la radiologie interventionnelle, les établissements doivent disposer de médecins radiologues spécifiquement formés et dédier un appareil d’imagerie à cette activité, laquelle est bien moins rentable que la radiologie courante… Et très mal prise en charge par l’Assurance Maladie.

Hopital.fr : Le nombre de séances de radiothérapie nécessaires au traitement des cancers va-t-il diminuer ?

Pr J.R. : Oui, cela devrait être le cas pour de nombreux cancers du poumon, du sein et de la prostate.

Aujourd’hui, après l’intervention chirurgicale, 30 à 40 séances de radiothérapie sont souvent nécessaires à raison d’une par jour, obligeant le patient à venir quotidiennement à l’hôpital. Or, des études montrent que la même dose de radiothérapie pourrait être fractionnée en 10 séances seulement, avec une efficacité au moins égale. Plusieurs semaines de traitement seraient épargnées au patient.

La radiothérapie est aussi de plus en plus précise, la zone à irradier étant définie par des logiciels informatiques de plus en plus sophistiqués.

Signalons par ailleurs que quelques grands CHU et la moitié des centres de lutte contre le cancer (CLCC) pratiquent une nouvelle technique pour le cancer du sein : la radiothérapie per-opératoire. Une seule séance de rayons est pratiquée au cours de l’intervention chirurgicale, et le résultat est aussi bon qu’avec plusieurs séances post-opératoires.

Hopital.fr : En quoi la chimiothérapie connaît-elle aussi des évolutions très favorables pour les patients ?

Pr J.R. : La plupart des chimiothérapies sont aujourd’hui intraveineuses et généralistes, ce qui signifie qu’elles détruisent aussi des cellules normales telles que les globules du sang ou les cellules du tube digestif. Demain, elles seront beaucoup plus souvent ciblées en fonction du capital génétique de chaque cancer, et bien mieux tolérées.

Les nouvelles chimiothérapies par voie orale ou sous-cutanée pourront être réalisées à domicile, et le patient pourra sans doute continuer de travailler pendant le traitement. Il sera suivi en consultation à l’hôpital, par un cancérologue médical (dont il faudrait augmenter le nombre…). La consultation de prescription de chimiothérapie doit être mieux valorisée.

Sources

Hopital.fr. Propos recueillis par Catherine Holué

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