Les substituts nicotiniques, une aide pour traquer la dépendance

Publié par Rédaction E-sante.fr
le 29/01/2001
Maj le
5 minutes
Autre
Pour un sevrage tabagique durable il est capital d'être fermement décidé à arrêter et de prendre le temps de s'y préparer sérieusement. Une fois décidé, vous vous retrouvez face à votre ennemi : la dépendance et pour la vaincre, il vous faudra peut-être vous faire aider. Les substituts de nicotine font parties de ces aides.

Qu'est ce que la dépendance ?

La consommation de tabac entraîne deux types de dépendance, psychologique et physique. La dépendance psychologique et comportementale se traduit par des envies de fumer en raison de stimulations extérieures: les habitudes (après le repas, avec un café …), les émotions (affirmation, stress, contrariété …), l'environnement (convivialité, entre fumeurs …), l'ennui, etc. La dépendance physique correspond à une envie impérieuse de fumer car le corps réclame sa dose de nicotine: c'est une drogue. Votre degré de dépendance physique se détermine facilement à l'aide du test de Fagerström.

Quel est le rôle des substituts nicotiniques ?

En fonction de votre niveau de dépendance (moyenne ou forte), les substituts de nicotine peuvent vous aider à surmonter la dépendance physique qui se traduit notamment par une irritabilité, des difficultés de concentration, une humeur dépressive, des troubles de l'appétit et du sommeil. Les substituts fournissent à l'organisme l'équivalent de la nicotine contenue dans les cigarettes, comblant ainsi le besoin de fumer. Avec un dosage bien adapté aux habitudes tabagiques, l'ex-fumeur ne souffre plus des effets désagréables de l'arrêt du tabac, puis la dépendance disparaît progressivement.Actuellement il en existe deux types:· les substituts « à la demande », à prendre quand le besoin se fait ressentir. Ce sont des formes orales: gommes à mâcher et comprimés sublinguaux (placés sous la langue ils se dissolvent lentement);· les substituts « en continu », qui libèrent de la nicotine en continu. Ce sont des timbres (ou patchs) que l'on applique tous les jours sur la peau.

Quel degré d'efficacité ?

Leur utilisation double les chances de succès. Toutefois, il faut savoir qu'il ne s'agit pas d'une méthode miracle. Ils ne suppriment pas la dépendance psychologique et comportementale, ce qui explique que les envies de fumer peuvent persister longtemps. Le traitement doit donc inclure d'autres éléments comme apprendre à résister à ses envies, changer ses habitudes, rééquilibrer l'alimentation, augmenter l'activité physique quotidienne, etc. Ils ne suppriment donc pas les risques de rechutes. Vous devez toujours rester extrêmement vigilant !

Existe t-il des contre-indications ?

Oui: les non-fumeurs ou fumeurs occasionnels, une allergie à l'un des constituants, un infarctus du myocarde récent, une angine de poitrine non contrôlée, les troubles cardiaques sévères, un accident vasculaire cérébral récent et une affection cutanée pouvant gêner l'utilisation d'un timbre. Par ailleurs, sans être une contre-indication, sachez que l'existence de troubles dépressifs est une cause possible d'échec. En effet, le tabac contribuant à lutter contre l'anxiété et la dépression, une majoration de ces troubles est susceptible d'apparaître avec l'arrêt. Une consultation s'impose alors pour une prise en charge ou une orientation vers un spécialiste.

Comment déterminer le dosage ?

Disponibles en pharmacie sans ordonnance depuis un an, votre médecin et votre pharmacien peuvent vous conseiller de façon personnalisée sur leur mode d'utilisation, les doses de nicotine à employer et la durée du traitement. Toutefois, vu la complexité et les difficultés d'un sevrage, il est vivement conseillé de se faire suivre par un médecin. Soulignons qu'il n'est pas toujours facile de déterminer le dosage nécessaire en nicotine. En effet, il ne dépend pas seulement du nombre quotidien de cigarettes, mais aussi, et surtout, de la façon de fumer (force d'aspiration). Seules des analyses mesurant la quantité d'oxyde de carbone dans les poumons ou le dosage dans les urines des dérivés nicotiniques permettent de l'objectiver de façon fiable. Or de tels examens ne sont pratiqués que lors d'une consultation spécialisée et non pas par le pharmacien. Par ailleurs, aujourd'hui, le sevrage sans avis médical inquiète beaucoup. En effet, le surdosage en nicotine est en passe d'introduire une nouvelle forme de dépendance, encore plus dangereuse que la première. On l'observe de plus en plus fréquemment depuis leur mise en vente libre. Il convient donc de rester particulièrement prudent et de veiller à un dosage bien adapté aux habitudes tabagiques. Consulter un médecin est la solution la plus intéressante à tout point de vu: réussite et sécurité.

Quels sont les signes d'un mauvais dosage ?

Il faut sept jours pour supprimer totalement les besoins impératifs du fumer et les sensations de manque. Si ce n'est pas le cas, le dosage est probablement insuffisant et il est indispensable de le réajuster avec les conseils du médecin ou du pharmacien. En règle générale, tout besoin impérieux est le signe d'un sous-dosage. Le surdosage quant à lui se traduit par des signes qu'il faut connaître: dégoût du tabac, goût du tabac dans la bouche, maux de tête, vertiges, troubles du sommeil, accélération cardiaque, nausées et parfois des diarrhées. Les ressentir doit vous amener à réduire la dose et à consulter votre médecin.

Quand faut-il arrêter ?

Il est essentiel de ne pas arrêter trop vite ni trop brutalement la prise de substituts nicotiniques. En effet, il faut laisser à l'organisme le temps de se désaccoutumer. En moyenne, le traitement dure 12 semaines, parfois plus, en diminuant progressivement les doses.

Peut-on prendre en même temps un timbre et une forme orale ?

Occasionnellement si un besoin impérieux se fait ressentir. Mais attention se besoin traduit un sous-dosage qu'il faut corriger.

Renseignements pratiques

Les formes orales doivent être absorbées par la muqueuse buccale: la nicotine avalée avec la salive n'a pas d'effet. Les gommes ne se mâchent pas forcément comme des chewing-gums, mais toujours très lentement en attendant 20 à 30 secondes entre chaque mastication et avec une pause de 2 minutes toutes les 10 mastications. Pour les timbres, n'achetez au début qu'une boîte de petit conditionnement (une boîte de 7 timbres), car le dosage doit souvent être réadapté à la fin de la première semaine. S'il fait chaud et qu'ils se décollent, utilisez un adhésif pour bien les maintenir fixés. Ne laissez jamais des substituts nicotiniques, quelque soit leur forme, à portée des enfants !

Comme toute forme de tentative d'arrêt il faut savoir que ces substituts ne donnent pas toujours les résultats escomptés: les risques de rechutes sont fréquents. Mais chaque tentative représente un pas de plus vers la réussite. Il ne faut donc pas se décourager, bien au contraire, la prochaine sera la bonne !

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