Les jeunes et l'alcool : le rôle des parents

Publié par Marion Garteiser
le 25/02/2015
Maj le
3 minutes
grand angle de plusieurs jeunes gens, filles et un homme, se saouler à la fête de club, assis près ensemble dans la pièce allumée rouge foncé et acclamant à leur réunion
Istock
Selon l’Institut de Veille Sanitaire (InVs), un collégien sur six affirme avoir déjà été ivre et 27% des lycéens affirment boire de l'alcool au point de se saouler au moins une fois par mois. Ce constat est alarmant, mais quelles sont les vraies conséquences pour ces jeunes ? Et que peuvent faire les parents ?

L’alcool, un effet redoutable sur des cerveaux en formation…

La consommation d’alcool débute le plus souvent à l’adolescence : 80 % des jeunes de 17 ans en ont consommé au cours des 30 derniers jours lorsqu’on les interroge. Chez les jeunes, la tendance est même au binge drinking qui consiste à atteindre l’ivresse le plus rapidement possible, soit quatre verres ou plus d’alcool en moins de deux heures pour une fille et cinq pour un garçon (les consommations étant en général beaucoup plus importantes). Or là encore, les statistiques font froid dans le dos : la moitié des jeunes de 17 ans a déjà pratiqué le binge drinking dans notre pays. Conséquences de toutes ces pratiques : chaque semaine, 7 jeunes âgés de 18 à 24 ans perdent la vie sur les routes de France dans un accident lié à l'abus d'alcool et plus de 27 sont blessés.

Quelle conséquence pour les cerveaux ?

Deux aspects sont inquiétants dans cette surconsommation. D’abord, bien sûr, la prise de risque à court terme : outre les accidents (de la route et ailleurs), les agressions et les actes de violence sont associés à la consommation d’alcool. Sur le plus long terme, on sait aussi aujourd’hui que boire de l’alcool au sortir de l’adolescence (18-19 ans) a des conséquences sur le cerveau qui ne s’effacent pas avec le temps. Cela n’a rien d’étonnant : l’alcool stimule par exemple la libération de dopamine, neuromédiateur du plaisir, impliqué dans la dépendance. Et à forte dose, il entraîne un remodelage des connections entre les neurones . Autrement dit, il perturbe le développement normal du cerveau et augmente le risque de dépendance. Si on l’expose à l’alcool, qui est un neurotoxique connu, il est logique que les conséquences soient visibles sur le long terme. Mais on doute que tous les jeunes en soient réellement conscients.

Jeunes et alcool : une responsabilité partagée

Les parents ont parmi leurs missions celle de mettre en garde contre les dangers de l’alcool. Cela ne veut pas dire encourager une première consommation : on sait que boire de l’alcool dans l’enfance est très problématique. A l’adolescence, il faut savoir montrer le bon exemple : quand les parents ne boivent jamais d’alcool, leur jeune de moins de 18 ans est trois fois moins enclin à en consommer. A l’inverse, si son entourage est ivre au moins une fois par semaine, le risque de consommation pour le jeune est multiplié par 16. Les parents ne sont cependant pas seuls à pouvoir éduquer les enfants à l’alcool. L’école, les organisations de jeunesse, et aussi l’Etat, ont leur rôle à jouer.

Si vous avez besoin d’aide par rapport à la consommation d’alcool d’un jeune, vous pouvez contacter Alcool Info Servie : www.alcool-info-service.fr/

Sources

Maurage, P. et al., Alcohol Clin Exp Res. 2014 Jul;38(7):2105-12. doi: 10.1111/acer.12444. Epub 2014 May 20.
Petit, G. et al., Alcohol Alcohol. 2014 Mar-Apr;49(2):198-206. doi: 10.1093/alcalc/agt172. Epub 2013 Dec 2.

Inserm : www.inserm.fr/thematiques/neurosciences-sciences-cognitives-neurologie-psychiatrie/dossiers-d-information/alcool-et-sante-bilan-et-perspectives

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