Les inquiétantes bactéries multi-résistantes aux antibiotiques

Quand vous entendez parler de nouvelles bactéries avec des noms bizarres évoquant des antibiotiques, c’est qu’il s’agit de BMR ou bactéries multi-résistantes :
- Il en est ainsi du SRAM ou Staphylococcus résistant à la méticilline.
- Ou encore des entérobactéries sécrétrices de BLSE ou Bêtalactamases à spectres élargis, c’est-à-dire résistantes aux céphalosporines.
Ces Entérobactéries BLSE (des formes résistantes d’Escherichia Coli ou de Klebsiella pneumoniae) sont très redoutables et commencent à provoquer des décès en France.
Une surconsommation d’antibiotiques redoutable
Leur essor est dû à la surconsommation d’antibiotiques qui favorise la sélection des bactéries résistantes.
En effet, à chaque fois que nous prenons un antibiotique, nous « tuons » les bactéries sur lesquelles il est efficace et c’est ainsi que les bactéries résistantes n’ont plus de concurrence face à elles. Elles se développent alors plus facilement. Ce problème concerne tous les pays à l’échelle de la planète et à chaque fois qu’on découvre un malade affecté par une telle bactérie, on doit organiser un isolement spécifique autour de lui.
Il est en effet essentiel d’empêcher toute contagion.
Certaines bactéries sont tellement redoutables que lorsqu’elles sont découvertes on doit attribuer au malade une équipe spécifique qui ne s’occupe que de lui, de manière à protéger les autres malades de l’hôpital.
Tous les antibiotiques comptent, même ceux des animaux
Le problème est d’autant plus difficile à résoudre que les médecins ne sont pas les seuls prescripteurs d’antibiotiques, et il faut aussi comptabiliser les prescriptions des vétérinaires aux animaux d’élevage que nous mangeons ensuite. Nous pouvons ainsi prendre tous les jours des antibiotiques sans le savoir…
Dans ce contexte, le monde hospitalier s’organise et l’on intensifie la lutte contre les maladies nosocomiales. Les médecins hygiénistes se voient également attribuer le rôle d’encadrer la prescription des antibiotiques dans les services. Ces traitements ne doivent pas être trop courts, car alors inefficaces, ni trop longs, car ils détruisent alors toute la flore bactérienne, notamment intestinale, et sélectionnent les BMR. Les hôpitaux organisent des plans d’isolement de certains secteurs au cas où.
Redonner des moyens à la recherche
De son côté l’Etat veut continuer les campagnes de sensibilisation comme « Les antibiotiques, ce n’est pas systématique ».
Le gouvernement veut aussi développer les recherches sur les tests rapides, comme ceux qui permettent avec un simple prélèvement de gorge de savoir si une angine est virale ou bactérienne. Enfin le Ministère de la Santé veut créer un contexte favorable à la recherche sur les antibiotiques. Ces produits sont en effet très anciens et ne rapportent plus rien à leurs laboratoires inventeurs, bien qu’ils soient toujours incontournables, et du coup ces mêmes laboratoires n’investissent plus dans la recherche de nouveaux antibiotiques. Autrement dit, les antibiotiques ne doivent plus rester des produits banals, ni pour la prescription, ni pour la production ou la recherche.
Quant à nous, les patients, il convient d’apprendre à bien les utiliser, tout simplement en appliquant à la lettre nos ordonnances. 5 jours, ce n’est pas 3 jours, et ce n’est pas parce que les symptômes ont diminué qu’il ne faut pas terminer son traitement.Et bien entendu, il ne sert à rien de réclamer un antibiotique à la moindre angine ou bronchite.
Source : Le Monde, La Croix 19 novembre 2013