Les blessures de la violence et du silence chez les femmes

Des chiffres dramatiques
Selon la dernière enquête, mais aussi la première de cette ampleur, la violence envers les femmes concerne 1,5 millions de Françaises. En 1999, 48.000 d'entre elles ont été violées; 1 sur 10 vivant en couple et 3 sur 10 vivant séparées ont subi des brutalités conjugales. Dans le milieu du travail, les pressions psychologiques (horaires, tâches, services, critiques, mise à l'écart, etc.) concernent 17% des femmes, le harcèlement moral 4%, les injures et les menaces 8%, les avances et les attaques sexuelles 2%. Dans les espaces publics, la rue ou les transports en commun, les violences verbales touchent 13% des Françaises et elles sont 2% à avoir été confrontées à des avances ou des agressions sexuelles. A cela s'ajoutent les chiffres de la prostitution où sont embrigadées près de 14.000 femmes.
Une campagne d'affichage pour briser le silence
Dans la continuité de la campagne européenne 1999-2000 intitulée « La tolérance zéro », Nicole Péry secrétaire d'Etat aux Droits des femmes et à la Formation professionnelle a annoncé une prochaine campagne nationale d'affichage pour lutter contre ces violences. Plus de 500.000 plaquettes portant le slogan « En cas de violence, brisez le silence » et un numéro de téléphone d'urgence seront distribuées dans les métros et les mairies, alors que d'autres brochures sont conçues pour les policiers, les personnels de santé et les travailleurs sociaux. Il est également prévu de raviver les réseaux d'informations qui réunissent professionnels, associatifs et pouvoirs publics, déjà mis en place il y a une dizaine d'années. Des partenariats sont passés avec les collectivités locales pour permettre aux femmes en difficultés de trouver une structure d'accueil, un toit et une formation professionnelle. Le budget des trois principaux organismes d'aide aux victimes ayant un numéro d'urgence sera accru d'environ un tiers. La tâche est vaste !
Des faits alarmants et certainement sous-estimés
Il apparaît que les femmes sont davantage en danger chez elles que dans la rue ou sur leur lieu de travail. La violence est loin d'être l'apanage des milieux défavorisés: 10% des cadres supérieures, 10% des femmes aux foyers, 9% des employées et 9% des ouvrières. Ces dernières ont le plus souvent été confrontées à la violence depuis leur plus jeune âge. En effet, les femmes ayant subi des sévices ou des coups répétés durant leur enfance ont quatre fois plus de risque d'en être à nouveau victime à l'âge adulte. Il semblerait que les agressions conjugales soient liées à l'âge: les femmes les plus jeunes (20 à 24 ans) sont deux fois plus touchées.
Engagez le dialogue ...
Deux tiers des victimes préfèrent garder le silence plutôt que de porter plainte ou de consulter un médecin. Or pour stopper la spirale de la violence il est indispensable de rompre ce silence. Face aux difficultés reconnues d'ouvrir le dialogue, des numéros téléphoniques d'urgence et des associations se sont créées.
· En cas de violences au sein du couple, vous pouvez contacter Femmes Infos Services au 01.40.33.80.60. Pratiquer un examen médical pour constater et évaluer la gravité des coups portés est conseillé.· En cas de violences professionnelles, vous pouvez vous adresser à l'Association européenne contre les violences faites aux femmes au travail au 01.45.84.24.24. Cet organisme soutient les salariés dans d'éventuelles démarches judiciaires.· En cas de viols, appelez Viols Femmes Informations au 0800.05.95.95. La consultation chez un médecin et le dépôt de plainte en se constituant partie civile vous sont fortement recommandés.