L'éreutophobie : la peur de rougir en public

Mieux connaître l'éreutophobie: pourquoi rougissons-nous?
Lorsque nous sommes dans une situation inconfortable sur la plan émotionnel, notre peau a tendance à prendre une teinte plus rose au niveau des joues et parfois du torse - nous rougissons. Ce phénomène, qui se manifeste à différents degrés d'un individu à l'autre, n'a en soi rien de pathologique. Bien qu'on le comprenne encore mal, on sait que le rougissement est lié à une hyperactivité du système nerveux sympathique, qui contrôle une série d'actions de l'organisme indépendantes de notre volonté. Le rougissement est donc par définition incontrôlable. D'un point de vue physiologique, on sait qu'il correspond à l'augmentation du volume sanguin dans les capillaires sous-cutanés. Par ailleurs, il a été démontré qu'on trouvait souvent plusieurs grands "rougisseurs" dans une même famille, ce qui suggérerait l'influence de certains facteurs génétiques.
Ereutophobie: qui a peur de rougir?
Parce que le rougissement expose notre gêne ou notre trouble au regard des autres, il est ressenti par certaines personnes comme une véritable trahison du corps. La peur du jugement d'autrui devient alors une source supplémentaire de rougissement. Et c'est là que s'installe un véritable cercle vicieux. Redoutant de rougir, la personne se met à rougir dans des situations qui auparavant ne le mettaient pas mal à l'aise. De fil en aiguille, s'installe alors une véritable phobie de rougir, appelée éreutophobie. Chez la plupart des gens, cette peur apparaît à l'adolescence. Elle a ensuite tendance à s'atténuer en avançant en âge, d'une part parce que la confiance en soi s'affirme en général au cours du temps, et d'autre part parce que la tendance physiologique au rougissement s'atténue en vieillissant (surtout à partir de 50 ans).
Ereutophobie et vie sociale
Malheureusement, pour certains, cette phobie - que l'on classe parmi les phobies sociales - peut perdurer ou même apparaître à l'âge adulte, suite à un épisode de rougissement vécu comme traumatique. On estime qu'environ 2 à 3% des 15-40 ans seraient concernés. Or, l'éreutophobie peut avoir des répercussions importantes sur la vie sociale. Par peur de rougir, certaines personnes vont s'enfermer, évitant les situations où elles pourraient être amenées à rougir, comme par exemple les réunions de travail où il faut prendre la parole.
Vaincre l'éreutophobie
Pour ces éreutophobes, qui sont souvent aussi de grands timides, s'exposer progressivement à des situations à risque permet souvent de réapprivoiser ce rougissement. Il peut alors être à nouveau perçu comme ce qu'il est: une manifestation naturelle, considérée par beaucoup comme charmante! L'essentiel est de parvenir à ne plus se focaliser sur ce phénomène, en se concentrant par exemple sur ce que dit l'interlocuteur plutôt que sur ses propres sensations. A l'heure actuelle, en cas de problème persistant, les thérapies de type comportementale semblent donner les meilleurs résultats. Différentes techniques de relaxation peuvent également permettre de mieux gérer l'éreutophobie qui s'accompagne souvent d'un sentiment général de stress et d'angoisse. Signalons qu'une intervention chirurgicale, la sympathectomie (ablation du nerf sympathique), peut être pratiquée dans les cas extrêmes. Mais bien sûr, l'idéal reste de traiter le problème à la source.