Le tamoxifène®, une pilule préventive contre le cancer du sein ?

Publié par Pieter Segaert
le 31/05/2011
Maj le
3 minutes
Autre
D’après un panel international de cancérologues, les femmes qui courent un risque accru de développer un cancer du sein devraient prendre un traitement préventif. Ces experts étudient actuellement sur des milliers de femmes une pilule destinée à prévenir le cancer du sein : le Tamoxifène®.

Un traitement contre le cancer du sein

Il existe déjà à l’heure actuelle des traitements contre le cancer du sein, mais ceux-ci ne sont prescrits qu’à des femmes déjà malades dans le but d’éviter l’apparition de métastases dans l’autre sein. Ces traitements médicamenteux freinent la production ou l’action des œstrogènes, les hormones sexuelles féminines. Une variante fréquente du cancer du sein est en effet sensible aux œstrogènes.

Bloquer l’action des œstrogènes

Les chercheurs ont constaté il y a quelques années déjà que le Tamoxifène® exerce aussi un effet préventif sur le cancer du sein chez certaines femmes, en bloquant l’action des œstrogènes sur les cellules mammaires. Dans le cadre de l’étude internationale IBIS I, ce médicament a été prescrit à des femmes ayant un risque accru – 20% par rapport à la normale de 10% - de cancer du sein, tant avant qu’après la ménopause, sur la base de la fréquence du cancer du sein dans leur famille. L’étude a montré que sur 10 femmes à risque majoré de cancer du sein prenant une pilule de Tamoxifène® chaque jour, une ne développera pas la maladie.

De lourds effets secondaires

Néanmoins, la prise de Tamoxifène® s’accompagne de lourds effets secondaires: risque accru de caillots sanguins, de phlébites (inflammation des veines) et de cancer de l’utérus. Une prise quotidienne sur plusieurs années est nécessaire, ce qui n’est pas évident. Seules 60 à 70% des femmes qui ont participé à l’étude International Breast Cancer Intervention (IBIS I), ont pris assidument chaque jour une pilule de Tamoxifène®. Aujourd’hui, le Tamoxifène® est autorisé en prévention du cancer du sein aux Etats-Unis, mais pas dans l’Union européenne.

Des inhibiteurs de l’aromatase

Les inhibiteurs de l’aromatase sont aussi testés à l’heure actuelle dans 25 pays sur des milliers de femmes dans le cadre de l’étude IBIS II. Ils freinent la production des œstrogènes et n’agissent qu’après la ménopause. Dans ce cas aussi, de lourds effets secondaires ont été observés : décalcification osseuse (ostéoporose), taux de cholestérol élevé et perte de libido. Les résultats de l’étude IBIS II ne seront connus que d’ici quelques années.

Un panel international

En attendant, le Pr Jack Cuzick de l’University de Londres, qui préside un panel international de cancérologues, a proposé que le Tamoxifène® puisse aussi être prescrit en Europe en prévention pour les femmes présentant un risque accru de cancer du sein. Il s’agit plus précisément des femmes dont le sein se compose à plus de 75% de tissu glandulaire, une composition déterminée par une simple mammographie. Chez ces femmes, le risque de cancer du sein est quadruplé.

Sources

Merci au Pr Patrick Neven de l’UZ Leuven, coordinateur de l’étude IBIS II en Belgique.

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