Le Pr Etienne-Emile Baulieu clarifie l'affaire DHEA

Face aux inconvénients de la vente libre et à l'hypocrisie consistant à ignorer l'importation sauvage de DHEA sans les contrôles pharmaceutiques et médicaux nécessaires, Françoise Forette et le Pr Etienne-Emile Baulieu ont débuté il y a trois ans maintenant l'étude « DHEAge ». L'objectif était de préciser les effets et les limites de l'administration quotidienne de DHEA chez des volontaires de 60 à 80 ans. Les résultats ont été positifs en ce qui concerne la minéralisation osseuse, la qualité de la peau et la libido.Par ailleurs, des études américaines et allemandes ont indiqué une amélioration des états dépressifs, du bien être, de la force musculaire et des fonctions immunitaires. Et enfin, les résultats d'une analyse bordelaise montrent une durée de vie moindre chez les hommes âgés de 65 à 70 ans ayant un faible taux sanguin de DHEA comparés à ceux dont le niveau est élevé. C'est l'ensemble de ces corrélations qui ont permis de considérer une supplémentation.
Mais alors, aucune relation n'a été démontrée entre la DHEA et le vieillissement ?
Afin d'éviter les espoirs inutiles, il convient de rétablir la vérité. La DHEA n'est pas une « fontaine de jouvence » ni une « pilule miracle » ! Son utilité ne peut en tout cas s'inscrire qu'en cas de déficit naturel par rapport à des normes moyennes. Dans ce contexte, sa prescription doit respecter des indications précises et seul le statut de médicament pouvait y remédier tout en garantissant une indispensable qualité pharmaceutique.
Le vieillissement n'est pas une maladie !
Le vieillissement ne doit pas être considéré comme une pathologie, il prend des formes et des rythmes très variables selon les individus. Ainsi, seul un médecin est à même de conseiller personnellement chacun d'entre nous. Par ailleurs, la carence en DHEA n'est jamais seule en cause et donc sa compensation peut avoir des effets différents en fonction des personnes.
Priver de DHEA les personnes âgées n'est pas pour autant justifié
La nécessité de nouvelles études et d'un recul suffisant ne doit pas forcément priver les personnes âgées ayant un déficit en DHEA. A titre d'exemple, la pilule contraceptive et le traitement hormonal substitutif de la ménopause ont été proposés aux femmes avant un recul important. Ainsi, les premières générations bénéficiant de la DHEA devront se soumettre à une surveillance de longue haleine afin de définir précisément le rapport bénéfices/risques. A ce sujet, rappelons que la DHEA est une hormone naturelle et donc non brevetable. En conséquences, le financement de toute recherche est particulièrement difficile. Espérons que les travaux futurs puissent être financés car « peut-on retarder une mise sur le marché contrôlée sans laisser la place aux trafics opaques? »