Le plaisir conduit-il au bonheur ?

Dans son livre " Vivre ", Mohaly Csikszentmihaly, professeur de psychologie aux Etats-Unis dans le courant de la psychologie positive, réfléchit à cette question.
Le plaisir est indispensable
Le plaisir est d'abord inscrit en nous par la nature. Le plaisir de manger est indispensable pour que nous pensions à faire vivre notre corps en le nourrissant ; le plaisir de faire l'amour est indispensable à la survie de l'espèce Le plaisir nous guide donc, avec en arrière-plan des besoins physiques ou génétiques, et la nature qui poursuit son but.
Les plaisirs offerts par la nature
Il est parfaitement légitime de profiter des plaisirs que notre nature nous offre, de quelle sorte qu'ils soient. Les humains ont ainsi poussé le plaisir de manger à de profonds raffinements, tout comme l'art d'aimer.Mais, comme le signale le Pr Mohaly Csikszentmihaly, « Il n'y a rien de mal à suivre l'inclinaison de la nature et à jouir du plaisir qu'elle procure tant que la personne le reconnaît et qu'elle garde un certain contrôle en vue de tendre à d'autres buts - ses priorités personnelles ».Car la nature n'a pas forcément le même but que nous. Certes, la sexualité a un but reproductif évident, mais l'invention de la contraception a permis de s'en affranchir. Ainsi, on peut poursuivre d'autres buts plus personnels que celui de se reproduire.
Le plaisir n'est pas le passeport du bonheur
Ce qui compte, d'après cet auteur, c'est de faire la part des choses. Si nous considérons le plaisir offert par notre nature comme un passeport pour le bonheur, nous nous fourvoyons souvent. Si « la personne cède la maîtrise de sa conscience et devient le jouet de forces extérieures », les forces de la nature, elle va en oublier ses propres projets, projets personnels à même de lui apporter vraiment un bonheur dans la réalisation de soi. Et ces bonheurs-là ne passent pas spécialement par le plaisir offert de manière évidente par la nature. « La solution réside dans la conquête graduelle de sa liberté (..) et dans l'apprentissage de la substitution par des récompenses choisies par soi-même. » Autrement dit, c'est à vous de découvrir ce qui vous rend heureux et à suivre cette voie. Elle demande souvent un effort, car un sportif heureux d'avoir gagné une compétition n'a pas ressenti seulement du plaisir à s'entraîner ! Idem pour la réussite à un examen ou pour la mise en oeuvre d'un projet qui vous tenait à coeur. L'effort est aussi au coeur du bonheur qui ne nous tombe pas dessus par hasard. Le bonheur est donc plus dans la poursuite d'un but personnel choisi, dans laquelle vous êtes actif, que dans le fait d'être un simple récepteur des plaisirs des sens. Finalement, c'est ce qui demande le plus d'effort qui est souvent le mieux récompensé. C'est une observation très morale !
A lire
"Vivre", Pr Mohaly Csikszentmihaly, éditions Robert Laffont, collection Réponses.