Le No Poo, ou comment arrêter de se laver les cheveux

Publié par Jessica Xavier
le 7/10/2015
Maj le
4 minutes
jeune femme brune avec une belle chevelure sur fond gris
Istock
Venue des Etats-Unis, le mouvement no poo consiste à très fortement espacer les shampoings voire à arrêter complètement de se laver les cheveux… du moins comme nous avons l’habitude de le faire. Ne plus se laver les cheveux, une bonne ou mauvaise idée ? Eléments de réponse.

Soins cheveux : le no poo c’est quoi ?

A l’heure de la slow cosmétique et d’une quête de plus de naturalité dans nos cosmétiques, le no poo (contraction de l’anglais no shampoo) fait des émules sur le Net et dans bien des salles de bain. Cette nouvelle mode nous incite à nous débarrasser de nos shampoings classiques dont les actifs sont jugés trop agressifs pour les remplacer par des préparations maison en limitant au maximum les lavages (un par mois).
 

Les bénéfices du no poo pour mes cheveux ?

A en croire les bloggeuses qui sont passées en mode no poo, cette tendance n’a que des avantages. L’une des bloggeuses françaises phares en terme de no poo, Antigonexxi, explique sur son blog qu’en se lavant moins les cheveux, sa chevelure est devenue plus belle, que paradoxalement ses cheveux restent propres plus longtemps, qu’ils regraissent moins vite, qu’ils sont plus brillants et plus légers. Un constat qui va dans le sens de l’étude Shampoo and Conditioners: What a Dermatologist Should Know? Qui soulignait que "les cheveux trop nettoyés sont durs, ternes, sujets aux frisottis et s’emmêlent facilement."
Autre avantage avancé non négligeable : le no poo coûte moins cher. Car entre les shampoings, après-shampoings et autres masques capillaires la facture peut vite grimper alors que le no poo demande un minimum d’investissement.
 

Des actifs douteux dans mon shampoing ?

Ce que remettent en cause les adeptes de no poo c’est la présence d’ingrédients dont l’innocuité est souvent remise en cause dans les shampoings industriels classiques. Sulfates, silicones, parabens… certains composants sont soupçonnés d’être irritants ou allergènes. Les pro no poo reprochent aux shampoings traditionnels en plus de ne pas être très écolo d’être agressifs pour le cuir chevelu. Un scientifique allemand expliquait dans une étude* que si les risques d’allergies sont assez faibles avec les shampoings traditionnels (car dilués dans l’eau, temps de contact assez faible et produits rincés), il rappelait également que chez des sujets déjà sensibilisés l’exposition pourrait déclencher de l’eczéma.
 

La méthode no poo

La patience semble être la clé pour passer de son rythme habituel avec un shampoing classique au mode no-poo. Pour laisser le temps au cuir chevelu de se réguler par lui-même en douceur, il convient de ne pas arrêter immédiatement de se laver les cheveux. Au départ, il faut espacer les shampoings progressivement pour arriver à un lavage par mois (au bicarbonate de soude et au vinaigre de cidre). Pendant la phase de transition, on ne se lave pas les cheveux pendant un mois.
Afin de répartir le sébum sur l’ensemble de la chevelure, des racines aux pointes, on se brosse les cheveux tous les jours pendant 2 à 3 minutes. Cela permet d’éviter le regraissage trop rapide, d’aérer le cuir chevelu et d’éliminer les cheveux morts, les poussières et autres résidus.
 
L’avis de l’expert
Le Dr Vincent Durosier, médécin généraliste, ne semble pas convaincu par cette tendance. "Ne pas se laver les cheveux peut entrainer un état pelliculaire, une dermatite séborrhéique et des démangeaisons" ce que cherchent notamment à éviter les adeptes de no poo. Comme les scientifiques de l’étude Shampoo and Conditioners : What a dermatologist should know ?, le Dr Durosier estime "qu’il n’y a pas de problématique liée à la fréquence du lavage avec des shampoings. Même dans des pays d’Amérique du Sud où les femmes se lavent les cheveux bien plus que chez nous." Il va même plus loin en rappelant que le bicarbonate de soude peut lui aussi entrainer des démangeaisons. Pour le professionnel, il n’y a pas de contre-indication, en fonction de son cuir chevelu, à utiliser régulièrement un shampoing à condition "qu’il contienne des détergents doux non anioniques c'est-à-dire qu’il mousse pas ou peu et qu’il soit doux."
 
Comme nous ne sommes pas toutes prêtes à nous lancer dans le no poo, le Dr Durosier conseille "plutôt que d’arrêter d’opter pour des formules douces", des shampoings bio, naturels ou des shampoings low poo aux tensio-actifs non agressifs et en évitant les formules anioniques.
 

Recettes de low shampoo

  • Pour cheveux gras et cuirs chevelus non sensibles : mélanger 2 cuillères à soupe de bicarbonate de soude et de l’eau. Après application rincer à l’eau additionnée de 2 cuillères à soupe de vinaigre e cidre (pour un litre).
  • Pour cheveux fins et fragiles ou secs : mélanger du rhassoul à de l’eau. Bien rincer.
Recettes extraites de Slow Cosmétique Le Guide Visuel de Julien Kaibeck et Mélanie Dupuis aux éditions Leduc.S

Sources

Merci au Dr Durosier, Directeur Médical Ducray, pour ses informations.
 
http://antigonexxi.com/2013/10/23/le-jour-ou-jai-arrete-de-me-laver-les-cheveux/
Shampoo and Conditioners: What a Dermatologist Should Know?; Paschal D'Souza and Sanjay K Rathi; Mai 2015
* Shampoos: Ingredients, efficacy and adverse effects Ralph M. Trüeb
Livre : Slow Cosmétique Le Guide Visuel de Julien Kaibeck et Mélanie Dupuis aux éditions Leduc.S

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