Le démon de midi au féminin

Publié par Corinne Guillaumin
le 29/05/2009
Maj le
6 minutes
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Istock
Jusqu'à très récemment encore, on prétendait que le démon de midi frappait plus volontiers les hommes. Ignorance ou vilaine hypocrisie ? Toujours est-il qu'aujourd'hui, on découvre que les femmes y succombent aussi et qu'elles n'ont plus peur de l'afficher !

Si je vous dis 'Démon de Midi', il y a fort à parier que la première représentation qui vous vienne, de suite, à l'esprit est celle, d'un homme dans la force de l'âge, c'est-à-dire autour de la cinquantaine, au bras d'une femme ravissante beaucoup plus jeune que lui ! Mais pourquoi, Diable oublie-t-on trop souvent de signaler que ce syndrome concerne aussi les femmes ? Et oui, le démon de Midi au féminin, cela existe aussi ! Alors que cache-t-il vraiment ? Est-il si démoniaque ? Diffère-t-il du démon de midi masculin ? Et est-ce que toutes les femmes peuvent succomber à ce syndrome diabolique ?

Avant qu'il ne soit trop tard !

C'est aux alentours de 45/55 ans, que les hommes comme les femmes peuvent être amenés à succomber au démon de midi. En fait, dans la plupart des cas, ce fameux syndrome survient toujours de manière inopinée mais conséquemment à la crise existentielle de milieu de vie, que traversent, avec plus ou moins de difficultés, toutes les personnes de cet âge. 'C'est en effet, une période charnière, douloureuse et très difficile à vivre pour les deux sexes', explique Caroline Weill, psychologue et psychothérapeute 'Un cap problématique puisque sur le plan physique et psychologique, c'est un âge de grands bouleversements.' Nombre de thérapeutes n'hésitent d'ailleurs pas à comparer cette crise de milieu de vie à celle de l'adolescence ! À mi-parcours, la personne se retrouve donc à faire le point et à s'interroger sur tous les aspects de sa vie : les buts fixés ont-ils été atteints ? Globalement suis-je satisfait de mon existence ? Ai-je accompli certains de mes rêves et suis-je allé jusqu'au bout de mes ambitions ? Immanquablement, cette profonde remise en question oblige l'individu à regarder en arrière, vers sa jeunesse, du côté de ses belles années… Beaucoup le font avec tendresse tandis que d'autres, le font avec plus de nostalgie ! Sans compter que le corps commence à accuser les prémices du vieillissement (rides, poches, kilos en trop, fatigue, perte de mémoire...) rappelant ainsi à l'individu qu'il est mortel et que le compte à rebours est lancé !

Un sentiment d'urgence

Il y a donc soudain urgence. Urgence à se sentir vivant, à exister pleinement et à s'éclater…, avant qu'il ne soit trop tard. Sur le plan professionnel et familial (surtout pour les femmes), le quadra ou quinquagénaire, tout en étant encore très actif, sait que les dés sont désormais quasiment jetés. En revanche, sur le plan affectif et surtout sexuel, tout est encore possible et réalisable! Et si d'aventure, la personne se trouve engluée dans une vie de couple routinière, sans surprises et surtout sans considération ni reconnaissance de la part de son conjoint, le démon de midi peut frapper à tout instant ! Une envie pressante de vivre quelque chose de fort peut alors surgir et surtout un besoin irrépressible de se réassurer ! Une pulsion qui pousse soudain l'homme ou la femme à aller vérifier son potentiel de séduction auprès d'un nouveau partenaire, si possible beaucoup plus jeune ! Bref, une façon de se dire : 'Je suis encore capable de séduire et surtout, je suis capable de séduire plus jeune que moi !'

Être réassuré dans sa séduction

Cela étant, dans cette ultime quête, les hommes et les femmes ne sont pas guidés, tout à fait par les mêmes raisons. 'Chez l'homme, indique Caroline Weil, c'est la peur de ne pas être à la hauteur… Et pour combien de temps encore ? Car aux abords de la cinquantaine, il y a un phénomène dont on parle assez peu car il reste encore tabou, c'est l'andropause. Vais-je y arriver ou pas ?' Cette lancinante question, qui le taraude d'ailleurs régulièrement depuis l'adolescence refait donc surface. Pendant cette période de questionnements et de doutes, l'homme se sent atteint dans sa virilité, dans son intégrité d'homme. Séduire et choisir de vivre avec une compagne bien plus jeune qu'eux, c'est donc un moyen pour les hommes, de prouver, qu'ils sont encore capables d'assurer ! Et comment ne pas être fier d'un petit bout'chou qui vient parfois concrétiser au grand jour, toute cette virilité et cette fraîcheur ? La femme a, quand elle, besoin de réaffirmer sa féminité. 'Face à une adolescente (en devenir de femme) explique la thérapeute, une mère se trouve directement confrontée à la rivalité féminine. De façon tout à fait inconsciente, beaucoup de femmes se sentent jalouses de leur fille et peuvent ainsi être poussées dans leur désir de séduire à nouveau.' Mais il est certain que le démon féminin est également provoqué par l'arrivée éminente de la ménopause. Cette étape cruciale engendre un certain nombre de changements physiques et de remaniements psychologiques qui, de toute évidence, font ressurgir un grand nombre de peurs et de doutes chez la femme.

Découvrir une autre image de sa féminité

Comme la ménopause signe l'arrêt des règles et donc de la maternité, beaucoup de femmes y voient la perte de leur féminité. C'est très difficile pour certaines de renoncer à être une femme à part entière. D'autant que les désordres physiologiques qui en découlent (prise de poids, rides, troubles physiques, sécheresse de la peau et des muqueuses…) font que la femme a bien du mal à s'habituer à ce nouveau corps et cette nouvelle image d'elle-même, qu'elle ne reconnaît plus ! Et si beaucoup se plaignent, lors de cette transition de la féminité, d'une baisse de désir sexuel, d'autres en revanche, voient leur libido grimper ! La ménopause leur apparaît alors comme une véritable renaissance. En effet, certaines se sentent, au contraire, débarrassées de cette responsabilité ou obligation d'être mères et s'autorisent enfin à être femmes. Comme elles sont plus libres, elles s'abandonnent plus facilement à une vie sexuelle active, découvrant parfois pour la première fois l'orgasme. Celles qui travaillent, s'entretiennent et surtout qui se sentent très épanouies au sein de leur couple, n'éprouveront pas bien entendu, le désir de succomber au petit démon.

Ne jamais se laisser aller

En revanche, celles qui vivent seules ou se sentent totalement délaissées ou dévalorisées par leur conjoint peuvent être tentées de trouver la compagnie réconfortante d'un jeune amant. 'Un homme, plus jeune à leurs côtés, explique dans son ouvrage, ' La femme en crise ', la psychanalyste, Catherine Bergeret-Amselkek, les maintient, les tire vers le haut, elles se sentent rechargées libidinalement à son contact, renarcissisées d'éveiller son désir.' En effet, un partenaire plus jeune, peut donc aider les femmes à réparer cette blessure narcissique, qu'elles traversent au moment de cette crise de milieu de vie. À leur procurer fierté et confiance en leur nouvelle féminité, puisqu'en continuant de faire activement l'amour, le corps s'épanouit et se raffermit. Et puis bien évidemment, à faire reculer les sentiments de vieillesse et de mort. Bref, à leur faire du bien ! Et qu'importe si finalement, comme on a coutume de le dire, la plupart de ces unions ne peuvent pas perdurer, puisque si la différence d'âge ne pose pas de problème dans l'instant présent, elle en pose forcément dans les années à venir. Et comme le dit, d'un air amusé, Caroline Weill : 'Une vie amoureuse, on n'a pas encore trouvé meilleur lifting, pour les femmes ! C'est comme un coup de blush.'

Sources

Côté santé, mai 2009.

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