Le déficit hormonal masculin lié au vieillissement : et si on s'en occupait ?

Publié par Dr Stéphanie Lehmann
le 11/12/2002
Maj le
4 minutes
Autre
L'homme vieillissant ne vit pas un bouleversement hormonal de la même ampleur que la ménopause féminine, mais la diminution de production de testostérone est responsable troubles réels, qu'il faut apprendre à reconnaître et à ne pas négliger. Dépister, évaluer et traiter si nécessaire une carence en hormone ne doit plus être l'apanage des femmes… Alors, oui à la parité !

L'andropause n'existe pas !

Ou plutôt, c'est le terme qui est impropre. Le déficit hormonal de l'homme ne survient pas brutalement et la production de testostérone n'est pas stoppée. Chez la femme, les ovaires cessent totalement de travailler, d'où le nom de ménopause. Chez l'homme, la diminution de testostérone permet quand même la conservation de la fonction de reproduction jusqu'à un âge très avancé. C'est pourquoi, on préfère donner un nouveau nom à ce phénomène : le DALA (Déficit Androgénique Lié à l'Âge).

Le DALA : quand faut-il y penser ?

La testostérone, sécrétée par les testicules, a une action directe sur bon nombre de tissus : les muscles, les vaisseaux, le foie, la prostate, les organes génitaux (verge et testicules), la glande mammaire, les os, la peau, les cheveux et le cerveau. Sa diminution progressive finit parfois par avoir des répercutions, d'importance variable et de fréquence non négligeable (de 34 à 55% des hommes de plus de 55 ans).L'apparition après la cinquantaine de troubles sexuels, d'une fatigue tenace, d'une baisse de résistance aux efforts, d'une diminution la masse musculaire, d'une augmentation de la masse graisseuse abdominale, voire d'une ostéoporose, doit pousser à envisager un bilan hormonal.

Des interprétations différentes selon les dosages

Le dosage sanguin de la « testostérone totale » est un bon examen de base, quand il est associé à la mesure de la SHBG (une molécule qui transporte la testostérone). Il est préconisé dans le cadre d'un dépistage de déficit hormonal. Le dosage de la testostérone dite « libre », moins fiable, est moins utilisée, car pouvant donner lieu à des interprétations parfois contradictoires.Le dosage de la « testostérone biodisponible » donne quant à lui un excellent reflet du potentiel hormonal. Cet examen, beaucoup plus coûteux et rarement demandé d'emblée, confirme cependant un dépistage positif (diminution de la testostérone totale).

Quand faut-il traiter ?

Quand on est certain que les troubles (notamment troubles de l'érection) sont liés au déficit hormonal et en absence de contre-indications.Une fois le manque en testostérone mis en évidence, il faut le confirmer par un nouveau dosage, associé cette fois à un bilan hormonal complet.Les contre-indications sont rares : le cancer de la prostate et du sein, l'adénome hypophysaire à prolactine (maladie endocrinienne). Avant l'instauration du traitement, on aura donc dépisté ces pathologies. La présence de problèmes prostatiques bénins ou l'obésité doivent conduire à des précautions d'emploi.

La surveillance du traitement est essentielle

Le traitement substitutif est un traitement à vie, mais les effets secondaires peuvent survenir bien des années plus tard. C'est pour cette raison qu'au troisième mois, puis de façon régulière (une fois par an), on réalise entre autres, le dosage de la fonction hépatique et du cholestérol.Trois à six mois sont en général nécessaires pour apprécier l'effet sur les troubles de l'érection. En cas d'échec, il est pourtant rare de voir les patients stopper leur traitement, tant l'effet semble favorable sur l'humeur et la sensation de bien-être.

Quelles formes galéniques choisir ?

Selon les déficits ou l'effet recherché (plus ou moins rapide), chacun peut choisir entre voie injectable ou voie orale. Mais les choses bougent très vite et d'autres formes d'utilisation de plus en plus confortables, qui existent dans d'autres pays, devraient être bientôt disponibles en France.

Prendre de l'âge est inéluctable. Les répercutions d'un vieillissement normal sur l'organisme le sont aussi. Pourtant, il faut apprendre peu à peu à distinguer ce qui n'est plus « normal » dans le déroulement des phénomènes liés au seul temps qui passe : c'est une démarche intellectuelle différente, qui n'a pour autant rien à voir avec la crainte de vieillir !Alors, avant de conclure hâtivement « c'est normal, c'est la vieillesse, il n'y a rien à faire », passez donc voir votre médecin de famille ou votre urologue…!

Sources

Massol P., Panorama du médecin, octobre 2002 ; 4863 : 74. Pariente J.L., Androgénothérapie : quels sont les risques ? Andrologie 2001 ; 11(3) : 150-154.

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