Le Coca-Cola démasqué

Publié par Gilles Goetghebuer
le 13/09/2005
Maj le
3 minutes
Autre
Beaucoup d'athlètes sont persuadés de trouver dans le Coca-Cola les constituants qui optimisent la performance sportive. Rien n'est moins sûr !

Le grand secret

Le Coca-Cola fut inventé le 8 mai 1886 par un pharmacien d'Atlanta nommé John S. Pemberton qui mélangea par erreur un sirop végétal à de l'eau gazeuse. Séduit par son goût, il décida de présenter sa découverte comme une "boisson hygiénique". Plus d'un siècle plus tard, on n'a toujours pas trouvé le moindre effet hygiénique au Coca ! Mais qu'importe : la mode était lancée et le Coca n'a plus cessé depuis d'engranger les succès. Quant à la formule du produit, elle fait l'objet du plus grand secret et est conservée dans le coffre d'une banque géorgienne sous le nom de code "7X". En fait, le mystère est très relatif. Sur le fond, la formule du Coca demeure assez classique : eau, sucre, acide phosphorique, arômes naturels. Seul le dosage exact des extraits végétaux conserve une part d'incertitude.

Le sucre inutile

Le Coca est une boisson peu recommandable pour l'effort. D'abord, il est trop pauvre en sodium, environ 40 mg/l, ce qui est notoirement insuffisant pour compenser les pertes minérales dues à la sueur. Lors d'efforts de longue durée, le risque de carence est réel. On trouve dans la littérature médicale la description de cas graves d'hyponatrémie(*) chez des athlètes buvant de préférence de l'eau plate ou du Coca. Si le Coca ne comporte pas suffisamment de sel, tout le monde sait en revanche qu'il est très riche en sucre. A raison de 85 grammes de sucre par litre, le Coca contribue d'ailleurs beaucoup au phénomène de prise de poids. Mais cette richesse calorique ne se transforme-t-elle pas en atout pour les sportifs confrontés à de grandes dépenses énergétiques ? Non. Car la concentration du produit est beaucoup trop élevée. Les phénomènes osmotiques produisent une entrée d'eau dans le tube digestif, ce qui, à l'effort, peut accroître les phénomènes de déshydratation et favoriser une diarrhée. Enfin, ce sucre est difficilement assimilable par l'organisme en raison de l'absence des vitamines B1 et B2 qui participent activement à la digestion.

Coca ou café ?

Pour beaucoup d'athlètes, la présence de caféine dans le Coca constitue un avantage. On lui prête de multiples vertus, comme par exemple celle de donner un "coup de fouet" dans les efforts de longue durée. Cette caféine a aussi la réputation de se diffuser très rapidement dans l'organisme. En réalité, c'est l'inverse qui se produit : pour une dose identique de caféine, le Coca produit un pic de concentration plus faible et plus tardif que le thé ou le café. On ne voit pas très bien comment cette cinétique particulière d'assimilation procure un avantage pendant l'effort. Finalement, le seul moment où l'on peut boire du Coca en toute sérénité, c'est après l'effort, pendant une période de 5-6 heures propice à la reformation du glycogène. Veillez toutefois à laisser passer une demi-heure à la fin de l'exercice. Le caractère extrêmement acidifiant de cette boisson risque sinon de contrarier l'élimination des déchets. En outre, l'organisme risque de mal supporter la prise d'un liquide très concentré et glacé de surcroît.

Mauvaises nouvelles pour les os

Non seulement le Coca-Cola n'est pas recommandé pour l'effort, mais en outre il ruine le squelette. Voilà ce qui ressort du travail d'une équipe de chercheurs du Massachusetts. Par une enquête alimentaire rétrospective très méticuleuse, les auteurs ont pu montrer l'existence d'une association très nette entre la consommation de boissons gazeuses au cola et les fractures osseuses. Le principal responsable serait l'acide phosphorique ajouté à la boisson pour une question de goût (le "piquant" du Coca). Mais cet ajout élève fortement les pertes urinaires de calcium, ce qui multiplie par trois le risque de fracture à partir d'une canette consommée quotidiennement.

(*) L'hyponatrémie décrit une baisse brutale du taux de sodium (Na) dans le plasma sanguin, très préjudiciable en raison de la chute de tension.

Sources

Wyshak G, Frisch RE: British J. Cancer, 54; J. Adol.Health, 15 (1986 et 1994).

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