Le cambriolage, une agression dont on ne sort pas toujours indemne

Publié par Dr Catherine Solano
le 29/09/2008
Maj le
3 minutes
Autre
500.000 cambriolages ont lieu chaque année en France, soit environ 1.400 par jour. Comment réagissons-nous face à cette agression ?

Notre domicile ne nous donne plus le sentiment de sécurité

Tout d'abord, l'effraction de notre domicile fait voler en éclat une partie de notre sentiment de sécurité.

Notre " chez-nous " était un lieu privé, intime et tout à coup, on s'apercoit que c'était une illusion. C'est comme si notre vision du monde pouvait basculer à cause de ce cambriolage.

Et cela peut être grave.

En effet, le sentiment de sécurité fait partie des besoins vitaux après ceux de boire, de manger, de dormir. S'il n'est pas satisfait, nous nous sentons mal, anxieux, et nous avons des difficultés à nous impliquer dans des projets. Comme la faim qui nous tenaille nous empêche de réfléchir, le sentiment d'insécurité nous empêche de dormir tranquille, de nous sentir en paix et de consacrer notre énergie à nos projets. Cette énergie est en partie engloutie par le stress.

Se faire cambrioler déclenche parfois un sentiment de viol

On constate que le logement est pour certaines personnes comme un prolongement d'elles-mêmes.

Comme si leur enveloppe corporelle s'étendait jusqu'à englober leur maison.

C'est pourquoi un cambriolage peut provoquer des réactions très violentes : " J'ai eu l'impression d'être violée " exprime Nathalie, " ils sont entrés chez moi comme si on forçait mon intimité ".

Ce sont exactement les mêmes termes qui sont parfois utilisés dans les viols : on dit aussi " forcer une femme " pour décrire cet acte criminel, ou " entrer en elle " pour exprimer la pénétration sexuelle, d'où un ressenti exacerbé. Les personnes ne ressentant pas l'extension de leur être à leur logement, ne décrivent pas ce même sentiment.

Le cambriolage peut entraîner un état de stress post traumatique

L'état de stress post traumatique peut exister après un cambriolage chez certaines personnes. Il s'agit d'un état de tension psychique où l'on est hanté par l'événement en cause et qui se manifeste par des cauchemars, des idées intrusives (on pense au cambriolage à n'importe quel moment de la journée et cette idée s'impose), une peur de la récidive….

Cet état se soigne particulièrement par les thérapies comportementales ou l'EMDR. Sans traitement, il peut persister une sorte de cicatrice émotionnelle, source de fragilité.

Cambriolage, le plus grave n'est pas le vol

La perte matérielle des objets volés est un problème, mais il n'est pas le plus important pour les victimes. " Le pire, c'est que j'ai perdu des choses que je ne pourrai jamais retrouver : des bijoux sans autre valeur que sentimentale car ils appartenaient à ma grand-mère. " C'est une constante, la perte d'une chaîne hi-fi ou d'une télévision, on s'en remet. Mais celle de photos, de lettres, d'objets connotés sentimentalement blesse de manière irrémédiable.

Le plus traumatisant

Pour 43 % des personnes, c'est la perte d'objets à caractère sentimental,

pour 38 % de savoir que des inconnus sont entrés chez elles,

pour 36 % les dégâts occasionnés,

pour 28 % les tracasseries administratives,

et pour seulement 17 % des gens le vol d'objets de valeur !

On voit bien que la valeur monétaire n'est pas la première préoccupation d'une personne qui vient de se faire voler. On peut même s'étonner que les tracasseries administratives soient ressenties comme plus désagréables que le vol lui-même !

Travail psychologique de "réparation" à faire sur soi

Finalement, quand on s'est fait cambrioler, on a tout un travail d'adaptation à faire. Il n'y a d'autre solution que d'accepter ce qui s'est produit. Il est difficile de l'accepter immédiatement et l'on a une sorte de travail de deuil à faire. Il est d'autant plus difficile que l'événement s'est révélé traumatisant. Il peut donc nécessiter un travail psychologique de réparation.

Notons encore que nous avons traité ici des cambriolages simples et non des agressions sur les personnes qui leur sont parfois associées et qui représentent un traumatisme beaucoup plus grave.

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