L'autopalpation des seins ne dépiste pas le cancer

Publié par Marion Garteiser
le 8/12/2008
Maj le
3 minutes
Autre
Pendant quelques années, l'autopalpation des seins a été conseillée aux femmes dans l'espoir qu'elle permettrait de détecter les lésions éventuelles plus tôt. Cet espoir s'est avéré sans fondement, mais l'autopalpation reste d'actualité.

L'autopalpation n'est pas un dépistage

Un examen peut être considéré comme un dépistage s'il répond à certains critères :

- la maladie recherchée est fréquente,

- le test est efficace et ne cause pas trop de "faux positifs",

- la détection précoce de la maladie améliore l'issue.

Or certains études concernant l'autopalpation ont conclu que dans le groupe des femmes qui pratiquaient l'examen la mortalité par cancer du sein n'était pas plus basse et, c'est encore plus significatif, les tumeurs n'étaient pas détectées à un stade plus précoce. En revanche le nombre de biopsies inutiles était fortement augmenté. La conclusion est claire : en tant qu'élément de la politique de dépistage, l'autopalpation des seins n'est pas efficace. Les gynécologue et associations de lutte contre le cancer ont donc cessé de la recommander officiellement.

Un examen personnel qui reste intéressant

Il ne faut cependant pas en déduire que l'autopalpation des seins est déconseillée par les médecins. En effet, certaines femmes se sentent rassurées si elles peuvent faire un contrôle de temps en temps; d'autres sont simplement attirées par cette manière de mieux connaître leur corps. Il n'est donc absolument pas interdit de faire l'autopalpation. Simplement, si vous avez envie de l'effectuer de temps en temps, faites-le dans les bonnes conditions… et suivez les conseils qui suivent.

Comment effectuer une bonne autopalpation?

Le bon timing

L'autopalpation doit être effectuée après les règles, entre le septième et le dixième jour du cycle. C'est à ce moment-là que la glande mammaire aura son aspect le plus lisse. Le reste du temps, l'influence des hormones peut créer des anomalies temporaires.

Commencer par l'inspection

Bras levés au-dessus de la tête, inspectez vos seins à la recherche de rétractation de la peau ou du mamelon, d'une asymétrie ou d'un sein voûté. Refaites la même inspection avec les mais sur les hanches, et tournez-vous un peu devant le miroir pour avoir différents angles de vue.

Choisissez le bon geste

Pour avoir une sensation bien précise, travaillez avec la pulpe de trois doigts - index, majeur et annulaire. Balayez toute la zone de la glande mammaire, qui va de la clavicule au pli sous le sein, et du sternum à une ligne verticale passant par l'aisselle, en faisant de petits cercles de la taille d'une pièce de deux euros à peu près.

Ne ratez rien

Pour vous assurer que vous balayez vraiment toute la zone, utilisez une de ces trois méthodes :

- une spirale qui commence au mamelon et s'éloigne petit à petit,

- des traits verticaux parallèles, du sternum vers l'extérieur du corps,

- des axes partant du mamelon, comme un soleil.

Pas de fausse sécurité

Pour être efficace, l'examen dans sa totalité prendra certainement plusieurs minutes. Mais même si vous le faites très soigneusement, n'imaginez surtout pas qu'il peut remplacer un suivi régulier par votre médecin !

Faire une mammographie régulière est la méthode de référence qui permettra de détecter un cancer avant qu'il n'ait progressé suffisamment pour être dangereux.

Dans le cadre du dépistage organisé, la mammographie est recommandée tous les deux ans à partir de 50 ans. Dans un cadre individuel et en cas d'antécédent familial, le dépistage mammographique peut débuter bien avant la cinquantaine et être précédé d'une échographie mammaire.

Sources

Kosters, J. The Cochrane Library, 2008, n°3.

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