L’automédication en toute sécurité

Qu’est-ce que l’automédication ?
L'automédication a été définie en France par le Conseil de l’Ordre des médecins comme étant «l’utilisation, hors prescription médicale – par des personnes pour elles mêmes ou pour leurs proches et de leur propre initiative – de médicaments considérés comme tels et ayant reçu une autorisation de mise sur le marché, avec la possibilité d’assistance et de conseils de la part des pharmaciens.» Concrètement, le patient se soigne de manière autonome, en se procurant son traitement en officine, sans consulter de médecin.
Comment appelle-t-on les médicaments disponibles dans ce cadre ?
Le marché de l’automédication regroupe les médicaments dits de Prescription Médicale Facultative (PMF). Dans cette catégorie, figurent à la fois des médicaments remboursables (dit «semi-éthiques») et non remboursables (dits «d’automédication stricte»). Les PMF peuvent être obtenus sur prescription (et donc remboursés s’ils sont remboursables) ou sans prescription, directement auprès de l’officine (et donc, non remboursés). D’après l’avis du 27 mai 2005 du Bulletin Officiel, les spécialités dites de PMF doivent être composées de substances actives ayant un rapport efficacité/sécurité favorable pour une utilisation en automédication ; un conditionnement adapté à la posologie et à la durée du traitement.
Ces spécialités doivent aussi apporter une information compréhensible pour le patient (notice) lui permettant de juger de l’opportunité de son traitement, de comprendre son mode d’utilisation. Et de connaître les signes dont la survenue doit inciter à demander l’avis d’un médecin.
Quelle est la condition indispensable pour s’automédiquer en sécurité ?
Le préalable à la pratique de l’automédication, c’est la reconnaissance par le patient du symptôme ou de la maladie qu’il veut soigner.
- Pour certains petits troubles courants (rhume, constipation passagère, intoxication alimentaire...), les symptômes sont classiques : douleurs, fièvre, toux, dérèglements intestinaux.... Le grand public peut, ainsi, choisir son traitement – parmi les médicaments de PMF – en bénéficiant uniquement du conseil de son pharmacien.
-Autre cas de figure : le patient souffrant d’une affection bénigne, qu’il connaît bien (conjonctivite, rhinites, règles douloureuses...) a souvent déjà obtenu un diagnostic de la part de son médecin. Pour éviter une nouvelle consultation médicale, il peut se procurer directement son médicament de PMF en officine.
Dans quels cas faut-il éviter l’automédication ?
Lorsqu’un patient souffre de symptômes peu courants – qu’il ne connaît ou ne reconnaît pas –, il doit impérativement consulter un médecin pour obtenir un diagnostic. En cas de doute sur un symptôme ou sur une maladie, le pharmacien a aussi le devoir d’orienter son client vers un médecin, seul professionnel de santé pouvant prendre la responsabilité de poser un diagnostic.
Aujourd’hui, en France, un pharmacien sur deux a mis en place un espace libre accès dans son officine. Cela signifie qu’une partie des médicaments de PMF sont désormais disposés devant le comptoir du pharmacien et donc, directement accessibles aux clients. Pour ces médicaments en libre accès, le pharmacien a-t-il l’obligation de délivrer un conseil ?
Absolument, le conseil du pharmacien est indispensable pour tous les médicaments accessibles sans prescription médicale. Il permet de minimiser les risques pour la santé du patient. Le libre accès a été mis en place par décret, il y a près de deux ans, avec l’objectif de faciliter la visibilité, en officine, des spécialités disponibles via l’automédication. Mais, il ne dispense nullement le pharmacien de son rôle de conseil : celui-ci doit être adapté à la situation. Dans le cas d’un patient connu du pharmacien et qui utilise régulièrement le même médicament, ce conseil peut être réduit. Mais pour un patient de passage que la pharmacien connaît peu ou pas du tout, le conseil est extrêmement important.
Outre la nécessité d’un diagnostic préalable et du conseil pharmaceutique, quelles sont toutes les mesures que le patient peut prendre pour s’automédiquer sans risques ?
Un patient responsable doit toujours signaler à son pharmacien tous les médicaments (allopathie, homéopathie, phytothérapie...) et compléments alimentaires qu’il prend. Cela permet d’éviter les interactions médicamenteuses. Le problème actuel provient notamment du fait qu’un même principe actif est souvent présent sous de nombreux noms de spécialité. Par exemple, une centaines de médicaments dont les noms diffèrent comprennent du paracétamol. Résultat : les patients cumulent parfois la prise de plusieurs médicaments contenant du paracétamol, sans le savoir. Ils doivent donc être particulièrement vigilants aux molécules contenues dans les médicaments qu’ils utilisent. Les patients doivent également être capables de bien lire et de comprendre la notice des médicaments qu’ils se procurent sans prescription médicale. Enfin, rappelons-le : certains sites Internet spécialisés en santé ne sont pas sérieux. Le grand-public doit consulter, de préférence, les sites labellisés HON (Health On The Net) garantissant un minimum de sécurité sur leur qualité rédactionnelle.
Je bouquine…
Le Guide de l’Automédication, Vidal : 2 000 fiches précisant les indications, la posologie, les précautions d’emploi des médicaments sans ordonnance.
*Source : Étude T.Nelson, Sofres.
Sources
Côté santé