L’asthme : le point de vue du pneumologue

Quels sont les enjeux aujourd’hui ?
Aujourd’hui, dans le monde et en France, les enjeux de l’asthme sont très importants. Deux raisons principales à cela :
- La fréquence de la maladie : la France compte plusieurs millions d’asthmatiques, et plusieurs centaines de millions dans le monde. Environ, 4 millions de personnes sont concernées en France et 400 millions dans le monde.
- L’enjeu individuel : encore aujourd’hui, des personnes meurent d’asthme, y compris en France. Et indépendamment du risque de décès, l’asthme peut devenir chroniquement invalidant par le biais d’une insuffisance respiratoire. En effet, le traitement dont on dispose ne fait que stabiliser la maladie, rarement la guérir totalement.
Quels sont les nouveaux comportements à préconiser pour faire face à l’asthme ?
Le premier élément de comportement est préventif. Il repose sur l’éviction, qui consiste à éviter d’être en contact avec des produits toxiques susceptibles d’être inhalés. Au niveau individuel, c’est essentiellement l’inhalation du tabac même si l’asthme n’est pas une maladie liée au tabac. Mais c’est également l’inhalation d’allergènes, lesquels vont entraîner une cascade biologique de phénomènes inflammatoires. Il faut évidemment éviter tout autre polluant professionnel et environnemental, ce qui reste beaucoup plus facile à faire en théorie qu’en pratique. D’ailleurs, il existe un certain nombre d’asthmes professionnels reconnus comme tels et figurant sur un tableau de maladies professionnelles.
Le deuxième élément de comportement est d’inciter à consulter son médecin en cas de suspicion d’asthme afin d’entreprendre des tests simples pour confirmer le diagnostic.
Le troisième volet comportemental porte sur l’observance du traitement. Lorsque celui-ci est nécessaire, il convient de le prendre le plus sérieusement possible (quand prendre son traitement, quel dosage, quelle durée, etc.). Les données sont nombreuses montrant que la bonne prise des médicaments améliore le pronostic, diminue le risque de handicap, voire de décès.
Or l’observance est mauvaise. De multiples raisons à cela. La première est le manque d’informations. Un autre élément particulier dans l’asthme est que la personne touchée ne ressent pas le besoin d’un traitement régulier quotidien puisque bien souvent la maladie ne le gêne que de temps en temps. Le rôle des soignants dans ces conditions est d’informer de façon personnalisée sur les risques d’une obstruction bronchique irréversible et de faire prendre conscience au soigné de l’intérêt qu’il a à prévenir cette évolution. Le soigné doit être partie prenante dans sa prise en charge. Enfin, l’asthme est une maladie qui touche plus souvent les jeunes donc des personnalités moins soucieuses de leur santé ou plus révoltées devant l’injustice de la maladie.
Quelles sont les avancées médicales qui se dessinent aujourd’hui autour de l’asthme ?
Les avancées médicales portent essentiellement sur les traitements puisque le diagnostic de l’asthme est dans la grande majorité des cas très simple. On dispose aujourd’hui pour la plupart des asthmatiques de médicaments très efficaces. Il suffit qu’ils soient bien pris, c’est-à-dire que l’observance dont on vient de parler soit bonne. Mais il faut également acquérir une bonne technique de prise du médicament puisque le plus souvent il est pris par voie inhalée, nécessitant l’utilisation d’un appareil (inhalateur).
Néanmoins, il reste un petit pourcentage d’asthmatiques chez qui, même bien pris, le traitement traditionnel ne permet pas de contrôler la maladie. Que faire dans ces cas ? Avant tout, une démarche pour mieux comprendre ce qui s’oppose au bon contrôle de la maladie : il faut vérifier l’absence de facteurs associés (infections dentaires ou ORL, reflux gastro-œsophagien, prise de poids…) ou déclenchant de la maladie (exposition au tabac, facteurs environnementaux, professionnels…), vérifier que la maladie est bien un asthme et non d’une autre maladie respiratoire.
Dans les cas restant mal contrôlés, on peut recourir à des centres experts.
Des médicaments spécifiques sont actuellement en développement, comme des anticytokines, certains médicaments spécifiques sont déjà utilisés depuis plusieurs années comme des traitements anti-IgE.
La thermoplastie endo bronchique est une technique, réservée à des cas très particuliers. Elle consiste à brûler via des microondes les fibres musculaires épaissies qui rétrécissent les bronches de l’asthmatique. On améliore ainsi le calibre des bronches rétrécies.
Après les traitements du futur, petit rappel sur les traitements actuels
Les traitements traditionnels reposent sur deux grandes classes thérapeutiques, le plus souvent utilisés par voie locale (c’est-à-dire en inhalation) pour limiter les effets secondaires généraux.
- Les bronchodilatateurs :
- d’action rapide et courte, ils représentent le traitement de base de la crise (exemple le Salbutamol) ;
- d’action prolongée, ils permettent en une ou deux prises quotidiennes de limiter le spasme bronchique (Formotérol, Salmétérol, anticholergiques).
- Les anti inflammatoires :
Les anti inflammatoires inhalés à prendre tous les jours sont à base de corticoïdes, mais à faibles doses car ce sont des molécules extrêmement puissantes.
Dans cette classe, nous disposons de médicaments par voie orale d’action ciblée, comme les antileucotriènes. Ils peuvent être un traitement de l’asthme allergique ou de certaines rhinites (« rhume des foins »), et sont volontiers utilisés chez l’enfant, car simple à prendre et pratiquement dénués d’effets secondaires.
Dans certains cas, on peut recourir à la désensibilisation, surtout intéressante lorsque que le nombre d’allergènes qui entraînent l’asthme est limité, et chez des asthmatiques stabilisés.
Sources
Dr Gilles Jébrak, pneumologue à l’hôpital Bichat Claude Bernard à Paris