La salive en 5 questions/réponses

Publié par Dr Christelle Pierrot
le 15/10/2015
Maj le
6 minutes
femme tient une main dans la surprise
Autre
Notre bouche est le théâtre quotidien de phénomènes chimiques et biologiques multiples conditionnés par la salive, un suc sécrété par les glandes salivaires.  Son rôle physiologique essentiel au corps humain comporte dans le même temps un risque pour la santé puisqu’elle peut véhiculer des agents pathogènes responsables de diverses maladies.

C’est quoi, la salive ?

La salive est un liquide incolore, véritable cocktail composé d’eau à 99%, et pour le reste d’ions (potassium, sodium, chlore, etc.), de glucides (sucres), de lipides (graisses), de protéines telles que les enzymes salivaires, des hormones, des immunoglobulines, de mucine salivaire responsable de sa viscosité. On compte 3 000 déglutitions salivaires quotidiennes (2 par minute en moyenne chez l’adulte). Un individu produit en moyenne tout au long de sa vie 30 000 litres de salive.

Comment produit-on de la salive ?

Nos glandes salivaires sécrètent en moyenne 1 litre de salive par 24 heures. Cette production est variable selon les moments de la journée : elle est importante au cours des repas, et minime la nuit (environ 10 ml en 8 heures de sommeil). Il s’agit à la fois d’un acte réflexe (donc contrôlé par le système nerveux autonome), mais il existe aussi une composante culturelle acquise (réflexe de Pavlov). La production de salive peut être augmentée simplement par la pensée, la salivation n’est pas qu’un acte réflexe, il a une composante culturelle acquise qui fait qu’à la simple évocation d’une délicieux gâteau, on en a « l’eau à la bouche » !

A quoi sert la salive ?

La salive a plusieurs rôles :

  • un rôle de lubrifiant essentiel pour la parole et la déglutition en humidifiant la muqueuse de l’intérieur de la bouche et de la gorge
  • un rôle dans la digestion des aliments, via les enzymes salivaires qui broient sucres et matières grasses ; il s’agit de la première phase dans le processus de digestion !
  • un rôle de protection microbienne : la salive présente un système antimicrobien très efficace, neutralisant ainsi une grande partie des virus et bactéries qui rentrent par notre bouche
  • un rôle dans la santé dentaire : par sa capacité à éliminer des germes, la salive permet aussi d’éviter la formation de caries. Par ailleurs, la salive diminue l’acidité des aliments, protégeant ainsi l’émail dentaire. La salive maintient un pH optimal, sachant qu’un pH plus acide conduit à la déminéralisation de l’émail, et qu’un pH plus basique entraîne la formation de tartre
  • un rôle de renouvellement tissulaire de la muqueuse de la bouche grâce aux facteurs de croissance hormonaux présents dans la salive, et aux facteurs d’accélération de la cicatrisation
  • un rôle dans la sensation gustative : les bourgeons gustatifs fonctionnent uniquement en milieu liquide, la salive leur permet ainsi de pouvoir jouer leur rôle de « goûteurs »

Quelles maladies peuvent être transmises par la salive ?

  • La maladie N°1 en termes de transmission salivaire est nommée, à juste titre, « la maladie du baiser » : il s’agit de la mononucléose infectieuse. Elle est virale et causée par l’EBV (Epstein-Barr Virus).
  • Viennent ensuite certaines maladies qui peuvent se transmettre par la salive, mais aussi par la toux, les éternuements : la grippe (maladie virale), la tuberculose (maladie bactérienne).
  • Très fréquent aussi, l’herpès : le virus HSV (Herpès Simplex Virus) est responsable d’un bouton contagieux sur la lèvre (appelé bouton de fièvre), mais le virus est également présent dans la salive et on peut être contaminé même sans lésion cutanée.
  • En dehors des virus et des bactéries, il est possible également d’attraper des mycoses via la salive de quelqu’un ayant une mycose buccale.
  • Le virus de l’hépatite B (VHB) se transmet volontiers par la salive : l’hépatite B est une pathologie touchant le foie, qui peut être aiguë ou devenir chronique.
  • Important : le virus de l’hépatite C (VHC) et le VIH (Virus de l’Immunodéficience Humaine responsable du SIDA) ne se transmettent pas par la salive, mais par le sang.

Que peut-on détecter en faisant un test salivaire ?

Le test salivaire présente l’avantage d’être facile à réaliser et de ne pas être douloureux. On peut y rechercher la présence de certaines drogues :

  • le cannabis est mis en évidence dans la salive en moyenne de 3 à 6 heures après consommation
  • la cocaïne est détectée dans la salive 4 à 12 heures après
  • les amphétamines sont détectables durant 2 jours en moyenne
  • les opiacés peuvent aussi être mis en évidence (le test salivaire est positif durant moins d’une heure pour l’héroïne injectée en intraveineux mais jusqu’à 12 heures pour la morphine).
  • Ce test salivaire nécessite quand même un contrôle sanguin quand il s’avère positif
  • Des études sont en cours pour certains marqueurs tumoraux qui pourraient permettre un diagnostic de cancer de façon plus précoce en analysant la salive, notamment pour les cancers de la bouche.
  • Certains tests hormonaux figurent également dans l’indication du test salivaire.
  • Enfin, on a vu apparaître récemment en pharmacie des tests salivaires pour le VIH : ils ne sont toutefois utilisables que deux ou trois mois après la transmission du virus, durée nécessaire pour que les anticorps spécifiques produits en cas d'infection au VIH soient détectables. Le résultat est obtenu en 30 minutes.

Nos conseils pratiques

  • Une bonne hygiène buccodentaire, comprenant le brossage des dents deux fois par jour avec un dentifrice à base de fluor, et ce dès l’âge de 2 ans, est très importante. Pensez aussi à rendre visite à votre dentiste régulièrement.
  • Il faut penser à bien boire de l’eau régulièrement, en évitant le café en excès (la caféine est un agent déshydratant), ainsi que toutes les boissons sucrées et les sodas.
  • Pensez à bien mâcher les aliments avant de les déglutir, ils s’imprègneront ainsi de salive, ce qui permettra de débuter la digestion dans de bonnes conditions.
  • Si un traitement introduit récemment vous donne l’impression de trop ou pas assez saliver, parlez-en à votre médecin, il est souvent possible de changer pour un autre médicament qui n’aura pas forcément les mêmes effets secondaires et sera ainsi mieux supporté.
  • Ne laissez jamais dormir votre enfant avec un biberon d’eau sucrée ou un biberon de lait dans son lit à portée de main, car ça a pour effet de diluer la salive, la rendant toxique pour ses petites dents qui vont alors s’éroder. Les multiples caries dentaires ainsi formées (principalement sur les dents supérieures) se nomment « syndrome du biberon » et sont compliquées à traiter.
  • Il vaut mieux ne pas embrasser sur la bouche quelqu’un qui est malade en général ou qui présente un bouton de fièvre pour éviter des déconvenues… De même, si vous êtes parent et que vous êtes malades (herpès, rhume, grippe,…), évitez d’embrasser votre enfant sur la bouche (d’autant plus s’il s’agit d’un bébé) pour éviter de lui transmettre vos microbes.
  • Pensez à revoir vos vaccinations et celles de vos enfants (notamment contre l’hépatite B).

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