La rétinopathie diabétique : le diabète est la première cause de cécité chez l'adulte

Publié par Dr Sylvie Coulomb
le 15/01/2001
Maj le
4 minutes
Autre
Les lésions vasculaires de la rétine liées au diabète évoluent à bas bruit et ne se révèlent que tardivement. Mais malheureusement, il est alors le plus souvent trop tard, le déficit visuel voire la cécité étant définitifs. C'est pourquoi il est indispensable que le patient diabétique ait un examen ophtalmologique tous les ans ou tous les deux ans afin de dépister les lésions vasculaires microscopiques débutantes de la rétine. La prévention de la rétinopathie diabétique passe avant tout par le contrôle rigoureux de la glycémie et de la pression artérielle.

Les spécialistes du diabète constatent que malheureusement en France, les diabétiques, et particulièrement ceux de type 2 ou non insulinodépendants, ont un suivi insuffisant ou inadapté. En ce qui concerne l'œil, il apparaît que le diabète est le principal responsable de cécité acquise dans l'ensemble des pays occidentaux. Nous disposons pourtant aujourd'hui de moyens de surveillance et de traitement efficaces du diabète qui font qu'il n'est pas tolérable de voir un patient diabétique atteint d'un déficit visuel définitif. Il est donc essentiel de prendre conscience de l'importance du dépistage et du suivi du diabète.

La microangiopathie diabétique atteint aussi la rétine

La microangiopathie correspond à l'altération progressive des petits vaisseaux (capillaires et artérioles), et entraîne des complications au niveau de l'œil (rétinopathie), du rein (néphropathie) et des fibres nerveuses (neuropathie). La microangiopathie provoque une dégénérescence de la paroi des vaisseaux, à l'origine de dilatations (micro-anévrismes), d'oedèmes et d'une irrigation insuffisante des tissus (ischémie). Ces lésions sont liées à l'hyperglycémie chronique (excès de sucre dans le sang) et donc spécifiques du diabète. Certes, l'incidence de la microangiopathie est moins élevée chez les diabétiques de type 2 ou non insulinodépendants que chez les diabétiques insulinodépendants (type 1). Cependant, en raison du nombre beaucoup plus élevé des premiers, de la surveillance trop permissive et d'un traitement mal suivi, ils constituent le contingent le plus important des diabétiques handicapés visuels ou aveugles.

Les complications surviennent brutalement et tardivement

Les lésions de la rétine spécifiques du diabète n'apparaissent généralement qu'après plusieurs années d'évolution de la maladie (on parle de complication évolutive sur 15 à 20 ans). Elles sont déjà présentes chez 15 à 20% des patients diabétiques de type 2 lors du diagnostic de la maladie. Elles sont précipitées en cas de traitement incorrect, d'une hyperglycémie et/ou d'une hypertension artérielle non contrôlée. Au stade initial comme à celui, plus évolué, de la rétinopathie proliférante (avec présence de néovaisseaux), le patient ne constate pas de trouble de la vue. La baisse de l'acuité visuelle, généralement importante, survient souvent de façon brutale en raison d'hémorragies de la rétine ou du vitré, liées à la rupture des néovaisseaux. Un oedème de la région maculaire ou une cataracte (le cristallin devient opaque) peuvent également être responsables d'une dégradation de la vision.

Un examen opthalmologique très régulier est indispensable

Dès la découverte du diabète, seul un examen des yeux permet de dépister les lésions débutantes de la rétine ou celles plus évoluées pouvant menacer la vue. La Haute autorité de santé (HAS) recommande un examen tous les 2 ans ou tous les ans pour les diabétiques dont la glycémie est mal contrôlée ou en cas d’hypertension.

Le dépistage de la rétinopathie diabétique se fait soit par photographie du fond d’œil avec ou sans dilatation, pupillaire, soit par ophtalmoscopie indirecte à la lampe à fente avec dilatation pupillaire.

Au stade de la rétinopathie débutante, le traitement médical peut suffire et consiste à donner des antiagrégants plaquettaires. A un stade ultérieur, les saignements des néovaisseaux doivent être prévenus par la photocoagulation au laser, qui consiste à détruire les zones mal irriguées et oedémateuses de la rétine, ce qui permet de cicatriser les lésions et d'empêcher la formation de nouveaux vaisseaux. En cas de cataracte, le traitement chirurgical permet au patient de récupérer une vision normale, en l'absence de lésions graves de la rétine.

Seul le traitement correct du diabète peut prévenir le risque de rétinopathie

Il est essentiel que le diabète soit équilibré de façon extrêmement rigoureuse et de permettre ainsi que l'évolution des lésions vasculaires soit retardée ou stabilisée le plus possible. Le traitement du diabète implique également de rechercher et de traiter d'autres facteurs de risque vasculaires, en particulier l'hypertension artérielle, dont l'existence favorise la survenue des lésions de la rétine. La surveillance ophtalmologique doit évidemment être poursuivie tout au long de la vie du patient diabétique.

Sources

Recommandations de l'ANAES. La Revue du Praticien, 8 février 1999. Diabète de type 2. Micro-angiopathie diabétique. La Revue du Praticien-Médecine Générale, 1999.

 

La rétinopathie diabétique et les maladies des yeux

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