La pyromanie, quand le besoin de mettre le feu est irrépressible...

La pyromanie est connue depuis la nuit des temps. Aucun manuel de psychiatrie ou de médecine légale n'omet d'en donner la définition. Pour autant, la psychologie des pyromanes est peu étudiée et nos connaissances restent plutôt descriptives. L'énigme de la pyromanie n'est pas à ce jour parfaitement élucidée
La pyromanie est un trouble du contrôle des impulsions
Pour repérer les différentes maladies psychiatres, les spécialistes se réfèrent à un système de classification des affections mentales, dénommé le DSM. La pyromanie y est classée dans le chapitre des troubles du contrôle des impulsions, au côté du jeu pathologique (envie irrépressible de jouer - jeux d'argent-), de la kleptomanie (envie irrépressible de voler), de la trichotillomanie (envie irrépressible de s'arracher les cheveux) et du trouble explosif intermittent (perte de contrôle des impulsions agressives conduisant à des destructions de biens ou à des actes de violence contre des personnes).Tous ces troubles ont en commun* :
- une impossibilité de résister au besoin ou à la tentation de commettre un acte dommageable (mettre le feu, être violent, voler ) pour l'individu lui-même ou pour autrui ;
- une tension physique et psychologique avant de passer à l'acte prémédité ou non ;
- une sensation de plaisir ou de soulagement une fois l'acte commis, avec parfois dans un deuxième temps, du remord ou de la culpabilité.
Le pyromane éprouve un besoin irrépressible de mettre le feu
Plus spécifiquement, le pyromane ressent un besoin irrépressible d'allumer des feux sans arriver à se contrôler. L'acte en lui-même, souvent prémédité, ne comporte pour autant aucune intention particulière : il ne s'agit pas d'en trouver un quelconque bénéfice économique ou de régler un conflit avec une personne. Au contraire, c'est le feu en lui-même qui le fascine ; il ressent du plaisir à contempler l'incendie. Cette fascination pour le feu explique, pour une part, que les pyromanes soient souvent des pompiers volontaires ou de métier. Par ailleurs, il n'est pas rare d'arrêter le pyromane, qui loin de tenter de se dissimuler, reste sur les lieux de son crime Souvent, c'est même lui qui donne l'alarme, voire qui vient en aide aux victimes ou aux secouristes. Paradoxalement, il ne se montre pas particulièrement affecté par les dégâts, les blessures, voire les décès, que son acte a entraîné, comme s'il n'avait aucune conscience de sa responsabilité.
La pyromanie se révèle généralement vers l'adolescence
La pyromanie concerne essentiellement des hommes (à l'inverse de la kleptomanie, qui est plutôt féminine !). Ce trouble peut débuter dès l'enfance, mais il se manifeste plus souvent à l'adolescence ou en début de vie adulte. Généralement, avant de passer à l'acte, le futur pyromane est déjà fasciné par les incendies. Son intérêt se révèle par le choix de ses lectures, des objets qu'ils affectionnent, par le thème récurrent du feu dans les discussions avec ses amis, et parfois, par le choix de devenir pompier, le meilleur des métiers pour approcher les incendies ! Compte-tenu des conséquences gravissimes de ce trouble, dès les premiers signes, un suivi psychiatrique s'impose.
Le pyromane n'est pas un criminel, mais le code pénal ne l'oublie pas
Le pyromane n'est pas considéré par la loi comme un incendiaire criminel. Il est néanmoins passible de lourdes peines. Jacques Chirac l'a rappelé récemment face à la vague exceptionnelle des incendies. En s'adressant aux procureurs, il a déclaré : « infligez aux coupables des sanctions d´une extraordinaire gravité ». Le Code pénal considère en effet que les incendies volontaires sont des faits gravissimes et prévoit un arsenal de peines très dissuasives. Par exemple, en cas de mort, le pyromane encourt la perpétuité et une amende de 150.000 euros. Toute la difficulté pour le magistrat est de déterminer la part de responsabilité (selon le critère de discernement) du pyromane, qui relève tantôt de la prison, tantôt d'un placement en psychiatrie, puisque selon le même Code Pénal « n'est pas pénalement responsable la personne qui était atteinte, au moment des faits, d'un trouble psychique ou neuropsychique ayant aboli son discernement ou le contrôle de ses actes. »
* D'après Psychiatrie, J.D Guelfi, PUF fondamental.