La pilule contraceptive est aussi bonne pour la santé

Publié par Dr Philippe Presles
le 9/07/2013
Maj le
3 minutes
récipient de pilule de contrôle des naissances
getty
Effrayées par les risques de thrombose veineuse liés à la prise des pilules de 3ème génération, de nombreuses femmes ont soit changé de pilule, soit arrêté la pilule. Une étude américaine nous rappelle que la pilule a aussi un effet protecteur intéressant à connaître contre le cancer de l’ovaire.

Des risques thromboemboliques très liés aux facteurs de risques cardiovasculaires

La panique engendrée par l’annonce de quelques cas d’accidents thromboemboliques sous pilule permit de bien redéfinir les bonnes pratiques de prescription médicale de la contraception. Elle a aussi permis d’obtenir enfin de vrais chiffres sur l’ampleur du problème. Ce n’est en effet que le 26 juin que le rapport final de la Sécurité sociale a rendu publics les chiffres officiels de tels accidents en France. La logique d’accès libre aux données publiques (ou open data) n’est en effet pas en place en France et seuls les organismes publics ont accès aux données de prescription médicale (SNIIRAM ou base de données de l’Assurance maladie).

Il en ressort que ces accidents thromboemboliques, comme l’embolie pulmonaire, l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral, sont effectivement doublés avec les pilules de 3ème génération, par rapport aux pilules de 2ème génération, comme les travaux scientifiques le laissaient déjà entendre. Il en ressort ainsi que ce risque est de 50 cas pour 100.000 personnes-années pour les 3ème génération contre 25 cas pour 100.000 personnes-années pour les 2ème génération. Ce risque est surtout important en début de traitement et en cas d’association avec d’autres facteurs de risques cardiovasculaires comme le tabagisme, l’hypertension, le diabète, et aussi l’âge.

Plus de pilules de 2ème génération et moins de pilules de 3ème génération

Ce constat a chamboulé la prescription de contraception en France, les pilules de 3ème et 4ème génération ayant beaucoup reculé, alors que celle des pilules de 1ère et 2ème génération a beaucoup monté. Les autres modes de contraception dont les dispositifs intra-utérins (ou stérilets) ont aussi beaucoup monté, ce qui explique qu’au final la prescription des pilules a diminué de 2,4 % en général.

Mais on peut aussi avoir une lecture positive de ce phénomène. En effet, pour une femme qui supporte bien sa pilule et qui ne présente pas de risque cardiovasculaire particulier, le risque d’accident thromboembolique reste très faible et est contre balancé par une protection contre le cancer de l’ovaire.

Une protection importante contre le cancer de l’ovaire

La pilule a en effet pour avantage accessoire de mettre les ovaires au repos et de diminuer le risque de faire ce type de cancer. Une étude américaine vient même de montrer que plus une femme prenait longtemps la pilule, plus son risque de cancer de l’ovaire diminuait. Ce risque diminue ainsi de 23 % après 1 an de pilule, de 35 % après 5 années de pilule et de plus de 50 % après 10 années de pilule.

Cette protection est très appréciable, car en France le cancer de l’ovaire concerne 4620 cas par an (Chiffres 2011) avec une mortalité élevée de 3150 décès. Et ce phénomène s’observe aussi dans les statistiques. Ainsi selon l’Institut national du cancer, si ce cancer continue à augmenter encore un peu chez les femmes de plus de 65 ans, il est en nette diminution depuis 20 ans (1988-2008) chez les femmes de 30 à 44 ans (de -50% à -45 %) et en forte baisse chez les femmes de 45 à 64 ans (de -36% à -20%). La génération pilule fait moins de cancers de l’ovaire… La génération pilule est aussi mieux suivie médicalement, ce qui constitue un atout important pour la santé en général.

Source :

- Havrilesky LJ et al. Obstet Gynecol. 2013 Jul;122(1):139-147.

- Risque d’embolie pulmonaire, d’accident vasculaire cérébral ischémique et d’infarctus du myocarde chez les femmes sous contraceptif oral combiné en France : une étude de cohorte sur 4 millions de femmes de 15 à 49 ans à partir des données du SNIIRAM et du PMSI/ CNAM Rapport final 26 juin 2013.

Partager :