La nintendinite : canular ou vraie maladie du joueur sur console ?

La nintendinite, un trouble musculosquelettique lié aux jeux vidéo
Face à la multiplication des cas recensés par les chirurgiens, des chercheurs néerlandais ont franchi le pas en officialisant l’existence de la « nintendinite ».
Il s’agit de troubles musculosquelettiques liés à l’usage assidu de la manette d’une console de jeux. Les joueurs sur la console japonaise Nintendo rapportent des douleurs dans les pouces, les mains ou les poignets. Ces douleurs peuvent être soulagées par le repos ou la prise de médicaments anti-inflammatoires.
Une nouvelle maladie ?
Le premier cas de nintendinite remonte à l’année 1990. Il s’agissait alors d’une femme de 35 ans souffrant de douleurs intenses au niveau du pouce après avoir joué pendant 5 heures consécutives sur une Nintendo. Depuis, les cas n’ont pas cessé de se multiplier. On constate par ailleurs une évolution des troubles pathologiques au gré des nouvelles versions des consoles. C’est ainsi qu’après la Super Nintendo, la nouvelle Nintendo 64, conçue de façon plus ergonomique, présente aussi ses inconvénients et notamment des brûlures au creux de la paume des mains liées aux rotations de la nouvelle manette avec joystick à 360°. En effet, pour des questions de rapidité, les joueurs tendent à ne pas utiliser leur pouce pour actionner le joystick mais la paume de leur main, l’exposant à des ulcérations… Le nombre de plaintes a d’ailleurs incité Nintendo à proposer aux joueurs de porter un gant spécial de protection.
La Wii Sports…
La Wii apporte elle aussi son lot de troubles et de traumatismes, avec notamment la Wii Sports qui invite le joueur à mimer toutes sortes d’activités physiques susceptibles de solliciter l’ensemble du corps. Selon l’intensité, la justesse et la répétitivité des mouvements effectués, le joueur peut se blesser ou développer divers types de troubles, dont des tendinites, mais aussi des hématomes, des lacérations, des traumatismes péri-orbitales (le joueur se cognant l’œil avec la manette), voire des fractures en cas de chute.
La première qui a été décrite, alors dénommée « wiitite », était une tendinite aiguë de l’épaule. Elle a été suivie d’un syndrome du canal carpien contracté au bowling (6 à 8 heures par jour pendant une dizaine de jours). Entre abus et maladresse, au total, l’analyse de la littérature sur le sujet comptabilise une quarantaine de blessures différentes recensées dans le monde.
Bien d’autres troubles étonnants…
D’autres troubles encore plus étonnants ont été rapportés, comme des ruptures du tendon d’Achille avec la Wii Sports ou encore des cas d’énurésie chez des enfants. Totalement absorbés par leur jeu de type Super Mario Bros, ces enfants ne répondent pas aux signaux envoyés par leur vessie et oublient tout simplement d’aller aux toilettes…
Faut-il bannir les consoles de jeux ?
Que retenir en pratique ? Qu’un homme ou une femme avertie en vaut deux ! Plutôt que de déconseiller les consoles de jeux, qui, outre l’amusement peuvent par ailleurs rendre bien des services (amélioration de la mémoire, des réflexes, de l’équilibre, ralentissement des maladies neurodégénératives de type Alzheimer, atténuation des douleurs chroniques, etc.), il est recommandé d’apprendre à maitriser ses comportements : limiter le temps de jeux et faire très régulièrement des pauses… S’il s’agit d’un jeu type Wii Sports, aménagez au préalable votre environnement, comme pousser la table du salon pour ne pas risquer un accident (dans votre petit appartement, vos gestes n’ont rien de virtuels ni votre mobilier !) et pourquoi pas s’échauffer un peu avant le premier swing, un revers au tennis ou un uppercut à la boxe ?
Évidemment, consultez en cas de symptômes pouvant être liés à la pratique de votre jeu.
Enfin, que les parents se rassurent, si l’on considère le nombre considérable de consoles vendues dans le monde, les risques de blessures et de nintendinites sont rares…
Sources
Jalink M.B. et al., « Nintendo related injuries and other problems: review », British Medical Journal, 2014; 349:g7267, doi: http://dx.doi.org/10.1136/bmj.g7267.