La maladie de Verneuil : une affection dermatologique handicapante

La maladie de Verneuil, également appelée hidrosadénite ou hidradénite suppurée, correspond à une inflammation chronique et suppurante de la peau, là où il y a beaucoup de glandes sudoripares (produisant de la sueur), soit dans des zones de plis comme au niveau des aisselles, de l'aine, de la nuque, des oreilles, du cou, du pubis, du périnée, des fesses, des mamelons… De multiples abcès douloureux se manifestent, pouvant parfois atteindre la taille d'une balle de ping-pong.
Il ne s'agit pas d'une maladie transmissible, mais d'une forme particulièrement invalidante d'acné. Elle toucherait 4% des personnes de 11 à 30 ans, et préférentiellement les femmes. Survenant le plus souvent à l’adolescence ou chez l’adulte jeune, elle peut cependant frapper dès l'enfance ou bien plus tard.
Evolution de la maladie de Verneuil
Initialement, l'atteinte est discrète avant de prendre une forme grave. La diversité des formes et la ressemblance avec les furoncles ou des infections dermatologiques banales, expliquent le fréquent retard de diagnostic, qui prend parfois une dizaine d'années. Malheureusement, ce délai bien trop long engendre une grande perte de temps, laissant la maladie s'installer et progresser.
La maladie de Verneuil n’est ni une maladie contagieuse ni une maladie sexuellement transmissible.
Il faut également bien comprendre que cette affection est fréquemment vécue comme une maladie honteuse, surtout lorsqu'elle touche les parties génitales. Les adolescents, mais aussi les adultes, n'osent généralement pas en parler, par peur de la suspicion ou de la contagion, même pas à un médecin. C'est un tort ! Il s'agit d'une maladie, qui de plus est particulièrement douloureuse et handicapante dans la vie quotidienne. Elle évolue par poussées successives et imprévisibles.
Origine et facteurs favorisants ?
Le germe le plus souvent en cause est le staphylocoque doré. Mais l'origine de la maladie de Verneuil reste un mystère. Plusieurs hypothèses ont été avancées, comme des désordres thyroïdiens chez la mère durant la grossesse, une cause auto-immune ou hormonale, une déficience en zinc. Des facteurs génétiques ont également été mis en cause puisque des
cas familiaux sont observés. Le tabac est considéré comme un facteur favorisant. Exceptionnellement, un traitement par le lithium peut être un élément déclenchant.
Quels traitements de la maladie de Verneuil ?
Le traitement médical est très limité.
Les antibiotiques sont largement prescrits pour combattre l'infection dans les formes mineures. Ils sont donc davantage utilisés pour stopper une poussée que pour réellement guérir la lésion suppurée. De nombreux antibiotiques sont aussi prescrits pour leurs propriétés anti-inflammatoires. Cependant, l'utilisation prolongée d'antibiotiques n'est d'aucune efficacité pour guérir totalement de cette maladie, et peut entraîner une résistance à ces médicaments.
Des anti-inflammatoires non stéroïdiens et des corticoïdes peuvent aussi être prescrits en cas de douleur importante. Sinon, l’incision et le drainage des abcès apportent aussi un soulagement.
D’autres traitements ont été essayés avec des résultats très disparates selon les patients et souvent décevants, comme les rétinoïdes, les anti-androgènes, la radiothérapie, etc.
En définitive, le seul traitement efficace des formes graves ou résistantes aux traitements médicaux cités précédemment est chirurgical. L'acte consiste en une ablation complète des tissus malades (ablation des abcès). Il nécessite parfois un sacrifice cutané important et est parfois effectué en plusieurs temps opératoires. Le plus souvent la plaie est laissée ouverte, ce qui nécessite des soins locaux afin d'assurer une cicatrisation, laquelle peut prendre plusieurs mois selon l'étendue des lésions. Des techniques de chirurgie plastique (greffe ou lambeau de peau) sont alors parfois proposées. Dans tous les cas le préjudice esthétique est important avec des retombées psychologiques qui dépendent des zones touchées…
Ce traitement chirurgical est efficace, dans le sens où il permet de soulager rapidement et octroie au patient un temps de rémission non négligeable. Toutefois, il n'offre pas une guérison complète et des récidives sont possibles.
Outre une prise en charge de la douleur, un soutien psychologique s’avère nécessaire pour faire face aux récidives et au caractère agressif des opérations chirurgicales.
Pour en savoir plus
Association française pour la recherche sur l'hidrosadénite : www.afrh.fr Orphanet : http://www.orpha.net.