La folie au Moyen-Age

Deux problématiques qui demeurent de la plus grande actualité. (Les intertitres sont de la rédaction) " De tous les maux décrits par les auteurs du Moyen-Âge, c'est [la folie] le plus complexe. (...) les médecins en distinguaient autre sortes: le délire, la manie, la mélancolie et la léthargie (..) l'influence de la lune frappait les lunatiques (...)
A partir du XIIe siècle, on tend à assimiler folie et perversion morale, les infidèles, les athées et les juifs étant considérés comme des fous en puissance (...) Saint Thomas d'Aquin (1225-1274) renvoie à la physiologie de Galien pour expliquer le cheminement des désordres et déraisons qu'entraînent les péchés de passion tels que la colère. La folie s'enracine dans les fausses croyances et les mœurs dissolues. Les fous eux-mêmes en portent donc pour une bonne part la responsabilité.
La folie pouvait être d'origine divine
Mais la folie avait d'autres visages, parfois très positifs. N'était-ce pas une folie divine qui avait permis à David de composer ses Psaumes? (...) De nombreux textes exaltent la joie de l'Idiot du village, qui chante faux mais dont la voix célèbre la gloire de Dieu. L'étymologie le précise: le crétin est un vrai chrétien (...)À cette diversité d'interprétations [de la folie] répondait une égale diversité de traitements. On avait souvent recours à la médecine: la saignée et les médicaments calment les esprits et assurent l'évacuation des humeurs peccantes. Certains recommandaient de ponctuer de chocs inopinés une thérapie longue et douce faite de paroles dans un environnement agréable: hurler à l'improviste ou plonger la tête du divaguant dans un poumon de vache récemment sacrifiée favoriserait son retour à la normalité par l'effroi. La plupart des médecins prônaient une cure de longue haleine: le fou guérirait si l'on parvenait à régulariser l'ensemble de sa vie.
À cette diversité d'interprétations [de la folie] répondait une égale diversité de traitements. On avait souvent recours à la médecine: la saignée et les médicaments calment les esprits et assurent l'évacuation des humeurs peccantes. Certains recommandaient de ponctuer de chocs inopinés une thérapie longue et douce faite de paroles dans un environnement agréable: hurler à l'improviste ou plonger la tête du divaguant dans un poumon de vache récemment sacrifiée favoriserait son retour à la normalité par l'effroi. La plupart des médecins prônaient une cure de longue haleine: le fou guérirait si l'on parvenait à régulariser l'ensemble de sa vie.
Mais la religion pouvait aussi exorciser les démons responsables de la folie
Pour ceux qui, de toute évidence, étaient en proie à des démons, le recours à la religion s'imposait. Les saints avaient la réputation de guérir les possédés que le hasard plaçait sur leur chemin. D'innombrables récits rapportent les guérisons survenues à proximité de leurs reliquaires. Entre 1200 et 1400, la liste des saints à qui l'on attribue de tels miracles, du lorrain saint Adelphe au sénonais Wulfran, se monte à plus de quatre-vingts. On dénombre trente-cinq saints spécialisés dans les maladies mentales: le sanctuaire de saint Willibrord à Echternach (Luxembourg) avait la faveur des épileptiques. Trois sanctuaires situés dans le nord de la France ou les Flandres se spécialisèrent dans le traitement de la folie - celui de saint Mathurin à Larchant, celui de saint Acaire à Haspres et celui de sainte Dymphne à Geel.
La cure médicale, les bains et le régime avaient un rôle secondaire
La cure médicale y complétait la cure religieuse. Les bains et le régime préparaient ou parachevaient l'intervention du saint. Geel finit par disposer au XIIIe siècle d'un hospice qui, malgré ses dimensions considérables, ne parvenait pas à accueillir la foule des pèlerins avides de résider dans les parages. Les prêtres veillaient à les loger chez l'habitant. Ainsi naquit la célèbre "colonie familiale" où les malades mentaux étaient pris en charge par la communauté, comme ils le sont encore, sept siècle après. "
L'enfermement des
Cette situation, unique ou presque à notre époque, n'avait rien d'exceptionnel au Moyen Âge, si forte que fût la tendance à l'incarcération. on cite le cas de nombreux malades mentaux tenus enchaïnés dans une pièce fermée à clé, chez eux ou en prison. les familles de Nuremberg au XVe siècle, pouvaient même louer à cet effet des cellules dans la prison municipale (...) Mais l'immense majorité des fous restaient dans leurs villages. Les lois qui les frappaient d'incapacité soulignaient d'ailleurs la nécessité de les soigner à l'intéreur de leur communauté, où on les connaissait si bien qu'on en avait moins peur. "