La chance est-elle une question de hasard ?

Publié par Dr Catherine Feldman
le 24/09/2003
Maj le
5 minutes
Autre
Certains se disent chanceux, d'autres avouent être d'éternels malchanceux. Faut-il être né sous une bonne étoile pour « avoir de la chance » ou bien les individus chanceux savent-ils susciter « la bonne fortune » ? Finalement, si tout n'est pas donné d'avance, de quelles compétences psychologiques doit-on disposer pour avoir de la chance dans la vie ?

Le Dr Richard Wiseman, docteur en psychologie, s'est penché sur la question. Il a réalisé de nombreux travaux de recherche sur la chance, partant à la rencontre de ceux qui se disent « chanceux » ou « malchanceux », afin de décrypter leurs traits de personnalité et leurs comportements dans la vie.Le fruit de ces travaux, qu'il explique au grand public dans un livre au titre prometteur « Notre capital chance » *, est plutôt encourageant : non seulement, nous disposons tous de ce que le Dr Wiseman nomme un « capital chance », mais en plus il serait possible de le faire fructifier !

Les quatre grands principes de la chance

Dans ces recherches, l'auteur a en particulier cherché à déterminer quelles étaient les principales qualités de ceux qui se disent chanceux et dont la chance semble particulièrement se manifester dans leur vie. Il en identifie quatre qu'il présente sous la forme de « principes » de base.

Principe N°1 : Tirer au maximum profit des occasions fortuites

Selon ces termes, « les chanceux créent et agissent selon des occasions fortuites qui se présentent à eux et en tirent profit dans leur existence ». Autrement dit, la vie des chanceux abonde en bonnes occasions ; ils seraient toujours là, au bon moment, avec la bonne personne. Si le chanceux attribue cela au hasard, le Dr Wiseman explique que cela est plutôt à mettre sur le compte de leur fonctionnement psychologique, qui induit un certain état d'esprit. L'individu chanceux a en fait un mode de réflexion et de comportement qui le rend plus qu'un autre « capable de créer ou de susciter des occasions favorables et d'en tirer profit ». Autre caractéristique, les chanceux, plus extravertis que la moyenne des individus, savent « construire et entretenir un solide réseau de chance », multipliant ainsi les occasions de faire des rencontres favorables. Ils ont aussi « une attitude plus détendue à l'égard de la vie », et sont dès lors capables, sans même créer plus d'occasions favorables, d'augmenter leur capacité à les remarquer et à en tirer profit. Enfin, une composante majeure de leur personnalité est leur ouverture d'esprit, ce qui les rend plus disponibles à de nouvelles expériences.

Principe N°2 : Ecouter son intuition

Les chanceux auraient aussi un talent particulier pour savoir prendre des décisions positives « en écoutant leur intuition et leur instinct ». Ils auraient donc une tendance naturelle à faire preuve d'une plus grande perspicacité dans leur choix, dans tous les domaines de leur vie, affective, sociale ou professionnelle. Comment les chanceux prennent-ils donc leurs décisions pour que celles-ci leurs soient favorables ? Le Dr Wiseman identifie en la matière, trois composantes. Non seulement ils écoutent leur « voix intérieure », c'est-à-dire qu'ils se fient principalement à leur intuition, mais ils savent également « développer leur intuition » avant de prendre une décision importante, par exemple grâce à une capacité à se concentrer sur cette « voix intérieure » tout en faisant abstraction des autres paramètres.

Principe N°3 : Attendre la bonne fortune

Certes, nous avons tous des rêves et des ambitions. Mais l'auteur observe que chez « les chanceux », ils se concrétisent plus souvent que chez les malchanceux. Là encore, la différence n'est ni liée au hasard, ni au destin. Ils ont tout simplement « une vision différente d'eux-mêmes et de la vie », les poussant davantage à concrétiser leurs projets. Les chanceux ont notamment une « attente positive » de la vie. Ils croient avant tout au bonheur et au succès, tandis que les malchanceux sont plutôt convaincus qu'ils n'ont droit qu'au malheur. En d'autres termes, les bienheureux croient toujours que les événements imprévisibles leurs seront bénéfiques. Autre différence notable : « les chanceux essaient de réaliser leurs objectifs, même si les probabilités d'y parvenir sont minces, et ils persévèrent face à l'échec ». Enfin, dans leurs relations avec les autres, ils « s'attendent à avoir des interactions positives et fructueuses ».

Principe N°4 : Transformer le mauvais sort en bonne fortune

Le quatrième principe montre que la vie des chanceux n'est pas uniquement remplie d'événements positifs. Cependant, ils se confrontent aux évènements négatifs d'une telle façon qu'ils semblent « savoir transformer les mauvais coups du sort en une chance stupéfiante ». La clé de cette haute voltige ne relève pas non plus de la magie. Tout simplement, « les chanceux voient le côté positif de leur déveine ». Là où les uns verraient le verre à moitié vide, eux le voient à moitié plein. Autre différence, les chanceux restent convaincus « que leur malchance finira par déboucher sur quelque chose de positif ». Enfin, à la différence des malchanceux, ils ne ruminent pas leur mauvais sort. Au contraire, ils se détachent du passé pour se concentrer sur l'avenir et « ils prennent des mesures constructives pour éviter d'avoir davantage de déveine ».

* (ndlr) : Attention, la chance dont il est question ici ne semble concerner en aucun cas, les jeux de hasard et d'argent, pour lesquels tous les spécialistes affirment que la chance à ces jeux ne repose que sur une question de pur hasard !

Pour en savoir plus

Notre capital chance. Apprendre à l'évaluer et à le développer. Dr Richard Wiseman. Edition JC Lattès, 2003.Vous pouvez commander en ligne : www.alapage.fr

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