Je suis timide mais je me soigne

Du fait de la fréquence de la timidité dans la population générale, du caractère discret des symptômes et de la difficulté qu'éprouvent les timides à parler de leur problème, la timidité est malheureusement trop souvent banalisée sinon ignorée. Pourtant, elle est parfois un véritable handicap. Source d'inhibition et d'humiliation, la timidité nuit à l'épanouissement personnel et témoigne d'une grande souffrance intérieure.
Du trac à la personnalité évitante
Une personne sur trois se dit timide. D'ailleurs, qui n'a jamais été paralysé lors d'un examen oral ou qui n'a jamais bafouillé au moment de déclarer sa flamme à l'être aimé ? Ces expériences ponctuelles et liées à des situations bien précises sont normales et bien différentes des difficultés et souffrances psychologiques que vivent presque quotidiennement les timides. Car, en termes de timidité, tout est question de dosage. Selon l'intensité, la fréquence et les conséquences de l'anxiété sociale, on parlera de trac , de timidité, de phobie sociale ou de personnalité évitante.
La peur de ...
La timidité prend souvent racine dans l'enfance ou l'adolescence. Elle se développe ensuite selon l'environnement familial et les événements de vie propres à chacun d'entre nous, mais aussi en fonction de la qualité et de l'efficacité des stratégies personnelles mises en place pour lutter contre cette anxiété sociale. Les personnes timides redoutent le plus souvent les situations de performance (peur de l'échec, de ne pas être à la hauteur), les situations conflictuelles (peur de ne pas pouvoir gérer leurs émotions ou peur d'une rupture), celles où elles doivent se révéler (peur de donner une image négative d'elles-mêmes) et les situations où elles se sentent observées (peur du jugement négatif d'autrui). Ces craintes conditionnent en grande partie la vie des timides qui pensent souvent que leurs difficultés proviennent de leur caractère et qu'ils ne pourront donc jamais changer. Ce qui est faux.
Rarement pris au sérieux
La médecine a rarement pris au sérieux les problèmes rencontrés par toutes les personnes qui souffrent de cette forme (non extrême) d'anxiété puisqu'elle ne peut faire l'objet d'un traitement médicamenteux. De même, la psychologie a négligé les timides car ils ne répondaient pas aux approches longues et complexes basées sur la psychanalyse. Les approches comportementales et cognitives, qui se sont développées depuis une trentaine d'années, se sont avérées très efficaces pour réduire l'anxiété de nombreux patients. Ces approches sont aussi d'une grande utilité pour les formes les moins graves d'anxiété sociale, comme la timidité. Ces psychothérapies se caractérisent par leur aspect pratique et concret et sont directement ciblées sur le problème. Au-delà de la modification des comportements quotidiens du timide, de ses évitements et de ses difficultés à agir dans de nombreuses situations sociales, ces thérapies aident aussi à reconstruire sa personnalité, à augmenter l'estime de soi et à développer la confiance en soi.
Sources
Source: "La timidité. Comment la surmonter", Dr Gérard Macqueron et Stéphane Roy, Ed. Odile Jacob, 2004.