Je ne savais pas que j’étais enceinte...

Publié par Côté Santé
le 23/10/2015
Maj le
6 minutes
une fille s'inquiète du résultat du test de grossesse
Istock
Vous n’avez appris votre grossesse que 4, 6 ou 8 semaines après le début de celle-ci. Et, dans l’intervalle, vous avez trop bu lors d’une soirée, fumé comme un pompier, pris de l’aspirine... À la joie de la bonne nouvelle se mêle de la culpabilité. À tort ou à raison ? Nos conseils pour y voir plus clair. Vous n’avez pas été irréprochable ? Rassurez-vous, vous n’êtes pas la seule, et dans l’immense majorité des cas, votre bébé n’en souffrira pas. Cependant, maintenant que vous êtes au courant, il est temps de rectifier le tir, pour votre bien-être et celui de votre petit locataire.

J’ai bu du champagne

Une, deux, trois coupes, bonjour les dégâts ? « Les femmes enceintes qui ont bu quelques verres, alors qu’elles ne connaissaient pas leur état, c’est un problème qui revient très souvent, relate le professeur Gilles Grangé, gynécologue-obstétricien. En début de grossesse, le seul risque –heureusement peu fréquent – est celui de la fausse couche. À ce stade, l’embryon n’est pas formé, il n’y a pas d’organes à proprement parler, donc l’alcool ne peut pas entraîner de malformations. » Par la suite, la règle est simple : zéro alcool. Car on ne sait pas déterminer un seuil en dessous duquel il n’y aurait aucun risque. Lorsqu’une femme enceinte boit, l’alcool n’est pas filtré par le placenta. Du coup, c’est le fœtus qui trinque. À la clé, un risque plus élevé d’accouchement prématuré, ou de petit poids à la naissance. Plus grave, le syndrome d’alcoolisation fœtale entraîne malformations physiques et troubles mentaux. Alors oui, c’est vrai, certaines femmes boivent tout au long de leur grossesse et leur bébé se porte bien. Mais mieux vaut ne pas jouer à la roulette russe et s’en tenir aux recommandations des pouvoirs

J’ai trébuché dans les escaliers

Au premier trimestre, l’utérus est petit, positionné bas, protégé par les os du petit bassin. Votre futur bébé est alors dans un cocon très protecteur. Vous vous prenez un léger coup en chahutant avec votre aîné, vous tombez à vélo ou à skis ? Inutile de vous inquiéter, sauf si bien sûr le coup a été extrêmement violent. C’est plus embêtant par la suite. Aux deuxième et troisième trimestres, votre utérus grossit, empiète sur les autres organes, se mettant ainsi en première ligne. Il ne joue plus comme avant son rôle d’airbag. En cas de chute, ou de collision, « les risques principaux sont un décollement du placenta et des saignements », indique le professeur Philippe Deruelle, gynécologue obstétricien. Mieux vaut jouer la carte de la prudence et consulter le jour même votre médecin, ou aller aux urgences. Un monitoring et une échographie permettront, dans l’immense majorité des cas, de vous rassurer. Côté prévention, essayez d’être vigilante, en évitant les sols mouillés, en attachant votre ceinture de sécurité (avec la sangle inférieure bien calée sous le ventre, et pas au milieu), ou en évitant les lieux de forte affluence. Les concerts rock, vous remettrez ça à après la naissance !

J’ai mangé du camembert

Pendant neuf mois, vous devrez snober quelques aliments. C’est à ce prix que vous pourrez éviter la listériose et la toxoplasmose. Deux infections anodines pour la mère... beaucoup moins pour le bébé à naître. Si vous les attrapez, vous risquez de faire une fausse couche. Dès que vous vous savez enceinte, il faut donc être vigilante à quelques signes. La listériose, par exemple, a l’apparence d’une petite grippe. Si vous avez ces symptômes, foncez chez votre médecin : il pourra vous mettre sous antibiotiques pour protéger votre bout de chou. Côté prévention, dites non aux fromages au lait cru et aux charcuteries. Si vous n’êtes pas immunisée contre la toxoplasmose, votre médecin vous demandera de faire chaque mois une prise de sang pour vérifier que vous n’avez pas contracté la maladie. Là encore, si vous tombez malade, un traitement antibiotique permettra de protéger le bébé. Côté prévention, pensez à nettoyer soigneusement les fruits et légumes, et à bien faire cuire la viande.

J’ai attrapé la grippe de mon aîné

Si votre « grand » est à la crèche, vous savez probablement qu’il peut en ramener tout plein de virus. Pensez donc à vous protéger, notamment en hiver en vous faisant vacciner contre la grippe. Ce vaccin est recommandé quel que soit le stade de la grossesse, et remboursé à 100 % par l’assurance maladie. Utile, car une grippe peut provoquer une fausse couche au premier trimestre. En revanche, si vous y « échappez », vous pourrez souffler : la grippe n’aura aucun impact sur votre bébé. De manière générale, pour passer entre les gouttes des virus, pensez à respecter quelques règles d’hygiène : vous laver les mains régulièrement, mettre du sérum physiologique dans le nez de votre enfant tous les soirs, et ne pas lui piquer sa cuillère pour finir son repas.

J’ai pris des médicaments

S’il s’agit de votre pilule, aucun souci. Contentez-vous de jeter le reste de la plaquette à la poubelle dès que vous apprenez la bonne nouvelle. « Le placenta inonde d’hormones l’organisme féminin, à des doses si importantes qu’elles viennent “déloger” la pilule », rassure le professeur Gilles Grangé. Si vous avez pris un cachet d’aspirine pour soigner une migraine, méfiance. « L’aspirine majore le risque de saignements, donc de fausses couches. » À l’avenir, préférez le paracétamol (toujours sur avis médical). Enfin, si vous prenez un traitement pour une maladie chronique (diabète, épilepsie, hypertension artérielle…), prenez rendez-vous chez votre neurologue et votre gynécologue pour faire le point. Ils adapteront votre traitement. Dans tous les cas, à partir de maintenant, l’automédication, c’est fini ! Même s’il est vendu sans ordonnance, ne prenez jamais un médicament sans avis médical, histoire d’éviter les faux pas.

J’ai fumé un paquet par jour

Les chiffres sont affolants : la cigarette multiplie par deux le risque de grossesse extra-utérine, par trois le risque de fausse couche. Avec ses 4 000 substances toxiques, c’est une catastrophe pour le fœtus, le privant d’oxygène. Si vous n’avez pas réussi à écraser la dernière cigarette avant de mettre en route le bébé, il n’est jamais trop tard pour bien faire. Si vous êtes accro, n’hésitez pas à demander de l’aide. Même si vous arrêtez en cours de grossesse, vous réduirez fortement les menaces qui planent sur votre ventre : un accouchement prématuré, ou un bébé de faible poids, entre autres. De l’acupuncture aux substituts nicotiniques (leur prescription est autorisée pour les femmes enceintes depuis 1997) en passant par la thérapie comportementale, il y a forcément une solution pour vous.

Je carbure au café, stop ou encore ?

Vous n’arrivez pas à vous passer de votre café du matin ? Profitez-en sans culpabiliser. La clé, c’est la modération : pas plus de 200 mg de caféine par jour, soit 2 tasses de café. Mais attention, n’oubliez pas que la caféine se cache aussi dans le thé, les colas, et même le chocolat.

Sources

"Je ne savais pas que j’étais enceinte...", Magazine Côté Santé N°96, octobre/novembre 2015.

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