Grossesse gémellaire et jumeaux : guide de survie

Publié par Véronique Ozanne
le 8/09/2016
Maj le
6 minutes
photo of a woman who is 32 weeks pregnant holding baby booties, pink for a girl and blue for a boy
Istock
Attendre un bébé c’est formidable, deux en même temps, c’est l’état de choc. Avoir des jumeaux devient un vrai bonheur si vous apprenez très vite, dès l’annonce de la grossesse gémellaire,  à être une vraie Shiva aux multiples bras et à la tête super organisée. Quelques mois vraiment denses pour une expérience passionnante. Et surtout, pas de panique, puisque 13 900 mamans de jumeaux, triplés ou quadruplés se sont sorties en beauté de cette situation en 2014 !

C’est quoi des jumeaux ?

L’arrivée de jumeaux est un moment pas toujours facile à vivre, pour toutes la famille : quand votre aîné comprend qu’il y a non pas un concurrent mais deux dans le ventre de maman, le coup est rude. Jusque là le roi du monde, ou presque, il apprend avec stupéfaction qu’il va devoir partager papa et maman : une expérience que la plupart d’entre nous ont faite avec l’envie, quand il arrive, de mettre l’intrus dans le micro-onde ou de le rapporter à la clinique. Deux sœurs, deux frères ou un assortiment ?

  • Jumeaux dizygotes : c’est le cas le plus courant, deux enfants qui n’ont pas génétiquement plus de points communs que deux enfants de la même fratrie qui ne seraient pas nés en même temps : vous avez tout simplement libérés deux ovocytes au même moment qui ont été fécondés par deux spermatozoïdes différents.
  • Jumeaux monozygotes : c’est le cas une fois sur trois. Ils sontissus de la fécondation d’un seul ovule qui se divise pour former deux embryons, deux garçons ou deux filles avec le même capital génétique, en théorie deux individus 100% identiques. En réalité, des différences épigénétiques vont apparaître, et plus la séparation en deux se fera tôt, plus les jumeaux seront différents.

Grossesse gémellaire : des mois pour être au top

Arrive le moment d’annoncer la grossesse gémellaire aux proches. C’est une épreuve qui n’arrange pas votre anxiété bien alimentée par la perspective de faire face à deux fois plus de biberons, de couches, de fatigue et de complications, voire encore, en perspective, deux fois moins de sommeil que le minimum vital. En dehors de celles qui, comme beaucoup d’entre nous, ont rêvé secrètement que cela leur arrive, et se réjouiront pour vous, la grande majorité des réactions de votre entourage ne va pas vous aider. De, « Quelle galère, ma pauvre ! » à « Vous ne vous en sortirez jamais ! » en passant par « Ma cousine a eu des jumeaux, c’était horrible ! ». Renvoyez vos charmants interlocuteurs dans les cordes en leur expliquant que vous ne garderez que le plus beau ! Soyez convaincue que vous avez des ressources que vous n’imaginez pas et que nécessité fait loi. Vous avez plusieurs mois pour mettre en place une organisation béton pour accueillir vos jumeaux, mais si vous avez déjà des enfants, vous allez bien vite vous rendre compte qu’il ne vous sera pas possible de tout gérer comme vous l’avez fait pour eux : renoncez donc tout de suite à être une mère parfaite mais acceptez seulement l’idée d’une maman aimante et efficace et le plus en forme possible.

La grossesse gémellaire : à risque ?

Certes, la grossesse gémellaire est un peu différente puisque vous êtes doublement enceinte, donc surveillée plus que la moyenne. Un avantage, elle sera plus courte qu’une grossesse banale, comptez un mois de moins en moyenne.

Évitez de vous focaliser sur les complications possibles, votre staff médical veille et vous avertira si nécessaire. Sachez néanmoins vous écouter si quelque chose ne va pas. Profitez autant que votre vie professionnelle vous le permet, prenez soin de vous, prenez de l’avance sur les temps de repos qui vous manqueront et dès que vous pourrez profiter de votre congé de maternité, faites tout ce qui vous fait plaisir et que vous ne pourrez plus faire quand vos petits seront là.

Si tout se passe normalement, vous bénéficierez de 34 semaines pour deux bébés, contre seulement 16 pour un seul. Vous avez également le droit de reporter une partie de votre congé prénatal vers votre congé postnatal. L'objectif : profiter d'une grossesse gémellaire qui se passe bien et continuer à travailler pour conserver quelques précieuses journées supplémentaires avec vos petits bouts. Si vous avez déjà des enfants scolarisés, ne commencez pas à culpabiliser à l’idée que vous serez bientôt moins disponible pour eux et ne changez pas leur rythme habituel sous prétexte que vous êtes à la maison.

Anticiper les obstacles pendant le congé de maternité

Vous allez occuper votre congé de maternité en vous transformant en centrale d’achat. Ne comptez pas faire des courses quand les bébés seront là, il faut vous organiser d’ores et déjà pour repérer les moyens de tout vous faire livrer. Beaucoup de grandes surfaces proposent la livraison gratuite pour les femmes enceintes.

  • Stockez un maximum couches, produits de soins, eaux minérales. Pour le reste, n'achetez pas trop à l'avance. La layette n'aura pas forcément la même taille pour l'un ou l'autre des jumeaux.
  • Remplissez votre congélateur de petites portions de plats que vous aurez cuisinés : un plus pour le papa et les aînés et pour vous à votre retour.
  • Pour le matériel indispensable mais si vite obsolète, l’association Jumeaux et Plus donne accès à la centrale des multiples , qui permet de se faire livrer du matériel chez soi. Et surtout, il donne accès à la location de ce matériel . Par exemple, on loue 10 € les coques pour la voiture utilisées seulement 9 mois.
  • L’association Jumeaux et Plus qui a des antennes un peu partout organise aussi une brocante deux fois par an. Ce qui permet d’habiller tous les enfants à peu de frais et de se débarrasser des vêtements qui ne vont plus si on a le courage de tenir un stand. Cette brocante est uniquement dédiée à la puériculture, c’est un vrai bon plan : on y trouve tout en deux exemplaires, les chaises hautes, les poussettes doubles, les lits parapluie…

Les bébés sont là !

Si vous avez choisi d’allaiter, le problème des biberons est un poste en moins. C’est parfaitement possible même si la perspective de devoir produire 2,4 litres de lait peut impressionner. Mais si biberons il y a, optez pour la plus simple des stérilisations, à savoir une grosse pastille dans une bassine d'eau et voilà tout le matériel nécessaire qui barbotte, toujours prêt en un tour de main.

Préparez votre journée de biberons la veille au soir que vous stockerez au frigo, un temps précieux de gagné surtout au moment du rush quand vos deux oisillons réclament d’urgence leur pitance. S’ils n’ont pas le même régime ou les mêmes quantités, fonctionnez avec une couleur repère pour chacun que vous pouvez étendre aux vêtements et à tous les accessoires. Deux biberons à la fois, c’est deux transat, deux mains ou une serviette qui cale le biberon de l’un des deux, ça ne marche pas toujours. Le moment venu, n’hésitez pas à faire appel aux purées de légumes congelées, elles sont en principe sans aucun additif. Pour le bain, ce sera bien sûr, l’un après l’autre et pourquoi pas un jour sur deux comme le recommandent les pédiatres ?

Organisez votre réseau d’entre-aide !

Tout est bon à prendre, famille, belle-mère comprise, amis, femme de ménage, voisines, associations de parents de multiples.

Astuce : faites une liste de naissance avec l’option garde de nuit, une puéricultrice à domicile qui vous permettra de survivre.

www.jumeaux-et-plus.fr/ La Fédération Jumeaux et Plus propose une entraide morale et matérielle aux parents de jumeaux, triplés et plus.

Sources

"Grossesse gémellaire et jumeaux : guide de survie", Magazine Côté Santé N°102 - juin/juillet 2016.

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