Grossesse extra-utérine : y penser toujours

Une grossesse "mal placée"
Si la plupart des grossesses se développent normalement dans le fond de l'utérus, il arrive que l'œuf fécondé descende mal dans une trompe en mauvais état et y reste bloqué: c'est là que la grossesse se développe. Dès qu'elle atteint un certain volume, la trompe n'étant pas élastique, elle se rompt. La cause la plus fréquente de trompes "abîmées" favorisant les GEU est l'infection des trompes (salpingite). La bactérie le plus souvent en cause est la chlamydia. Elle se transmet lors de rapports sexuels non protégés.
Des signes à ne pas négliger
Une femme qui a des règles régulières sans contraception, se doute au moindre retard qu'elle est enceinte et porte une attention particulière aux signes anormaux, douleurs, saignements, qui l'inciteront à consulter.En fait, la réalité est un peu plus complexe. En effet, les douleurs en début de grossesse n'ont pas forcément de valeur pathologique. Par ailleurs, des saignements peuvent également survenir de façon non pathologique dans environ 10% des grossesses au premier trimestre; plus difficile encore, un saignement peut être confondu avec les règles chez les femmes qui ont des cycles irréguliers ou longs. Lorsqu'une grossesse semble débuter, l'apparition de douleurs et ou de saignements doit conduire à consulter un médecin dans les meilleurs délais. Il peut s'agir d'une fausse couche ou d'une grossesse extra-utérine.
Deux examens de base
A ce stade, deux examens permettent de se faire une idée assez précise: le dosage d'hormone de grossesse (bêta HCG) et l'échographie. Si le dosage d'hormone de grossesse est positif, il permet déjà d'affirmer la présence d'une grossesse. En fonction du taux, on peut également avoir une approximation du stade de développement. Attention, ce dosage ne dit pas si la grossesse est en train de se développer ou au contraire en train de mourir. Il faut pour cela un deuxième dosage afin d'observer l'évolution du taux hormonal. Quant à l'échographie, elle permet de localiser une éventuelle grossesse et de dire (quand la grossesse est assez développée pour être détectée) si elle se trouve dans l'utérus ou dans une trompe. Cet examen permet également de dire s'il existe un épanchement de sang dans la cavité abdominale pouvant faire suspecter une GEU en train de se rompre.
Des risques à court terme et à long terme
Le risque immédiat d'une GEU évolutive est un risque de choc hémorragique. La trompe rompue par la grossesse qu'elle ne peut plus contenir saigne abondamment. Un traitement chirurgical en urgence s'impose. Quand l'hémorragie n'est pas trop abondante, il est possible de traiter la GEU par coelioscopie plutôt que par une incision de la paroi abdominale (laparotomie). On pratique alors une incision de la trompe pour en sortir la GEU. Il n'est parfois pas possible de conserver la trompe lorsque la GEU ne peut être retirée sans dommages pour celle-ci ou qu'elle soit déjà endommagée. Garder une trompe en mauvais état fait prendre un risque de nouvelle GEU sur la même trompe qui de toute façon fonctionnera moins bien pour la fertilité. En effet, outre une deuxième GEU potentielle, le risque est une diminution de la fertilité, d'autant que la GEU survient souvent sur des trompes déjà malades, ce qui n'arrange donc pas les choses.
Existe-t-il une alternative à la chirurgie ?
Oui, pour les GEU dépistées tôt, alors qu'elles sont encore de petite taille avec un taux d'hormones faible (inférieur à 1000). Il est alors possible d'injecter dans la trompe sous échographie, ou par voie générale un produit issu de la chimiothérapie anti-cancéreuse (le méthotrexate) afin d'arrêter le développement de la GEU. Le principal inconvénient est que la disparition de la GEU doit être complète (on parle d'involution), ce qui n'est pas toujours le cas.
En conclusion
Suspicion de grossesse + douleurs et/ou saignement = consultation en urgence + échographie + dosage de bêta HCG.