Grosse fatigue de la soixantaine : où en est votre thyroïde ?

Tout au long de la vie, le bon fonctionnement de la thyroïde est une condition de bonne santé
Cette glande, située à la base du cou, utilise de l'iode pour fabriquer deux hormones : la thyroxine (T4) et la triiodothyroxine (T3). Cette production est sous contrôle de l'hypophyse, située dans le cerveau, régulant l'ensemble grâce à un messager chimique que l'on dose très bien dans le sang, la TSH. De façon très schématique, il faut voir la thyroïde comme un modulateur de vitesse du métabolisme, sous contrôle d'un pilote automatique, l'hypophyse. Ainsi, lorsque les hormones thyroïdiennes manquent, la TSH augmente pour en stimuler la fabrication. Si, au contraire, il y a surproduction, la TSH diminue. On peut diagnostiquer de ce fait deux types de problèmes.
L'hypothyroïdie, ou insuffisance de production de T3 et T4, est responsable du ralentissement de beaucoup de fonctions métaboliques, à l'origine de : fatigue, apathie, constipation, frilosité, prise de poids, sécheresse cutanée, etc.
L'hyperthyroïdie correspond quant à elle à un surplus hormonal, provoquant énervement, tachycardie avec possibilité de souffrance cardiaque, perte de poids, diarrhées, épuisement, etc.
Parfois, les perturbations biologiques précèdent les répercussions physiques patentes, c'est pourquoi il est justifié de faire des dosages de la TSH au moindre doute, surtout en cas de signes cliniques sans causes évidentes.
La thyroïde aussi prend de l'âge...
L'effet du vieillissement n'est pas négligeable sur beaucoup de fonctions hormonales et la production thyroïdienne n'y échappe pas. Pour autant, lors du vieillissement normal, on ne remarque pas de changement notable des taux mesurés dans le sang. La fabrication des hormones thyroïdiennes diminue effectivement et dans le même temps, leur utilisation est moins importante. De ce fait, la T4 reste à un taux normal dans le sang, de même que la TSH, même si l'on peut parfois remarquer une discrète diminution de la T3.
La forme de la thyroïde peut également se modifier avec l'âge et l'apparition de nodules est relativement fréquente. Dans ce cas, il faut toujours faire réaliser des examens complémentaires (bilan sanguin, échographie, voire scintigraphie thyroïdienne), pour éliminer toute malignité.
...mais l'âge n'excuse pas toujours tous les malaises
L'hypothyroïdie et l'hyperthyroïdie sont des maladies relativement fréquentes chez le sujet âgé, puisqu'elles touchent 10 à 15 % de cette population pour la première et 1 à 3 % pour la seconde. Il est donc tout à fait important de penser à rechercher des déséquilibres dont les formes, même mineures, suffisent à causer certains troubles banaux (fatigue, stress, constipation, diarrhées, etc.) dont il serait facile de méconnaître l'origine véritable. On peut encore remarquer que les femmes sont plus souvent touchées que les hommes et que les causes de ces deux pathologies sont extrêmement nombreuses.
Cependant, toute fatigue, même avec des taux de TSH perturbés, n'est pas forcément d'origine thyroïdienne
Il faudra en effet éliminer beaucoup d'autres facteurs susceptibles de perturber l'évaluation de la fonction thyroïdienne, comme la prise de certains médicaments (Amiodarone, Dopamine, Lithium, Oestrogènes, Propranolol, etc.), très fréquente chez les seniors et la présence d'une affection sévère ou d'une dépression. Pour cela, le médecin complétera le bilan clinique et biologique par une échographie thyroïdienne (à la recherche d'un goitre, de nodules, de kystes) et par une scintigraphie thyroïdienne, qui donnera souvent la cause du mauvais fonctionnement de la glande.
Lorsque, finalement, les problèmes thyroïdiens se confirment, que faire ?
En cas d'hypothyroïdie : l'insuffisance de production d'hormones thyroïdienne est comblée par une forme médicamenteuse de la T4, dont les doses sont à adapter à chaque cas. L'important étant bien sûr d'éviter la bascule vers l'hyperthyroïdie.
En cas d'hyperthyroïdie : la surproduction hormonale peut être freinée par des médicaments spécifiques : les antithyroïdiens de synthèse, dont les effets indésirables ne sont pas négligeables et obligent à une surveillance stricte. Parfois, le médecin proposera un traitement bêtabloquant, prescrit seul ou en association avec de faibles doses d'antithyroïdiens de synthèse en cas de trouble du rythme cardiaque consécutif à l’hyperthyroïdie, ou des corticoïdes en cas de trouble oculaire. L'utilisation d'iode radioactif (qui se fixe sur la glande pour bloquer la fabrication d'hormone) est une autre alternative, mais expose à l'hypothyroïdie, qu'il faudra alors traiter à vie. En dernier recours, la chirurgie peut être proposée, mais imposera là encore un traitement hormonal et à vie, pour compenser les hormones qui ne seront plus produites.
Parfois, une simple surveillance, avec le renouvellement des examens sanguins, sera suffisante, surtout quand les anomalies biologiques ne s'accompagnent pas de signes physiques gênants.
En cas de nodule thyroïdien : dont le nombre augmente avec l'âge, il faudra toujours éliminer une formation maligne. Si le cancer de la thyroïde est relativement rare et ne représente que 10 % des nodules découverts, il est légitime d'en faire au moins l'ablation chirurgicale. Les lésions parfaitement bénignes ne seront quant à elles enlevées que si leur volume devient gênant et si l'état général permet une intervention.
Sources
MOKSAGUNDAM S., BARZEL U.S. Thyroid disease in the elderly. JAGS 1993; 41(12) : 1361-1369. RUNNELS, B.L. et al. Thyroid function in healthy elderly population : implication for clinical evaluation. J Gerontol 1991; 46(1) : 839-844.