Grippe : pourquoi les hommes en souffrent plus

Ce n'est pas un mythe. Les hommes souffrent vraiment de symptômes plus marqués quand ils attrappent la grippe.
© Istock

Difficile d'être malade quand on est un homme. Et surtout de s'en plaindre. Les moqueries fusent concernant la résistance de ces messieurs face aux virus les plus bénins. Les anglophones ont même inventé un terme pour désigner cela : "Man flu", la grippe de l'homme.

Face à ces brimades, un chercheur canadien a décidé de rétablir l'honneur de son sexe. Sa revue de la littérature est publiée dans l'édition de Noël du BMJ, qui compile des études décalées aux sujets peu sérieux.

A en croire l'Urban Dictionary, dictionnaire parodique en ligne, la grippe masculine est une affection à part. Plus douloureuse qu'un accouchement, elle serait plus puissante que Superman lui-même. Les encyclopédies plus sérieuses se contentent d'affirmer que ce terme reflète la capacité des hommes à exagérer leurs symptômes en cas d'infection respiratoire.

Mais la littérature scientifique n'est pas de cet avis, souligne Kyle Sue, de l'université Memorial de Terre-Neuve (Canada). Dans les faits, les hommes sont plus vulnérables face au virus de la grippe. En France, le ratio hommes-femes est légèrement déséquilibré.

La faute du système immunitaire

Les hormones sexuelles seraient à l'origine de ce désavantage. D'après une étude réalisée en 2016, les oestrogènes ont un effet protecteur contre la grippe. Ils limitent la réplication du virus dans les cellules nasales.

A l'inverse, la testostérone aurait un effet immunosuppresseur. En plus de brider les réponses immunitaire, cette hormone masculine limite l'efficacité du vaccin antigrippal. Ces messieurs ne sont décidément pas favorisés.

Si les hommes gémissent et se traînent en cas de grippe, ce n'est donc pas le fait d'un exagération. "Les hommes n'exagèrent probablement pas les symptômes, mais ont une moindre réponse immunitaire face aux virus respiratoires", défend Kyle Sue.

De fait, les boutades seraient plutôt injustes si l'on en croit les statistiques officielles. Le risque d'hospitalisation ou de décès lié à la grippe est plus élevé chez les patients de sexe masculin.

Les hommes ont besoin de compassion

Mais pourquoi donc les hommes sont-ils si affectés par le virus de la grippe ? Du point de vue de l'évolution, cela pourrait faire sens, estime le Canadien. Dans un monde où la concurrence masculine est féroce, se coucher serait un moyen de protection. "Rester sur son canapé ou au lit, se faire aider dans les activités du quotidien, pourrait être un comportement qui protège des prédateurs", avance Kyle Sue.

Une perspective amusante qui aurait aussi l'avantage de privilégier le développement des caractères sexuels secondaires ou encore la reproduction.

Sur un plan plus terre à terre, le chercheur canadien plaide en faveur d'une approche plus compatissante. "Peut-être est-il temps d'aménager des espaces où les hommes pourront se remettre de la grippe de manière confortable et sûre, avec des fauteuils inclinables et d'immenses écrans télévisés", suggère Kyle Sue.

Pas sûr que sa demande soit entendue. Mais elle pourrait, du moins, entraîner un changement d'attitude.

La grippe expliquée en vidéo

Vidéo : La grippe expliquée en vidéo

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Source : "The science behind “man flu”", Kyle Sue, BMJ
"Man flu", Urban Dictionary
"The evolution of sex-specific virulence in infectious diseases", Francisco Úbeda et al, Nature Communications
"Estrogenic compounds reduce influenza A virus replication in primary human nasal epithelial cells derived from female, but not male, donors", Jackye Peretz et al, American Journal of Physiology