Publié par Dr Philippe Presles
le 6/09/2001
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8 minutes

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jeune fille en surpoids exercice isolé
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L'obésité est un problème de santé qui, selon l'Organisation mondiale de la santé (OMS), atteint des proportions endémiques dans le monde et représente une menace sérieuse en matière de santé publique.

Obésité : Comprendre

L'obésité se définit comme une surcharge pondérale de 20 % ou plus du poids santé d'une personne.

Il existe une formule mathématique reposant sur la mesure de l'indice de masse corporelle (IMC). Il s'agit de diviser le poids en kilos par la taille en mètre carré (kg/m2).

Un résultat normal varie entre 20 et 25. Entre 25 et 30 on parle de surpoids et au-delà de 30, d’obésité.

Dès 27, l'excès de poids est associé à des symptômes variés ainsi qu'à une augmentation de diverses maladies et de la mortalité.

Il existe deux types d'obésité :

  • Obésité androïde L'obésité androïde se caractérise par une répartition des tissus graisseux dans la partie supérieure du corps, au-dessus du nombril. Ce type d’obésité s'accompagne presque toujours de maladies graves, telles que le diabète et les maladies cardiovasculaires. C’est pourquoi on recommande aujourd’hui, en plus de l’IMC, de mesurer le tour de taille, bon indice de l’obésité abdominale et du syndrome métabolique.
  • Obésité gynoïde L'obésité gynoïde, quant à elle, est caractérisée par une répartition adipeuse dans la partie inférieure du corps et elle entraîne moins de complications.

Il existe aussi des formes d'obésité mixtes, où androïde et gynoïde se confondent.

Les deux types d'obésité s'accompagnent, en général, des symptômes suivants :

  • fatigue, perte d'énergie ;
  • somnolence ;
  • essoufflements ;
  • problèmes articulaires, comme l'arthrose, la douleur au dos et au genou ;
  • faim et soif accentuées et urines plus fréquentes, quand l'obésité est associée au diabète.

Obésité : Causes

L'obésité est une maladie complexe pour laquelle intervient toute une série de facteurs.

Il est encore difficile d'établir de façon claire et précise ce qui en est à l'origine.

Hérédité

Dans 25 % des cas, on sait que l'obésité est de nature héréditaire. Si l'un des deux parents est obèse, l'enfant a un risque sur deux de souffrir d'obésité. Si les deux parents le sont, ce taux monte à 80 %, mais il ne dépasse pas 10 % si les deux parents ont un poids normal.

Troubles métaboliques

Dans plusieurs cas, l'obésité est causée par une augmentation du taux d'insuline dans le sang (hyperinsulinimie). En produisant trop d'insuline, le corps diminue sa production de chaleur (thermogenèse). Le résultat est qu'au lieu d'être transformés en chaleur par les muscles, les aliments consommés deviennent des graisses. C'est pourquoi certains individus peuvent consommer des repas très caloriques sans prendre de poids, alors que d'autres grossissent en absorbant la même quantité.

Mauvaises habitudes alimentaires et inactivité

L'excès de poids peut aussi être causé par un déséquilibre entre l'absorption de calories et leur utilisation. Afin d'éviter de prendre du poids, il est essentiel de maintenir un équilibre entre l'apport énergétique et la dépense d'énergie. Pour conserver un poids idéal, on devrait consommer en moyenne entre 1.800 et 2.000 calories par jour et pratiquer une activité physique de façon régulière.

Ralentissement métabolique

Certains facteurs contribuent à ralentir le métabolisme, ce qui favorise le stockage des graisses. Les régimes amaigrissants trop stricts, le vieillissement, les perturbations hormonales causées par la ménopause ou l'arrêt du tabac sont parmi ces facteurs. Une personne qui cesse de fumer voit, par exemple, son métabolisme ralentir de 7 %.

Troubles psychologiques

Une dépression par exemple peut entraîner un gain pondéral important par un abus de nourriture si la personne présente déjà une prédisposition à souffrir d'obésité.

Certains médicaments

L'hormonothérapie, certains médicaments pour traiter l'arthrite, la dépression, l'anxiété, la schizophrénie et de façon générale, les médicaments qui affectent l'humeur et les émotions, peuvent entraîner un gain de poids.

Certaines maladies

Un mauvais fonctionnement de la glande thyroïde et le diabète, par exemple, sont souvent associés à l'obésité.

Obésité : Conseils pratiques

Proscrire les régimes amaigrissants soi-disant miracles

Les seuls régimes qui soient vraiment efficaces doivent contribuer à faire perdre de la graisse. Or, la plupart des régimes font aussi perdre du muscle et de l'eau.

Si un régime fait perdre plus d'un kilo par semaine, c'est que l’on perd aussi des muscles et de l'eau. Aucun régime ne peut parvenir à faire perdre plus d'un kilo de graisse par semaine. Vous devez aussi proscrire les régimes amaigrissants qui excluent l'un des trois nutriments essentiels : glucides, protides et lipides.

Enfin, attention à l’effet yoyo inhérent à ces régimes amaigrissants : globalement, plus ils font perdre du poids rapidement, plus le risque de reprendre le poids perdu est important, voire un peu plus, ce qui accentue l’obésité à chaque étape.

Surveiller l'alimentation

Évitez les aliments gras et/ou sucrés tels que les pâtisseries, les viandes grasses et les charcuteries. Même les jus de fruits naturels (dans lesquels les fibres sont enlevées) sont à consommer avec modération puisqu'ils contiennent beaucoup de sucre et qu’ils sont donc très caloriques (vous ne mangeriez pas cinq oranges au petit déjeuner, vous le faites pourtant en buvant un seul verre de jus).

Privilégiez les fruits et les légumes frais, les céréales complètes, les pâtes et les féculents sans matière grasse ajoutée, les viandes blanches et le poisson.

Avoir de bonnes habitudes alimentaires

Ne négligez pas le petit déjeuner. Prenez vos repas à heures fixes, dans une ambiance calme et détendue et jamais devant la télé ou l’ordinateur. Prenez le temps de mâcher longuement chaque bouchée, ce qui facilite le signal de satiété. Ne vous resservez pas. Diminuez les portions (si nécessaire, mangez dans de petites assiettes).

Le premier élément d'un régime amaigrissant est la régularité des repas. Si nécessaire, prévoyez des collations pendant la journée afin d'éviter les fluctuations du taux de sucre dans le sang (idéalement un fruit). Outre ces collations organisées, ne grignotez pas entre les repas.

Les personnes obèses doivent s'abstenir de manger avant de se coucher pour éviter les régurgitations.

Manger des fibres

Veillez à manger 5 portions de fruits et légumes par jour. Vous allez ainsi vous sentir rassasié. En plus de ne pas faire grossir (les fibres ne sont pas absorbées par l'organisme), elles permettent d'atteindre la satiété rapidement. On trouve des fibres dans les céréales, le son (de loin le plus riche en fibres), les légumineuses, les légumes et les fruits.

Éviter l'alcool et les boissons sucrées

Évitez de boire de l’alcool, y compris du vin en raison de sa haute teneur en calories et de son effet stimulant sur l'appétit. De plus, l'alcool diminue la volonté de perdre du poids. Proscrire les boissons sucrées dont les sodas est indispensable : elles sont aussi hautement caloriques et contribuent directement à la prise de poids. Elles sont considérées comme des « calories vides », c’est-à-dire qu’outre du sucre et des calories, elles n’apportent aucun autre élément essentiel et ne sont pas comptabilisées comme telles par l’organisme. Buvez de l'eau !

Être actif

Le nombre de personnes obèses a augmenté de façon exponentielle à cause de la sédentarité. La marche constitue la meilleure forme d'exercice et une heure de promenade par jour suffit. Si vous le pouvez, ajoutez une autre activité dans votre journée, comme la natation ou le vélo. Même 10 minutes de ces exercices chaque jour sont suffisantes, en complément d’une alimentation équilibrée, pour stabiliser ou perdre du poids.

Suivre l’évolution de son IMC

Une fois par semaine, reportez votre poids sur un graphique qui montre le poids initial et le poids désiré. Vous pouvez ainsi visualiser vos progrès et c'est un excellent élément de motivation.

Obésité : Quand consulter ?

  • Vous remarquez qu’un surpoids s'installe.
  • Votre gain de poids s'accentue et vous n'arrivez plus à le maîtriser.

Obésité : Examens

  • Le médecin procède d'abord à un bilan de santé complet. Il vérifie ensuite, par des tests spécifiques, l'état de la surcharge pondérale du patient (vérification de l'indice de masse corporelle, tour de taille, etc.).
  • Des tests sanguins sont, par la suite, réalisés afin de vérifier la présence de maladies associées à l'obésité (diabète, hypercholestérolémie, etc.).
  • Le médecin s'assure enfin de bien renseigner le patient sur la maladie, sur la qualité et la nature des soins qui seront dispensés, sans oublier de souligner l'importance de sa collaboration.

Obésité : Traitement

Le seul moyen de traiter efficacement l'obésité est d'établir un déficit calorique, c'est-à-dire de faire en sorte que le patient dépense plus d'énergie qu'il n'en consomme.

Il s’agit d’un régime alimentaire dont l’objectif est de perdre progressivement du poids de sorte que le patient réapprend en même temps à bien manger. C’est la seule façon de perdre du poids durablement et à condition d’établir avec le patient des objectifs de réduction pondérale réalistes (de 5 % à 15 % par rapport au poids initial). Il s’agit donc d’une approche basée sur le principe de l’éducation thérapeutique.

Outre des conseils diététiques, le patient bénéficie d’un encadrement pour la pratique d’une activité physique et d’un soutien psychologique.

Être attentif à l’amélioration du bien-être, de l’estime de soi et de l’intégration sociale du patient fait partie intégrante de la prise en charge.

Le discours ne doit pas être culpabilisant, mais encourageant, car les modifications de comportement obtenues via l’alimentation et l’activité physique doivent être maintenues sur le long terme, objectif essentiel pour la santé du patient.

Parallèlement, les autres pathologies sont prises en charge : diabète, hypertension, troubles articulaires, etc.

C’est seulement en cas d’échec ou de récidive et d’obésité grave que l’on peut envisager une chirurgie de l’obésité ou chirurgie bariatrique.

Il existe deux grands types d’intervention : celles basées uniquement sur la restriction gastrique comme la pose d’un anneau gastrique ou la gastroplastie et celles impliquant une malabsorption intestinale, appelé bypass ou dérivation biliopancréatique.

Ces interventions nécessitent ensuite une surveillance très rapprochée en raison des risques d’effets secondaires et de complications.

Sources

Guide familial des maladies publié sous la direction du Dr André H. Dandavino - Copyright Rogers Média, 2001. Haute autorité de santé (HAS), prise en charge de l’obésité. HAS, « Obésité : prise en charge chirurgicale chez l’adulte », janvier 2009.