Et si mon enfant était surdoué ?

Publié par Marion Garteiser
le 11/05/2015
Maj le
4 minutes
nouvelle vision l'accent étant mis sur l'échiquier avec deux pions au milieu tandis que l'arrière-plan ayant une fille intelligente créative regardant l'échiquier sous un angle différent
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Surdoué comme on le dit encore, ou précoce. Le terme officiel est « à hauts potentiels ». Quel que soit le nom qu’on leur donne, à peu près 2% de la population a une intelligence quantitativement et qualitativement (ou fort) différente de celle des autres, qui s’accompagne d’un mode de pensée bien spécifique. Comment repérer un enfant surdoué ?

Quels sont les premiers signes ?

Les premiers signes peuvent être repérés extrêmement tôt : les bébés tiennent leur tête plus tôt que les autres et savent fixer leur regard. En grandissant, un enfant surdoué va souvent se retrouver en décalage par rapport à ses pairs. Il est curieux, pose énormément de questions et veut aller au fond des choses ; il retient et manipule l’information. Il ne parle pas forcément avant les autres, mais quand il y parvient sa syntaxe est nettement meilleure.

L’enfant surdoué apprend à lire très vite, parfois sans être stimulé par un adulte. Son intelligence est intuitive et déductive, il parvient tout seul à comprendre les règles de la lecture. Il intègre les informations nouvelles extrêmement rapidement, au bout d’une ou deux répétitions. Et chaque idée donne naissance à un tas d’autres : c’est ce qu’on appelle la pensée en arborescence, très typique chez l'enfant surdoué.

Enfant surdoué : pas seulement une question d’intelligence…

Jusque là, tout va bien. Mais les caractéristiques des enfants surdoué ne s’arrêtent pas à leur vive intelligence. Leur sensibilité est également très prononcée, explique Carine Doutreloux, co-fondatrice de l’ASBL EHP-Belgique. « Ils ont un sens très prononcé de l’éthique et de l’esthétique, une grande lucidité par rapport au monde et une très grande exigence de justice. Comme leur maturité émotionnelle n’est pas supérieure à celle des autres enfants de leur âge, cela peut être déstabilisant pour eux et pour leur entourage. » Intellectuellement avancés, avec un mode de réflexion qui n’appartient qu’à eux et des centres d’intérêt qui ne sont « pas de leur âge », les enfants surdoués ont parfois aussi du mal à trouver des amis.

Quand cela se manifeste par des difficultés

D’un point de vue scolaire, les profils des enfants surdoués sont des paradoxes. Comprenant beaucoup de nouvelles notions dès le début de la leçon, ils restituent la matière en obtenant généralement de bonnes notes, mais en réalité ils s’ennuient rapidement. Leurs réactions face à cela varie bien sûr selon les personnalités et les parcours, et peuvent aller d’un enfant chahuteur qui dérange tout le monde à un autre qui s’enferme dans son monde et n’ouvre pas la bouche du matin au soir.

Il arrive aussi que le premier signe visible soit… l’échec scolaire. « Sa compréhension rapide et sa capacité de mémorisation l’amènent à réussir facilement les matières en primaires. Il est rarement confronté à la difficulté, encore moins à l’échec et quand les choses deviennent plus difficiles à gérer, en secondaire ou plus tard, il est complètement démuni. Il n’a aucune méthode, aucun outil pour travailler… et aucun moyen de protéger sa confiance en lui en cas d’échec. Cela entraîne des situations parfois extrêmement douloureuses. »

Comment identifier un enfant surdoué ?

Si vous pensez que votre enfant pourrait avoir ce profil, il est assez simple de le vérifier. Il existe en effet des bilans cognitifs qui permettent de faire le point sur les différentes aptitudes intellectuelles essentielles aux processus d’apprentissage. Ce type de bilan, pratiqué par un professionnel averti, pourra révéler les domaines dans lesquels il ou elle est particulièrement performant… ou pas. Un bilan qui n’impose pas de tout bouleverser, mais qui peut être précieux, explique Carine Doutreloux. « Bien accompagner un enfant surdoué ne demande pas de compétence particulières, c’est avant tout une question de bon sens. Mais si les parents ne savent pas comment réfléchit leur enfant, ce sera forcément plus difficile. C’est pour cela qu’à mes yeux, il est utile de faire un bilan chez un enfant qui va bien, mais chez qui les parents ou l’instituteur/trice ont repéré des capacités inhabituelles. Inutile d’attendre la crise pour s’intéresser aux solutions possibles – quand un moteur ne tourne pas rond, on n’attend pas d’être en panne au bord de l’autoroute pour appeler le garagiste ! »

Sources

Carine Doutreloux, ASBL EHP-Belgique.
Sophie Côte, Dr Ladislas Kiss, « L’épanouissement de l’enfant doué », éd. Albin Michel.

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