Espoir déçu : l'hormone de croissance ne rajeunit pas !

Dans la quête de l'éternelle jeunesse, l'hormone de croissance occupe une place majeure. Mais l'engouement pour cette molécule ne répond pas aux attentes. Preuves à l'appui.

Cette molécule est très prisée Outre-Atlantique, mais également en Europe, dans la folle course au rajeunissement. Certaines « officines anti-âge » n'hésitent pas à proposer cet élixir aux adeptes seniors des thérapies hormonales. A des prix exorbitants, on peut aussi aujourd'hui s'en procurer sur Internet, sous diverses formes (injectable, orale, nasale), le tout, sans la preuve de son efficacité.

Cette hormone, dont les taux chutent en moyenne de 10% tous les dix ans à partir de l'âge de 20 ans, a initié son succès au début des années quatre-vingt-dix. En effet, à cette époque, les résultats d'une étude montrant de surprenants effets ont été publiés. Douze hommes âgés de 61 à 81 ans, traités durant 6 mois par l'hormone de croissance, ont retrouvé une forme physique étonnante, sans pratiquer ni régime ni exercice physique, avec notamment une augmentation de la masse maigre, une baisse de la masse grasse et une amélioration de la densité osseuse au niveau des vertèbres lombaires. Mais en revanche, leur pression artérielle et leur glycémie ont subi une hausse importante, guère recommandée dans cette tranche d'âges.

Depuis, sachant que l'hormone de croissance modifie la répartition des masses maigres et grasses, les chercheurs tentent de démontrer, sans succès, une amélioration de la force musculaire. En effet, si cette substance modifie favorablement la silhouette, elle n'entraîne pas d'augmentation des performances physiques.Ce constat est aujourd'hui confirmé par les résultats d'une analyse ayant comparé les mérites respectifs d'un entraînement physique progressif de 14 semaines, associé ou non à un traitement hormonal. Chez ces 18 seniors de 65 à 82 ans, l'hormone de croissance n'a en rien amélioré leur force musculaire. En revanche, les effets bénéfiques de l'exercice physique sur leurs performances sont certains, et bien moins coûteux !

En attendant, certaines personnes utilisent ce traitement « de confort », tandis qu'on en ignore les effets secondaires. Des risques de cancérisation sont plausibles avec une telle stimulation hormonale. On sait par exemple, sans en prouver la causalité, que le risque d'être atteint d'un cancer de la prostate est multiplié par 4,3 chez les hommes qui présentent un taux sanguin en hormones de croissance supérieur d'un quart à la normale, par rapport à ceux se situant dans le quart inférieur. Des données qui laissent à réfléchir et qui incitent à la prudence.

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Source : Lee Vance M. et coll., New England Journal of Medicine, 27 février 2003.