Epilepsie : avis de tempête dans le cerveau

Publié par Marion Garteiser
le 18/11/2013
Maj le
4 minutes
Autre
L’épilepsie ? Elle fait peur, mais on la connaît mal. Elle est pourtant le trouble neurologique chronique le plus fréquent après la migraine…Qu’est-ce qui se passe dans un cerveau épileptique ? Quelles sont les conséquences et les solutions ? Faisons le point sur l'épilepsie.

Epilepsie : tempête sous un crâne

On peut décrire une crise d’épilepsie comme une grande tempête dans les neurones, les cellules nerveuses du cerveau.

En temps normal, ceux-ci communiquent entre eux en s’échangeant des molécules (les neurotransmetteurs) et de toute petites décharges électriques.

Pendant une crise, un groupe de neurones a une activité anormale et trop intense. Tous les neurones se déchargent en même temps et il y a entre eux trop de neurotransmetteurs, et une activité électrique excessive. On dit que ces neurones deviennent hypersynchrones.

En dehors des crises, le cerveau fonctionne normalement. Il arrive que l’épilepsie entraîne des troubles cognitifs, comme des problèmes de mémoire, mais ce n’est pas la règle.

L’épilepsie : 5 à 600 000 personnes en France

L’épilepsie est la maladie neurologique la plus fréquente après la migraine. Elle touche un peu moins de 1% de la population générale d’après La Ligue française contre l'épilepsie, soit 5 à 600.000 personnes en France.

Parmi ces victimes, les deux tiers ont une épilepsie bien contrôlée par les médicaments, où les crises deviennent très rares et n’ont pas d’influence sur leur vie quotidienne. Le tiers restant est atteint par une épilepsie dite réfractaire, qui cause plus d’une crise par an (cela peut aller jusqu’à plusieurs crises par jour) malgré le traitement.

L’épilepsie peut se déclarer à tout âge.

Chez les enfants, dans plus de la moitié des cas, elle finit par disparaître d’elle-même avec le développement du cerveau.

L’épilepsie ou les épilepsies ?

Une crise d’épilepsie peut être un événement tout à fait isolé, causé par quelque chose de bien défini, comme le sevrage alcoolique ou une hypoglycémie par exemple. On ne parle de maladie épileptique que quand le patient fait des crises à répétition.

Il y a deux grandes catégories de crises :

  • Crises partielles, dites aussi focales

    Seul un groupe bien défini de neurones fait l’objet de la crise.

    Selon la fonction des neurones en question, la crise peut se manifester par des secousses d’un membre, des sensations anormales (odeurs ou sons par exemple), la répétition d’un mot ou d’un son quand ce sont les zones du langage qui sont touchées, etc.

  • Crises généralisées

    Les neurones touchés sont répartis partout dans le cerveau.

    La crise entraîne alors une perte de conscience, qui peut être accompagnée par des convulsions très spectaculaires ou se présenter simplement comme une absence de quelques secondes.

Attention, cette division n’est pas aussi nette chez les patients que sur le papier.

  • Souvent, une crise focale devient généralisée après quelques secondes.
  • Dans certains cas, un même patient peut avoir les deux types de crises.
  • Et certaines personnes ont des crises focales complexes, qui ne concernent qu’une zone du cerveau, mais entraînent tout de même une perte de conscience.

Quelles causes à l’épilepsie ?

On distingue généralement trois grands types de causes à l'épilepsie :

  • La génétique

    On n’a pas encore isolé beaucoup de gènes qui prédisposent à l’épilepsie, mais il est certain que certaines formes sont héréditaires.

  • Une maladie

    Certaines maladies métaboliques ou inflammatoires du cerveau entraînent des épilepsies.

  • Une ou des lésions

    C’est la cause la plus fréquente.

    Suite à une hémorragie, un accident vasculaire cérébral, un traumatisme ou autres, le cerveau se répare.

    Mais des lésions demeurent, comme des cicatrices parmi les neurones, qui fonctionnent moins bien et peuvent entrer en crise.

La plupart du temps, les lésions déclencheront des crises focales (seuls les neurones lésés entrent en crise) alors que les facteurs génétiques et les maladies entraînent plutôt des crises généralisées.

Epilepsie : quelles solutions ?

Il existe une vingtaine de médicaments qui peuvent traiter l’épilepsie.

Selon le type de crise et les facteurs en cause, le neurologue choisira le plus approprié, quitte à remettre en question son choix ou le dosage si les crises ne disparaissent pas tout de suite.

Quand l’épilepsie est réfractaire, la chirurgie est parfois une réponse.

On retire du cerveau les neurones qui entrent en crise, et la maladie prend fin. Ces opérations sont cependant délicates, et ne peuvent être proposées qu’à certains patients. Si les neurones à retirer sont dans une zone très importante du cerveau, le risque de séquelles est trop important.

Comment gérer la vie au quotidien ?

Les patients dont l’épilepsie est tout à fait maîtrisée peuvent l’oublier complètement, il leur suffit de penser à prendre leurs médicaments.

Si ce n’est pas le cas, les patients doivent éviter tout ce qui favorise les crises, à commencer par l’alcool et le manque de sommeil.

Par ailleurs, certaines activités sont à éviter :

  • La plongée, l’alpinisme ou le saut en parachute à cause des conséquences potentielles d’une crise pendant la pratique.

  • La conduite automobile est interdite si l’épilepsie n’est pas maîtrisée, en raison des risques d’accident.

Sources

Dr Pascal Vrielynck, épileptologue au Centre neurologique William Lennox. « Comprendre et traiter l’épilepsie », éd. ViVio.

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