Les enfants et l'argent de poche
Des ados un peu trop... " chers "
Il apparaît très tôt que le rapport de l'enfant à l'argent dépend de la conduite des parents en la matière. Si, dans la petite enfance, les courses du samedi donnaient systématiquement lieu à un cadeau, il peut s'avérer difficile, pour l'enfant qui grandit, de changer de cap et de « gérer » un budget. Véronique Caillard, psychologue, a rencontré beaucoup de ces enfants qui disposent d'une « bourse déliée » dans les finances parentales. « Il ne s'agit pas forcément de familles fortunées et, derrière cette prodigalité, il y a souvent une volonté de combler un manque, affectif ou non. Certes, la socialisation de l'adolescent passe en partie par les sorties, le look, le portable… Mais parfois, on dirait que des parents tentent de prendre une assurance sur l'avenir : ils paient pour éviter que leurs enfants ne soient tentés de s'endetter ou de « trafiquer »… on les achète presque ! »
Une notion perturbée
Il faut reconnaître que le jeu de la consommation « adolescente » n'aide guère les parents. Les ados aiment dépenser et l'argent est une valeur en pleine confusion. « La notion de mérite face à l'argent est perturbée, poursuit Véronique Caillard. Il ne s'agit pas de jeter la pierre à des parents parfois « paumés », mais promettre des euros contre des bonnes notes n'est jamais bon. Cette peur de frustrer son enfant ! Certains parents arrivent malgré tout à garder le cap, mais cela vire souvent à la bagarre ! »
D'âpres négociations
Que faire alors ? Aucune réponse ne paraît s'imposer puisqu'elle dépend de l'environnement de l'enfant. Corinne, maman de deux jeunes ados, leur a proposé un contrat qui semble fonctionner : une somme raisonnable allouée mensuellement à chacun, en fonction de leur âge. L'aîné, 13 ans, a obtenu son portable pour son anniversaire. Mais tout dépassement de forfait est non négociable. « Je rame, avouons-le, confie Corinne. Je m'en sors en calculant juste le rapport quantité/prix de leurs sorties. Et l'air de rien, je sollicite mes parents pour leur offrir des « extras » juste avant que les revendications n'émergent . Du coup, à 35 ans, c'est moi qui court après l'argent de poche auprès de mes parents » L'argent de poche : une coutume familiale intergénérationnelle à gérer décidément avec beaucoup de prudence !