Elle meurt après que son cancer ait été pris pour le COVID-19

Beth Pattison “n’est pas une victime du COVID-19, elle est une victime des circonstances provoquées par le COVID-19”, estime sa famille. Et en effet, si le coronavirus n’était pas dans les esprits de tous, et en particulier ceux des médecins, son cancer aurait peut-être été diagnostiqué plus tôt.
Deux médecins ont assuré qu’elle avait le covid-19 et non un cancer
La Britannique, qui avait déjà combattu deux cancers du sein en 2016 et 2017, s’est fortement inquiétée en mars 2020 face à une toux persistante. Craignant le retour de la maladie, elle est allée voir un médecin généraliste. Pour le praticien, il s'agissait d'un symptôme du COVID-19 qui commençait à se propager au Royaume-Uni, et non d'une nouvelle récidive.
Ses symptômes ont persisté. En raison de l’épidémie et du confinement, la jeune femme a eu beaucoup de mal à avoir un rendez-vous avec d’autres professionnels de la santé. Elle a finalement réussi à obtenir une consultation téléphonique avec un oncologiste deux mois plus tard. Encore une fois, elle s’est entendue dire une nouvelle fois que ses troubles ne devaient pas être provoqués par un cancer, mais par le COVID-19. Si le coronavirus fait trembler le monde, cette nouvelle confirmation à soulager Beth Pattison. Néanmoins, ses difficultés respiratoires ont empiré au fil des semaines, et elle a dû être conduite aux urgences.
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L’hôpital a mis une semaine pour envisager un cancer
La maman d’un petit garçon de 5 ans a été admise à l’hôpital le 8 juin pour une pneumonie puisque le test de dépistage pour le coronavirus était revenu négatif. Pendant son hospitalisation, deux autres analyses ont été faites : les résultats restaient toujours négatifs. Il a finalement fallu une semaine supplémentaire pour que les médecins envisagent la piste du cancer pour cette jeune femme pourtant porteuse connue de la mutation du gène BRCA1.
Lorsque les résultats sont revenus le 24 juin, les médecins ont mesuré la gravité de la situation. Le cancer de la patiente, avait récidivé une nouvelle fois. Il touchait cette fois-ci ses ovaires et ses poumons.
Avoir un diagnostic posé n’a pas pu la sauver, malheureusement. Elle est décédée à l’hôpital Freeman de Newcastle le 27 juin après avoir fait un arrêt cardiaque alors que l’équipe médicale tentait de la plonger dans un coma artificiel.
Elle avait survécu à deux cancers du sein
Beth Pattison avait été diagnostiquée avec un cancer du sein, pour la première fois, en mai 2016 alors que son fils n’avait que 3 mois. Les médecins avaient découvert également qu’elle avait la mutation du gène BRCA1. Il a été démontré depuis plusieurs années que les personnes qui l’ont, sont plus vulnérables à un certain nombre de cancers, dont celui du sein. La jeune femme avait alors subi une chimiothérapie, une radiothérapie pour vaincre la maladie. Elle avait ensuite fait une double mastectomie pour s’assurer que la tumeur ne revienne pas. Seulement, en octobre 2017, une nouvelle masse a été découverte sous son bras. La Britannique a aussi vaincu ce cancer puis a rejoint l’association CoppaFeel qui sensibilise les jeunes femmes aux risques de cancer et aux dépistages. Sa famille, qui témoigne sur les soins reçus par la jeune femme dans la page suivante, a décidé de poursuivre sa lutte.
Covid et cancer : sa famille milite pour une meilleure prise en charge des patients

Craig, le père de Beth Pattison, a raconté l’histoire de sa fille à BBC dans l’espoir d’améliorer la prise en charge des patients non-covid pendant l’épidémie. Il a expliqué au média britannique : "s'il y a une chose que Beth peut laisser comme héritage, c'est que les personnes qui ont déjà eu un diagnostic de cancer, sont examinées pour cela, avant que d'autres causes ne soient envisagées”. "Assurons-nous que cette horrible maladie ne revienne pas. Faites-vous dépister maintenant. C'est tout ce que nous demandons", a ajouté l’homme endeuillé.
Les proches de Beth Pattison ne veulent pas se lancer dans une course aux sorcières. “Nous ne cherchons à blâmer aucun professionnel de la santé, car les soins et le soutien qu'elle a reçus pendant quatre ans étaient incomparables et nous pensons que ce que le NHS (système de santé britannique) a fait, en particulier depuis mars, lorsque la pandémie est apparue, a été superbe” assurent-ils. Pour eux, "Beth n'a pas été victime de Covid, elle a été victime des circonstances causées par Covid."
Si l’épidémie de COVID a, en effet, perturbé la prise en charge et le traitement de certains patients - comme le montre l’exemple dramatique de cette Britannique - la peur du coronavirus ne doit pas faire renoncer aux dépistages et aux soins.
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L’institut National du Cancer indique sur son site : "Toutes les précautions nécessaires sont prises pour protéger les patients indemnes du risque de contamination qui doivent venir à l’hôpital ou au cabinet médical pour une consultation, un traitement ou une intervention. Des filières de soins se sont organisées et des mesures de prévention s’appliquent (généralement dès l’entrée) dans l’hôpital pour tous, afin de garantir que les cas suspects ou confirmés de contamination à COVID-19 ne soient pas traités dans les mêmes lieux et en même temps que les autres".
Cancer du poumon : êtes-vous à risque ?

Le cancer du poumon est provoqué par un développement anarchique de cellules anormales au niveau des bronches. Environ 40 000 nouveaux cas sont diagnostiqués chaque année. Il s’agit du second cancer les plus fréquents chez les hommes derrière le cancer de la prostate, et le 3ᵉ chez les femmes (derrière le cancer du sein et le cancer colorectal).
Cette forme est l’une des plus meurtrières, car elle a la capacité de provoquer des métastases via le flux sanguin.
Le tabagisme (actif ou passif) est le principal facteur de risque. Il est responsable de 8 cancers des poumons sur 10. Toutefois, deux autres éléments peuvent être vous mettre à risque :
- l’exposition professionnelle à des produits cancérogènes comme l’amiante, le radon, le chrome, ou les vapeurs de fours à gaz ;
- consommer de faibles quantités de fruits et de légumes.
Outre les fumeurs, les personnes ayant une prédisposition génétique au cancer, et les patients atteints d’une maladie pulmonaire chronique, comme la sclérodermie, ou la fibrose (séquelle d’une pneumonie ou de la tuberculose) doivent aussi se montrer prudents.
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Les principaux symptômes d’un cancer du poumon :
- une toux persistante ou s’aggrave ;
- l’apparition d’une respiration sifflante ou d’un essoufflement ;
- une douleur thoracique, continue qui s’amplifie lors d’une toux ou une inspiration profonde ;
- des crachats sanglants ;
- une voix enrouée persistant plus de 3 semaines ;
- des bronchites ou pneumonies à répétition ;
- une perte de poids et d’appétit inexpliquée ;
- une fatigue chronique ;
- des maux de tête ;
- des douleurs osseuses.
Sources
Mum's cancer missed as suspected coronavirus, BBC, 5 août 2020