Dysmorphophobie : quand la laideur, c'est dans la tête !
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Comment aider une personne dysmorphophobique ?

A partir du moment où il existe une souffrance obsessionnelle, même légère, cela justifie de consulter un spécialiste, ne serait-ce qu’une seule fois. Il faut avant tout que la personne ait envie de guérir de ses troubles alimentaires (dans le cas d’une dysmorphophobie avec troubles de la conduite alimentaire) et ne soit pas, là encore, perfectionniste en acceptant une thérapie sur la durée. La plupart du temps il n’y a rien à corriger sur le plan nutritionnel. Ces femmes sont normo-pondérales et de toutes les façons n’accepteront aucun conseil.

  • Sur le versant psychologique, le médecin doit établir une relation de confiance afin de les amener à parler de croyances qu’elles n’ont jamais avouées tellement elle se sentent honteuses. Ce sont des représentations fantasmatiques chez des personnes instruites comme l’impression qu’elles grossissent automatiquement de 1kg après avoir mangé une barre de céréales de 50g. C’est « plus fort qu’elles ». A part dans le cas de la dysmorphophobie psychotique (délirante, sentir qu'on a le corps d'un ange par exemple), il persiste toujours chez ces femmes une petite allusion à la réalité par exemple : « Je sais bien que ça n’est pas vrai/normal , même si je me sens quand même grosse... ». Celles qui n’ont pas ce lien avec la réalité tombent très vite dans l’anorexie grave.
  • Comme aucun argument pour leur ouvrir les yeux n’y fera, du moins dans un premier temps, le médecin/psychologue joue sur les perceptions immédiates qu’elles ont d’elles-mêmes à partir de photos, en exploitant les failles de leur raisonnement. Comme par exemple comparer leur corps à la personne située à coté sur la photo, aller même jusqu'à mesurer un tour de taille sur l’image.
  • Le médecin va aussi travailler sur un comportement boulimique ou anorexique installé, parfois engendré par une dysmorphophobie sévère. Le soignant confronte alors la perception de la personne à la réalité et tente de trouver les causes, toujours multiples, des troubles du comportement alimentaire.

Jean Michel Huet : « Quant à l’entourage, son rôle se borne à essayer d'amener la personne qui présente des signes de dysmorphophobie à consulter. La famille ou les amis ne doivent pas chercher à convaincre par le rationnel ou la raison, mais seulement pointer qu'il existe une souffrance et qu’un avis neutre et compétent est nécessaire ».

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Source : (1) Diagnostic and statistical manual of mental disorders (DSM V) et dixième classification internationale des troubles mentaux (CIM 10)
D’après un entretien avec Jean Michel Huet, psychologue, psychanalyste et sexologue, spécialiste des troubles alimentaires (Paris), correspondant de divers services hospitaliers spécialisés en Nutrition.